Aller au contenu

Les femmes titulaires certificats de métiers faiblement rémunérés

Rapport de perspectives de l’IMT n° 41

Avril 2021

Accueil > Perspectives de l’IMT > Rapport de perspective de l’IMT…

Table des matières

Principaux constats

  • Les femmes comptent pour moins de 10% de l’ensemble des compagnons certifiés dans un métier Sceau rouge au Canada et elles sont concentrées majoritairement dans trois métiers : coiffeuse, cuisinière et boulangère-pâtissière. 
  • Les compagnes titulaires d’un certificat Sceau rouge gagnent invariablement moins que leurs homologues masculins dans toutes les grandes catégories de métiers.  
  • Dans les trois métiers principaux qui regroupent plus de 80% des compagnes, les femmes gagnent moins que les hommes au départ et cet écart de rémunération s’accroît avec le temps : 
    • Parmi les titulaires de certificat de coiffeur/coiffeuse, les femmes gagnent en moyenne 23 300 $ la première année suivant leur certification, soit 86% des revenus de leurs homologues masculins. Huit ans plus tard, les coiffeuses certifiées touchent 76% de ce que gagnent leurs collègues masculins. 
    • Parmi les titulaires de certificat de cuisinier/cuisinière, les femmes gagnent en moyenne 34 600 $ la première année suivant leur certification, soit 87% des revenus de leurs homologues masculins. Huit ans plus tard, les cuisinières certifiées touchent 77% de ce que gagnent leurs collègues masculins. 
    • Parmi les titulaires de certificat de boulanger-pâtissier/boulangère-pâtissière, les femmes gagnent en moyenne 34 700 $ la première année suivant leur certification, soit 85% des revenus de leurs collègues masculins. Huit ans plus tard, les boulangères-pâtissières certifiées touchent 70% de ce que gagnent leurs collègues masculins.
  • Une des principales limites des données est que, même si nous avons relevé les revenus annuels des titulaires de certificats de métier, nous ignorons dans quelle profession ces personnes travaillent et nous sommes incapables de déterminer les heures travaillées. Dans certains cas, les compagnes et compagnons peuvent œuvrer dans des domaines ou des secteurs différents de leur métier.

Les femmes surreprésentées dans les métiers les moins rémunérés

Notre analyse des revenus dans les grandes catégories de métiers montre que les compagnes gagnent systématiquement moins que leurs homologues masculins. Dans l’ensemble, les femmes touchent 46% de ce que les hommes gagnent huit ans après leur certification dans un métier Sceau rouge. Toutefois, cet écart est surtout attribuable à la surreprésentation des femmes dans les métiers moins bien rémunérés. Parmi les titulaires de certificats de métiers Sceau rouge, seulement 8,8% sont des femmes, dont plus de 80% sont des coiffeuses, des cuisinières et des boulangères-pâtissières. Puisque les femmes ne représentent qu’une faible proportion de la plupart des titulaires de certificats de métier, les données sur les revenus ne sont pas disponibles par sexe au-delà de ces trois métiers. 

Tandis que les coiffeurs/coiffeuses, cuisiniers/cuisinières et boulangers-pâtissiers/boulangères-pâtissières sont parmi les moins rémunérés, les hommes gagnent plus que les femmes dans chacun de ces métiers et l’écart de rémunération grandit avec le temps. Durant la première année après la certification dans un métier Sceau rouge, les coiffeuses, les cuisinières et les boulangères-pâtissières gagnent 86%, 87% et 85% des revenus de leurs homologues masculins. Ces différences augmentent de 10à 15points de pourcentage au fil du temps. Huit ans après leur certification, les coiffeuses gagnent 76% des revenus des coiffeurs; les cuisinières gagnent 77% de ceux des cuisiniers et les boulangères-pâtissières, 70% de ceux des boulangers-pâtissiers. 

Cette analyse complète notre récent rapport conjoint avec l’Initiative de recherche sur les politiques de l’éducation (IRPE) (en anglais seulement) en ciblant les revenus des femmes des métiers et les différences de revenus entre les femmes et les hommes au fil des ans après leur certification. Notre analyse se concentre sur les personnes qui ont obtenu leur certificat de métier en 2009, dont nous suivons les revenus annuels pendant huit ans, de 2010 à 2017, à l’aide des données de la Plateforme longitudinale entre l’éducation et le marché du travail (PLEMT) (voir l’encadré1).

Encadré1 : Qu’est-ce que la Plateforme longitudinale entre l’éducation et le marché du travail?

Conçue par Statistique Canada et Emploi et Développement social Canada, la Plateforme longitudinale entre l’éducation et le marché du travail (PLEMT) est un environnement de données qui fournit des informations sur l’inscription de tous les diplômés collégiaux et universitaires des établissements postsecondaires canadiens financés par l’État par l’entremise du Système d’information sur les étudiants postsecondaires (SIEP), et de tous les titulaires de certificats de métier par l’entremise du Système d’information sur les apprentis inscrits (SIAI). Ces deux plateformes sont liées aux dossiers fiscaux du Fichier des famillesT1 (FFT1), ce qui permet de suivre les revenus annuels des diplômés postsecondaires et des titulaires de certificats de métier. Les revenus comprennent les traitements et salaires d’un employeur, ainsi que les revenus de travail indépendant. La PLEMT ne dispose pas d’informations sur la profession exercée, donc il est possible que les revenus comptabilisés ne proviennent pas strictement des salaires et traitements associés aux métiers. La trajectoire des revenus des diplômés postsecondaires de 2010 a fait l’objet du rapport conjoint CIMT-IRPE Combien gagnent-ils? Les données sont aussi présentées dans notre tableau de bord interactif. Pour en savoir plus, veuillez consulter la page du projet sur la PLEMT.  

Plus de 80 % des compagnes détiennent un certificat de coiffeuse, de cuisinière ou de boulangère-pâtissière

Selon l’Enquête sur la population active, environ 20% (quelque quatre millions) de travailleurs canadiens exercent des métiers spécialisés. D’après les données du SIAI, à peu près 80% de ces travailleurs sont certifiés dans un des 56 métiers Sceau rouge (voir l’encadré2). Cependant, les femmes ne représentent que 8,8% des titulaires d’un certificat de métier Sceau rouge, même si elles composent 48% de la main-d’œuvre canadienne. Ces compagnes sont concentrées dans un petit nombre de métiers Sceau rouge et plus de quatre sur cinq d’entre elles détiennent un certificat de coiffeuse, de cuisinière ou de boulangère-pâtissière. 

Encadré2 : Qui sont les titulaires de certificats de métiers Sceau rouge?

Les métiers Sceau rouge sont régis par des règlements adoptés en vertu des lois sur l’apprentissage des provinces et des territoires ainsi que le Programme du Sceau rouge. Les métiers Sceau rouge ont aussi des normes communes pour évaluer les compétences des gens de métier au Canada. Les titulaires d’un certificat de métier Sceau rouge (dits compagnons ou compagnes) sont répartis en deux groupes: les apprentis, qui obtiennent leur certificat après avoir suivi une formation en classe dans le cadre des programmes Sceau rouge, et les travailleurs qualifiés, qui passent l’examen de certification sans s’inscrire à un programme Sceau rouge.

Dans notre échantillon, qui inclut des individus certifiés dans des métiers Sceau rouge en 2009 et des informations sur leurs revenus ultérieurs1, 32200Canadiens ont obtenu des certificats, dont 2830femmes (8,8%). Nous classons en six catégories les métiers Sceau rouge pour lesquels des données sont disponibles. Selon le tableau 1, 82% des femmes (2320) sont certifiées dans la catégorie des autres métiers. Cela signifie que seulement 18% des femmes décrochent des certificats de métiers Sceau rouge dans une des cinq autrescatégories. 

Au sein de la catégorie des autres métiers, 98% des compagnes (2290 sur 2320) appartiennent à l’un des trois métiers à faibles revenus : coiffeuse, cuisinière ou boulangère-pâtissière. Parmi ces trois métiers, la plupart des femmes sont des coiffeuses certifiées. En fait, plus des deux tiers (69%) des femmes certifiées sont coiffeuses, environ 10 % sont cuisinières et 3% sont boulangères-pâtissières.

 

Tableau1 : Nombre et pourcentage de compagnes certifiées dans les métiers de coiffeuse, cuisinière et boulangère-pâtissière 

  Total (dist.)*  Nombre de femmes  Distribution des femmes
(sur 2 830) 
Ensemble des 56 métiers Sceau rouge  32 200 (100 %) 2 830 100 %
Construction et architecture  6 200 (19 %)  110  3,9 % 
Électronique et électrique  6 430 (20 %)  90  3,2 % 
Mécanique  5 440 (17 %)  70  2,5 % 
Métal  5 280 (16 %)  120  4,2 % 
Véhicule et domaines apparentés  5 450 (17 %)  120  4,2 % 
Autres  3 440 (11 %)  2 320  82,0 % 
    • Coiffeur/coiffeuse 
2 190 (7 %)  1 950  68,9 %  
    • Cuisinier/cuisinière 
860 (3 %)  270  9,5 % 
    • Boulanger-pâtissier/boulangère-pâtissière 
130 (<1 %)  70  2,5 % 
    • Autres métiers** 
260 (<1 %)  30  1,1 % 


* Les nombres sont basés sur notre sélection post-échantillon. Pour en savoir davantage sur nos critères de sélection, veuillez consulter la section 3 du rapport principal. 

** Le reste des autres métiers comprennent : technicien/technicienne en forage (pétrolier et gazier) technicien/technicienne d’entretien d’appareils électroménagers et horticulteur paysagiste/horticultrice-paysagiste. 

Les compagnes gagnent toujours moins que leurs homologues masculins

Nos résultats montrent que huit ans après avoir obtenu leur certificat de métier, les femmes gagnent en moyenne 35 700 $, tandis que les hommes gagnent 77 000 $; cela signifie que dans l’ensemble, les femmes touchent 46% de ce que font les hommes. Cet important écart de rémunération entre les sexes est principalement attribuable à la surreprésentation des femmes dans les métiers moins bien rémunérés. Toutefois, comme nous l’avons noté dans notre rapport principal, les compagnes gagnent toujours moins que leurs homologues masculins dans les six grandes catégories de métiers. Huit ans après leur certification, les femmes des métiers de la catégorie électronique et électrique gagnent 78% des revenus des hommes (44 600 $ contre 57 100 $) et les femmes des métiers de la construction et de l’architecture, 85% de ceux de leurs homologues masculins (72 500 $ contre 85 100 $). C’est dans les métiers de la mécanique que l’écart salarial entre les sexes est le plus faible; les femmes gagnent 89% de ce que font les hommes (74 500 $ contre 84 100 $). Dans la catégorie des autres métiers, où les femmes sont massivement surreprésentées, elles gagnent 54% de ce que touchent les hommes (29 500 $ contre 54 400 $). Il est à noter, cependant, que cette catégorie inclut les techniciens en forage, dont 99% sont des hommes, et qui gagnent de 85 000 $ à 150 000 $ par année.
 

Si l’on considère uniquement les trois métiers comptant une vaste proportion de femmes, les compagnes gagnent également moins que leurs homologues masculins de façon constante. Comme le montre le tableau2, les femmes qui détiennent un certificat de coiffeuse, à prédominance féminine, gagnent en moyenne 23 300 $ la première année suivant leur certification, soit 86% de ce que touchent leurs homologues masculins (26 900 $). Huit ans après la certification, l’écart salarial entre les sexes passe à 76%; les femmes gagnent 27 200 $, soit 76% de ce que font les hommes (35 900 $). 

L’écart de rémunération entre les sexes est encore plus important (en termes absolus) chez les cuisiniers/cuisinières et boulangers-pâtissiers/boulangères-pâtissières. Les cuisinières gagnent en moyenne 34 600 $, soit 87% de ce que font leurs homologues masculins (39 500 $) au cours de la première année suivant leur certification. L’écart de rémunération entre les sexes se creuse aussi au fil des années suivantes. Huit ans après leur certification, les revenus des cuisinières correspondent à 77% de ceux des cuisiniers (40 600 $ contre 53 000 $). 

De même, les boulangères-pâtissières gagnent en moyenne 34 700 $ durant la première année suivant leur certification, soit 85% de ce que touchent leurs homologues masculins (40900 $). L’écart salarial entre les sexes augmente aussi pour devenir le plus important des trois métiers. Huit ans après leur certification, les boulangères-pâtissières gagnent 35 200 $, soit 70% de ce que font les boulangers-pâtissiers (50 600 $). 

 

Tableau2 : Revenus des coiffeurs/coiffeuses, cuisiniers/cuisinières, boulangers-pâtissiers/boulangères-pâtissières 

Métiers Sceau rouge  Années depuis
la certification 
Hommes ($)  Femmes ($)  Différence ($)  Revenus des femmes par rapport à ceux des hommes (%) 
Coiffeur/coiffeuse  Année 1  26 900  23 300  -3 600  86 % 
Année 8  35 900  27 200  -8 700  76 % 
Cuisinier/cuisinière  Année 1  39 500  34 600  -4 900  87 % 
Année 8  53 000  40 600  -12 400  77 % 
Boulanger-pâtissier/boulangère-pâtissière  Année 1  40 900  34 700  -6 200  85 % 
Année 8  50 600  35 200  -15 400  70 % 


*
La part des revenus des femmes est calculée en divisant les revenus des femmes par ceux des hommes. 

La voie à suivre

Dans notre rapport complet sur les revenus des compagnes et compagnons, nous constatons que les compagnes de toutes les grandes catégories de métiers gagnent toujours moins que leurs homologues masculins. Le présent Rapport de perspectives de l’IMT montre que cette tendance se manifeste aussi dans les trois métiers où les femmes sont surreprésentées. Celles qui détiennent un certificat dans les métiers de coiffeuse, de cuisinière et de boulangère-pâtissière touchent des revenus inférieurs à leurs homologues masculins et cet écart de rémunération augmente au fil des huit années suivant la certification. Ces résultats sont conformes à ceux de nos travaux antérieurs exploitant les données de la PLEMT sur les diplômés postsecondaires, qui présentaient un écart croissant entre les revenus des hommes et des femmes dans presque tous les titres de compétence et les domaines d’études 

Il est frappant de constater que l’écart croissant entre les revenus des hommes et des femmes existe à la fois pour les diplômes d’études postsecondaires et les certificats de métiers Sceaurouge dans les domaines à prédominance féminine et masculine. On doit toutefois noter que la PLEMT ne fournit pas d’informations sur la profession exercée ou les heures de travail d’un individu, ce qui veut dire que nous ignorons si les personnes travaillent moins d’heures ou gagnent moins pour le même nombre d’heures de travail. Cet angle mort des données pourrait être résolu à mesure que Statistique Canada ajoute d’autres ensembles de données à la plateforme. 

En tirant parti des données administratives disponibles, le CIMT vise à aider les Canadiens à prendre les décisions les plus éclairées possibles quant aux choix de formation et de scolarité, et à aider les décideurs à formuler les bonnes politiques. Comme nous l’avons mentionné dans notre billet de blogue à propos des métiers spécialisés, des politiques telles que la Subvention incitative aux apprentis pour les femmes peuvent contribuer à réduire l’écart de revenus. 

En outre, bien que les données administratives disponibles soient antérieures aux perturbations massives du marché du travail causées par la pandémie de COVID-19, les revenus des femmes dans les métiers fournissent un contexte essentiel pour comprendre l’effet de cette pandémie sur l’emploi des hommes et des femmes que nous avons exploré dans notre récente publication Les femmes en récession : En quoi la COVID-19 est-elle différente? Au fur et à mesure que nous mènerons de nouvelles recherches, le CIMT continuera de mettre à jour les tableaux de bord des données sur les Revenus des titulaires d’un certificat de métier et les Résultats des étudiants sur le marché du travail. 

Remerciements

Ce Rapport de perspectives de l’IMT a été préparé par Behnoush Amery, à partir du rapport conjoint CIMT-IRPE sur les revenus des compagnes et compagnons des métiers Sceau rouge. Nous tenons à remercier l’IRPE d’avoir dirigé le rapport principal et fourni les données nécessaires au présent rapport. Pour en savoir davantage sur ce Rapport de perspectives et d’autres activités connexes du CIMT, veuillez consulter notre page de projets ou contacter Behnoush Amery, économiste principale, à behnoush.amery@lmic-cimt.ca, ou Tony Bonen, directeur de la recherche, des données et de l’analytique, à tony.bonen@lmic-cimt.ca 

Nous contacter

350 Sparks Street
Suite 604
Ottawa, Ontario K1R 0A4

Veuillez entrer votre nom.
Veuillez entrer un message.
Veuillez vérifier le captcha pour prouver que vous n'êtes pas un robot.
Faire défiler vers le haut