Illustration par Jesseca Buizon pour CIMT.
Principales constatations
- L’essor de la main-d’œuvre à la demande sur plateformes numériques, facilité par les progrès technologiques, a suscité un intérêt accru pour le phénomène du travail à la demande (gig work). Elle a aussi fait naître des inquiétudes concernant, entre autres, les droits des travailleurs et la stabilité du marché du travail.
- Une revue de la recherche actuelle sur la question révèle des incohérences dans les définitions du travail à la demande, qui empêchent de bien comprendre la nature de ce phénomène, de le mesurer et de déterminer son impact sur les travailleurs et la société. Qui plus est, le travail à la demande est souvent confondu avec d’autres termes, tels que travail précaire ou emploi contractuel. Une telle confusion est susceptible d’entraîner des réponses politiques inefficaces, voire néfastes.
- Bien que la notion de travail à la demande puisse être complexe et qu’elle ait très certainement évolué au fil du temps, nous discernons trois modèles communément utilisés pour la décrire :
-
- L’utilisation d’une interface en ligne (c’est-à-dire que le travail est médié par des plateformes numériques)
- La composante légale et contractuelle (c’est-à-dire la relation formelle entre le payeur et le bénéficiaire)
- Les caractéristiques du travail (c’est-à-dire les caractéristiques spécifiques de l’emploi, telles que l’horaire, la rémunération et les tâches)
- Les trois modèles généralement utilisés pour décrire le travail à la demande ne sont pas forcément exclusifs. Ils se chevauchent parfois, brouillant ainsi encore davantage notre compréhension du phénomène.
- À mesure que la recherche, les politiques et les lois relatives au travail à la demande évoluent au Canada et dans le reste du monde, il est essentiel que toutes les parties prenantes disposent de la même information, aient une définition claire du travail à la demande et connaissent les problèmes, le cas échéant, que les décideurs tentent de résoudre à cet égard.
- Statistique Canada élabore actuellement un cadre cohérent qui permettra de collecter de l’information et de définir l’emploi à la demande de manière qui soit en phase avec la Classification internationale du statut au travail. Ce cadre contribuera largement à améliorer notre compréhension du travail à la demande.
Table des matières
Introduction
Au cours de la dernière décennie, le terme « travail à la demande » (« gig work ») s’est largement répandu pour décrire les formes émergentes de travail indépendant. L’incohérence entourant l’utilisation de ce terme a toutefois engendré une certaine confusion quant à sa définition exacte.
Au sens le plus large, il renvoie au travail effectué par des personnes rémunérées par projet, c’est-à-dire payées à la tâche. Il est donc équivalent au travail effectué par des entrepreneurs indépendants.
Dans son interprétation plus limitée, il s’applique au travail effectué par l’intermédiaire d’interfaces en ligne telles qu’Uber, DoorDash, Amazon Mechanical Turk (MTurk) et Gigster.
Toutes les définitions du travail à la demande sont par ailleurs associées à la notion de précarité (voir encadré 1), si bien que les deux termes sont souvent confondus.
Faute d’une définition officiellement acceptée[1], les chercheurs et autres intervenants sont libres de définir le travail à la demande comme ils l’entendent, ce qui influe en fin de compte sur la façon dont il est mesuré et sur la manière dont il doit être encadré (ou non).
Dans ce rapport de perspectives de l’IMT, nous analysons la façon dont le concept a été appréhendé dans diverses publications afin d’apporter plus de clarté sur le sujet et d’élaborer un cadre permettant de comprendre les discussions passées et futures sur le sujet.
Parallèlement, nous constatons que le travail à la demande est souvent défini, seul ou en association, selon trois modèles :
- les interfaces en ligne (c’est-à-dire que le travail est médié par des plateformes numériques).
- la composante légale et contractuelle (c’est-à-dire la relation formelle entre le payeur et le bénéficiaire) et
- les caractéristiques du travail (c’est-à-dire les caractéristiques spécifiques de l’emploi, telles que l’horaire, la rémunération et les tâches).
[1] En mars 2021, le Programme du travail – une composante d'Emploi et Développement social Canada (EDDC) responsable de la protection des droits des travailleurs et des employeurs – a défini le « travail à la demande » dans un document d’information publié pour fins de consultation dans le but de mieux comprendre ce type de travail au Canada Cette définition n'est cependant pas officielle et ne représente pas la position de l'EDDC sur le travail à la demande.
Le travail précaire, ou la précarité, désigne généralement un travail dont les risques sont assumés par l’employé, et non par l’employeur.
Bien qu’il n’existe pas de définition officielle du travail précaire au Canada, l’Organisation internationale du travail (OIT) définit la précarité par des caractéristiques d’emploi représentant un risque, comme une faible rémunération (un salaire égal ou inférieur au seuil de la pauvreté), une continuité d’emploi incertaine ou un risque élevé de perte d’emploi, peu ou pas de choix quant aux conditions de travail (horaire, salaire, etc.) et peu ou pas de mesures de protection de l’emploi garanties par la loi ou par des conventions collectives (absence d’avantages sociaux, de mesures de protection en matière de sécurité sociale, de santé et de sécurité et d’autres mesures de protection généralement associées à un emploi typique).
La précarité peut exister dans n’importe quelle relation de travail, qu’il s’agisse d’un emploi typique, d’un emploi atypique ou d’un travail indépendant.
Par exemple, dans une relation de travail typique (RTT), une personne occupant un emploi permanent à temps plein pourrait avoir un revenu annuel correspondant au seuil de faible revenu. Il s’agit là d’une caractéristique de précarité très claire.
En revanche, suivant la profession, une personne travaillant à temps partiel ou sur appel (emploi atypique) pourrait gagner des dizaines de milliers de dollars. Un tel travailleur pourrait en outre bénéficier d’avantages et de protections similaires à ceux qu’offrent les RTT. Dans ces conditions, il ne serait pas raisonnable de qualifier ce travail de précaire, même s’il est « atypique ».
De plus, les expériences des travailleurs à la demande diffèrent selon qu’ils sont preneurs de prix (par exemple, les chauffeurs Uber) ou décideurs de prix (par exemple, les programmeurs hautement qualifiés). Les preneurs de prix sont plus susceptibles d’être touchés de manière disproportionnée par la précarité, ce qui se reflète dans leurs conditions de travail. Les décideurs politiques doivent tenir compte des différentes réalités des travailleurs à la demande.
Pourquoi un tel e-engouement?
Pour appréhender l’avenir du travail, la technologie est l’une des mégatendances les plus analysées parmi celles ayant une incidence sur le marché du travail actuel. La prédiction de l’impact de l’automatisation accrue des tâches et de l’utilisation de l’intelligence artificielle sur le marché du travail, par exemple, suscite un vif intérêt.
Mais une autre priorité préoccupe les décideurs politiques, les experts du marché du travail et d’autres parties prenantes : l’essor de la main-d’œuvre à la demande sur les plateformes numériques.
La prolifération des téléphones intelligents a ouvert la voie à des applications en ligne qui mettent en relation travailleurs et travail « à la demande ». Ces interfaces numériques permettent aux individus, souvent appelés « travailleurs à la demande », de proposer leurs services et d’être mis en relation avec des clients potentiels.
Considérer que le travail à la demande s’appuie sur une plateforme numérique qui agit à titre d’intermédiaire en fait un phénomène du 21e siècle nécessitant d’être abordé comme tel.
Les travailleurs à la demande n’ont généralement pas accès aux mesures de protection des normes du travail dont bénéficient les travailleurs occupant un emploi plus traditionnel. Ils sont également exposés de manière disproportionnée à différents risques comme une faible rémunération, l’absence d’avantages sociaux et une continuité d’emploi incertaine – des caractéristiques souvent associées à la « précarité » (voir encadré 1).
L’érosion des droits des travailleurs et l’instabilité du marché du travail [1] augmentent à mesure que la proportion d’individus exerçant ce type de travail médié sur les plateformes numériques augmente.
Bien que le travail numérique à la demande n’ait été facilité que récemment par les avancées technologiques, plusieurs de ses caractéristiques existaient déjà auparavant.
Les entrepreneurs indépendants – qui ne sont pas des employés, mais sont engagés pour effectuer un travail donné avec leur propre équipement et selon leurs propres horaires – partagent plusieurs des caractéristiques des travailleurs à la demande sur plateformes numériques.
Les entrepreneurs n’étant pas des employés, ils ne sont pas protégés par la législation sur les normes du travail. Ils assument également les risques d’une continuité de travail incertaine, les congés de maladie et les vacances non payés, etc.
Il n’est donc pas surprenant de trouver de nombreuses occurrences dans la littérature où le travail à la demande est défini en fonction de l’accord contractuel entre le payeur et le bénéficiaire. C’est donc le type de contrat qui détermine si un individu exerce un travail à la demande plutôt que la façon dont le travail est médié (c’est-à-dire en ligne) ou le niveau de risque auquel il s’expose (par exemple, Kostyshyna & Luu, 2019). Dans ce contexte, les réponses politiques doivent se concentrer sur les aspects légaux du travail plutôt que sur la technologie elle-même.
En revanche, d’autres chercheurs mettent l’accent sur la précarité qui caractérise souvent le travail à la demande. Cette approche tient plutôt compte des caractéristiques du travail et non de la façon dont il est médié (c’est-à-dire électroniquement) ou selon quel type de contrat (par exemple, Ziegler, McCallum, Porter et Noshiravani, 2020).
Suivant cette définition, le travail à la demande pourrait tout simplement être considéré comme une reformulation de relations de travail existantes, accéléré par l’essor des plateformes numériques. Des mesures plus globales de lutte contre la précarité, quelle que soit la forme de travail, seront sans doute nécessaires.
[2] L’érosion fait référence au fait que les travailleurs à la demande n’ont souvent pas accès aux conventions collectives (c’est-à-dire à la possibilité de se syndiquer), aux mesures de protection liées à la santé et à la sécurité, aux normes du travail (salaire minimum et congés de maladie) et aux programmes de sécurité sociale (assurance-emploi). Pour plus d'informations, consultez le Document d’information : Travailleurs à la demande et travailleurs sur plateformes numériques et les rapports de Poverty and Employment Precarity in Southern Ontario (PEPSO).
Décortiquer les modèles
Nous avons analysé 40 études canadiennes et internationales afin de dégager les principaux modèles utilisés dans le dialogue sur le travail à la demande.
Ces modèles ne sont pas mutuellement exclusifs; dans de nombreux cas, le travail à la demande est défini par une association des trois.
Par exemple, le travail effectué par des entrepreneurs indépendants présente souvent les mêmes caractéristiques de précarité que celles utilisées pour définir le travail à la demande. Si les définitions axées sur les caractéristiques du travail omettent de mentionner spécifiquement la relation contractuelle, il est toutefois difficile d’imaginer que de telles caractéristiques existent hors de tout contrat de service.
Le tableau 1 résume les trois principaux modèles utilisés pour définir le travail à la demande.
Composante | Définition | Exemples | Source principale |
Interface numérique | Le travail à la demande est tout travail réalisé exclusivement par l’intermédiaire d’une plateforme numérique | Chauffeur Uber; nettoyeur Cleanify; coursier DoorDash | Donovan et al. (2016); Schmidt (2017); Smith (2016) |
Relation contractuelle et légale | Le travail à la demande est tout travail effectué par un entrepreneur indépendant | Gardien d’enfants (non médié par une plateforme numérique); chauffeur Uber; menuisier indépendant; rédacteur indépendant | Kostyshyna & Luu (2019); Prudential (2019); ESDC (2021) |
Caractéristiques du travail | Le travail à la demande se caractérise par une rémunération par projet ou par tâche, des horaires de travail irréguliers et des revenus imprévisibles | Gardien d’enfants (non médié par une plateforme numérique); chauffeur Uber; homme et femme de ménage; homme et femme de ménage Cleanify; coursier DoorDash | Woodcock & Graham (2020) |
Combinaison | Le travail à la demande est tout travail dont la durée est courte ou incertaine, effectué par un entrepreneur indépendant et caractérisé par une rémunération à la tâche, des horaires et des revenus irréguliers, y compris le travail réalisé par l’intermédiaire d’une plateforme. | Gardien d’enfants (non médié par une plateforme numérique); chauffeur Uber; homme et femme de ménage Cleanify; coursier DoorDash | Graham et coll. (2017); Stewart & Stanford (2017); Abraham et coll. (2018); Ziegler et coll. (2020); MacDonald & Giazitzoglu (2019) |
Modèle 1 : Interfaces en ligne
Le premier modèle servant à appréhender le travail à la demande – et l’économie à la demande de manière générale – consiste à déterminer si le travail est médié (coordonné, organisé et rémunéré) par des plateformes ou des interfaces numériques (sites web ou applications).
Uber, MTurk et Upwork en sont des exemples bien connus. Cette approche suggère qu’il s’agit strictement d’un phénomène du 21e siècle. En fait, une étude va jusqu’à affirmer que le travail à la demande est une nouvelle vague du travail, qui modifie et remet en question le modèle d’emploi typique traditionnel.
Si des chercheurs comme Donovan et coll. (2016) et Schmidt (2017) font explicitement de la plateforme numérique l’attribut déterminant de leurs modèles, ceux-ci présentent néanmoins des différences.
Par exemple, Donovan et coll. (2016) définissent les travailleurs à la demande simplement comme des individus qui travaillent pour des entreprises à la demande, telles que Uber ou TaskRabbit. Schmidt (2017), en revanche, définit le travail à la demande comme une activité liée à un type précis de plateforme en ligne et le différencie de deux autres types de travail apparentés : le « cloud work » (« travail infonuagique ») et le « crowd work » (« travail de foule »).
Ainsi, le travail à la demande doit être relayé par une application numérique – il doit également être lié à une heure et à un lieu déterminés et effectué par une seule personne.
Autrement dit, si le travail peut être effectué à distance ou par plusieurs personnes, il ne s’agit pas de travail à la demande. Cette définition limite essentiellement le travail à la demande aux plateformes de services d’hébergement, de transport et de livraison, ainsi qu’aux plateformes de services domestiques et personnels.
Un autre élément de complexité contribue à la confusion qui règne autour du concept de travail à la demande : certains chercheurs utilisent des termes tels que « travail à la demande sur plateforme numérique » ou « travail à la demande en ligne » (par exemple : Smith, 2016).
Bien que ce modèle mette l’accent sur l’utilisation d’interfaces numériques, il suppose qu’il s’agit en fait d’un sous-ensemble du travail à la demande, en évoquant une définition plus large qui reste floue.
Les experts ont exprimé des préoccupations quant à l’absence de réglementation applicable aux entreprises liées à des plateformes numériques et à l’impact sur les droits des travailleurs.
Les plateformes numériques facilitant le travail à la demande à une échelle inédite, de nouvelles approches seront nécessaires pour garantir la protection des travailleurs qui y ont recours.
Certaines ont déjà été mises en œuvre. En 2020, par exemple, des travailleurs américains ont réussi à négocier un salaire minimum et des avantages sociaux tels que l’assurance maladie. D’autres protections professionnelles importantes, comme les prestations de maladie, demeurent toutefois largement inexistantes. Le droit du travail au Canada devra être actualisé de manière à mieux protéger les travailleurs des plateformes numériques.
Modèle 2 : La nature légale et contractuelle de l’emploi
Un autre modèle qui apparaît souvent dans la littérature consiste à traiter le terme « travailleur à la demande » comme un synonyme d’« entrepreneur indépendant ».
Ainsi, le travail à la demande est caractérisé par un contrat d’entreprise plutôt que par un contrat de travail. Alors que les employés concluent des contrats de travail avec leur employeur, les entrepreneurs indépendants concluent des contrats d’entreprise (ou de services) avec leurs clients. Ce sont des travailleurs indépendants qui s’engagent auprès d’une autre personne ou organisation – le client – à réaliser un travail matériel ou intellectuel, ou à fournir un service contre rémunération.
Kostyshyna et Luu (2019) ainsi que Prudential (2019) mettent de l’avant l’aspect légal et contractuel pour définir le travail à la demande en assimilant les travailleurs à la demande aux entrepreneurs indépendants.
Leurs modèles comptent cependant quelques différences subtiles. Par exemple, Kostyshyna et Luu (2019) définissent le travail à la demande comme des « arrangements de travail atypiques ou informels ». Cette définition met explicitement l’accent sur le type d’arrangement de travail. A priori, l’utilisation de l’expression « atypique » est problématique, puisqu’elle peut être interprétée à tort comme un emploi atypique. Or les exemples fournis par les auteurs – gardien d’enfants et de maisons, covoiturage (Uber, Lyft) et travail en ligne par l’intermédiaire d’Amazon Turk – montrent bien qu’il s’agit de tâches effectuées par des entrepreneurs indépendants.
De la même manière, Prudential (2019) fonde sa définition du travail à la demande sur les modalités légales et contractuelles. Plus précisément, il perçoit le travail à la demande comme un modèle « dans lequel les travailleurs agissent tels des entrepreneurs indépendants plutôt que des employés ». Cela inclut « les entreprises émergentes exploitant des plateformes technologiques » et « les entreprises traditionnelles ». Les travailleurs à la demande sont décrits comme des travailleurs autonomes qui échangent des services ou du travail contre rémunération. Il convient de noter que les auteurs excluent de leur définition les personnes qui louent des biens – par exemple, les particuliers qui louent leur maison sur Airbnb.
Ce modèle de conceptualisation simple du travail à la demande comporte cependant quelques pièges.
La relation entre un payeur et un bénéficiaire – qu’il s’agisse d’une relation de travail (contrat de travail) ou d’un contrat indépendant (contrat d’entreprise) – relève du droit.
Si les conditions de travail sont modifiées en raison d’une nouvelle législation, cela aura une incidence sur le statut du « travailleur à la demande », mais on ne sait pas exactement laquelle.
Par exemple, en 2019, la Commission des relations de travail de l’Ontario a conclu que les coursiers du service de livraison de nourriture bien connu Foodora n’étaient pas des entrepreneurs indépendants, mais bien des employés. Mettre en équation les travailleurs à la demande et les entrepreneurs indépendants signifie que ces coursiers ne sont plus des travailleurs à la demande, même si leur travail dépend d’une interface numérique.
Si, toutefois, nous définissons le travail à la demande en nous basant uniquement sur la présence d’une interface numérique, cette reclassification n’aura aucune incidence sur leur statut de travailleurs à la demande, faisant d’eux des travailleurs à la demande employés, ce qui complique encore la question.
Une bonne compréhension du concept de « travail à la demande » est donc importante au regard du droit du travail.
Modèle 3 : Caractéristiques du travail
Le travail à la demande a également été défini en fonction des types de tâches concernées, ainsi que d’autres caractéristiques.
Selon Woodcock et Graham (2020), le travail à la demande se distingue par la nature des tâches qui sont « généralement brèves, temporaires, précaires et imprévisibles » (p. 9), ce qui en fait une forme de patchwork.
Les horaires irréguliers et les revenus incertains en sont également des caractéristiques. Cette description du travail à la demande explique pourquoi il est si souvent confondu avec le concept de précarité (voir encadré 1).
D’autres caractéristiques du travail à la demande ne font pas consensus, mais doivent néanmoins être prises en compte (voir encadré 2).
Le paiement à la tâche ou au projet est aussi considéré comme une caractéristique sous-jacente du travail à la demande qui représente la manière dont la rémunération est structurée. Selon cette approche, les travailleurs à la demande sont rémunérés pour chaque projet ou tâche accomplie et non sur la base d’un salaire ou d’un taux horaire. Par exemple, les travailleurs offrant des services sur Amazon Turk sont payés pour les tâches ou les projets terminés, quel que soit le temps passé.
Ce type de travail est en outre souvent associé à une demande de services fluctuante, ce qui entraîne des horaires de travail irréguliers.
Les travailleurs peuvent passer de longues périodes à attendre que des tâches ou des projets leur soient attribués ou à chercher des projets, ce qui entraîne des heures de travail non rémunérées. Ils semblent jouir d’une autonomie sur leur emploi du temps puisqu’ils décident quand et combien de temps ils vont travailler, ils n’ont toutefois aucun contrôle sur le temps requis pour accomplir une tâche ou gagner une somme prédéterminée.
Par exemple, un coursier DoorDash est chargé de livrer des repas. L’application ne fournit que l’adresse de livraison et sa distance avec le restaurant, et non la durée réelle de la tâche. L’attente dans les restaurants et les interruptions dues aux embouteillages ou aux bogues technologiques durant la livraison prolongent le temps de travail.
Étant donné que le paiement se fait à la tâche, il aura tendance à travailler jusqu’à ce qu’il gagne une somme donnée, sans tenir compte du temps nécessaire.
De surcroît, les travailleurs à la demande risquent d’accomplir des tâches ou des projets pour lesquels ils ne seront jamais payés si, par exemple, un client n’est pas satisfait ou s’ils rencontrent des problèmes technologiques.
La combinaison du paiement à la tâche et de la demande imprévisible et fluctuante rend la prévision du salaire horaire ou journalier impossible et, par conséquent, le risque de gagner moins que le salaire minimum est tout à fait concevable.
De ce fait, selon ce modèle, l’irrégularité des revenus est une autre caractéristique essentielle du travail à la demande.
Il apparaît rapidement que nombre des caractéristiques évoquées précédemment recoupent les caractéristiques du travail exercé par les entrepreneurs indépendants. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles la définition du travail à la demande demeure floue. Cependant, ce qui distingue les études s’appuyant sur le modèle axé sur les « caractéristiques du travail » est qu’elles font des caractéristiques l’attribut déterminant pour définir le travail à la demande, plutôt que la relation d’emploi (ou son absence).
Les caractéristiques attribuées au « travail à la demande » dans cette troisième approche révèlent les nombreux risques auxquels sont confrontés les entrepreneurs indépendants, notamment l’accès limité (ou inexistant) aux avantages sociaux tels que les indemnités de maladie, la retraite, le congé parental et les prestations d’assurance-emploi (AE), qui sont généralement associés aux relations d’emploi traditionnelles.
Par conséquent, alors que le travail à la demande se généralise dans tous les secteurs, un plus grand nombre de travailleurs pourraient être privés de ces avantages et protections dans le futur (Woodcock, 2020).
Le travail à la demande – du moins selon cette approche limitative – est en outre plus susceptible d’être exercé de manière disproportionnée par des travailleurs marginalisés tels que les immigrants, ce qui accentue encore davantage les inégalités sociales.
Certaines caractéristiques importantes du travail à la demande ne font pas l’objet d’un consensus général, mais doivent néanmoins être prises en compte.
Il s’agit notamment de l’achat d’équipements de travail, de la mise à disposition de son propre espace de travail et d’un travail moins structuré que dans le cadre d’une relation d’emploi typique.
Les travailleurs à la demande fournissent une partie ou la totalité de l’équipement utilisé directement pour le travail, y compris la voiture, la maison et d’autres équipements. Cette condition est l’un des principaux facteurs qui différencient les employés et les entrepreneurs indépendants. En général, les employeurs fournissent les outils dont les employés ont besoin pour effectuer leur travail, tandis que les travailleurs à la demande fournissent leurs propres outils ou leur propre espace de travail.
Les définitions fondées sur ces caractéristiques du travail à la demande ont par ailleurs été brouillées par la pandémie de COVID-19, qui a contraint de nombreux travailleurs à fournir leurs propres espaces et équipements de travail à domicile.
Modèle 4 : Approches mixtes
En raison de la complexité de la question et de l’absence de consensus sur ce qu’est le travail à la demande, certaines études proposent des définitions plus larges qui recoupent deux ou plusieurs modèles : interface numérique et aspects légaux et contractuels (Graham et coll., 2017); interface numérique et caractéristiques du travail (Stewart & Stanford, 2017); aspects légaux et contractuels et caractéristiques du travail (Abraham et coll., 2018, Ziegler et coll., 2020); ou interface numérique, aspects légaux et contractuels et caractéristiques du travail (MacDonald & Giazitzoglu, 2019).
Graham et coll. (2017) proposent la définition suivante : le travail à la demande est une activité temporaire attribuée et exécutée par l’intermédiaire de plateformes numériques, sans garantie de travail à long terme. Cette définition combine les modèles fondés sur la composante de l’interface en ligne et sur les aspects légaux et contractuels, tout en soulignant la présence d’une plateforme numérique et l’absence de contrats de travail à long terme.
L’étude de Stewart et Stanford (2017) combine, elle aussi, deux approches. Le travail à la demande y est décrit comme une activité ponctuelle, généralement organisée autour de plateformes numériques et caractérisée par des horaires et des paiements irréguliers. Ces travailleurs fournissent leur propre équipement et lieu de travail.
Cette définition tient donc compte de la présence d’une interface en ligne et des caractéristiques du travail, tout en soulignant que le travail est normalement médié par une plateforme numérique. Elle énumère aussi spécifiquement plusieurs caractéristiques du travail, comme l’irrégularité des horaires et des revenus.
De même, Abraham et coll. (2018) et Ziegler et coll. (2020) définissent le travail à la demande comme des boulots ponctuels, payés à la tâche ou pour une période définie, dont les revenus et les horaires sont imprévisibles.
Les deux études combinent les aspects légaux-contractuels et les caractéristiques du travail; le travail ponctuel à la tâche est décrit par le premier, tandis que l’imprévisibilité des revenus et des horaires est un exemple donné par le second (voir encadré 3).
Enfin, MacDonald et Giazitzoglu (2019) s’appuient sur les trois modèles. Dans leur étude, le travail à la demande fait référence au travail à court terme annoncé sur des plateformes en ligne, où des entrepreneurs indépendants font des offres pour un ensemble de tâches.
Cette étude intègre bien ces trois approches : le terme « entrepreneur indépendant » renvoie au modèle s’appuyant sur les aspects légaux et contractuels; le travail annoncé sur des plateformes en ligne renvoie au modèle mettant de l’avant la présence d’une interface en ligne; et les tâches de courte durée sont des caractéristiques du travail.
Dans leur document de référence, Jeon et all. (2019) tentent d’estimer la taille de l’économie à la demande à partir des données fiscales administratives canadiennes.
Pour définir le travail à la demande, les auteurs ont utilisé le modèle mixte décrit dans Abraham et coll. (2018), qui se concentre à la fois sur la composante légale et contractuelle ainsi que sur les caractéristiques de l’emploi.
Pour estimer la taille de l’économie à la demande au Canada, les auteurs émettent l’hypothèse que les « travailleurs indépendants non constitués en société (propriétaires uniques) », pour lesquels il existe des données fiscales, correspondent le plus aux critères d’Abraham et coll. (2018) – travailleurs à la demande ou pigistes dont les revenus et les horaires de travail sont irréguliers.
Bien que leur rapport mette expressément en évidence la composante légale et contractuelle, il ne définit pas ce que sont les travailleurs à la demande en tant que tels; il affirme plutôt que les travailleurs ayant ce type d’arrangement de travail correspondent le plus à la définition du modèle mixte.
La voie à suivre
Notre revue de la littérature nous a permis de constater l’existence d’un large éventail de modèles différents, parfois contradictoires, pour aborder, mesurer et définir le travail à la demande.
La recherche, les politiques et les lois relatives au travail à la demande ne cessent d’évoluer tant au Canada que dans le reste du monde. Il est donc essentiel de clarifier ce qui est concerné – et ce qui ne l’est pas – quand on aborde et analyse la question du travail à la demande.
Ces informations seront essentielles pour mieux comprendre l’emploi à la demande et, au besoin, les défis associés à ces types d’arrangements de travail. Ainsi, les recommandations relatives aux politiques et aux programmes seront fondées sur des données et conçues pour répondre aux enjeux réels.
À cette fin, Statistique Canada élabore un cadre cohérent pour recueillir des informations sur le travail à la demande et le définir. Ces travaux visent à harmoniser les définitions statistiques et juridiques de ce type de travail avec la Classification internationale d’après la situation dans la profession. Il s’agit d’une étape importante pour organiser nos efforts collectifs en vue de comprendre l’impact du travail à la demande sur les travailleurs et la société, et y répondre.
Remerciements
Ce rapport a été préparé par Bolanle Alake-Apata du CIMT. Nous tenons à remercier Vince Dale et Yuri Ostrovsky (Statistique Canada); Julie L’Allier, Natasha Leeder et Teresa Parsons (Emploi et Développement social Canada); Martha Kornobis (ministère du Travail, de la Formation et du Développement des compétences de l’Ontario); Armine Yalnizyah (Atkinson Institute); Rachelle Taheri (Future Skills Centre); et Jim Stanford (Centre for Future Work) de leurs commentaires et de leurs suggestions.
Pour plus d’informations concernant rapport, veuillez contacter Bolanle Alake-Apata, économiste, à bolanle.alake-apata@lmic-cimt.ca, ou Tony Bonen, directeur de la recherche, des données et des analyses, à tony.bonen@lmic-cimt.ca.
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