Janvier 2025
Explorer les liens entre les compétences : déchiffrer la demande de compétences sur le marché du travail à partir des offres d’emploi en ligne
Ce rapport présente un aperçu détaillé des relations entre les compétences sur le marché du travail canadien. Il s’adresse aux chercheurs et chercheuses, aux analystes des politiques publiques et aux universitaires spécialisés dans les domaines de l’emploi et de la formation.
Illustration par Dorothy Leung pour le CIMT.
Principales conclusions
En 2023, 4 552 compétences distinctes ont été recensées dans près de 3,1 millions d’offres d’emploi. Cependant, il est important de noter que les compétences les plus spécifiques (ou uniques) sont mentionnées dans un nombre restreint d’offres. En effet, seules 710 de ces compétences apparaissent dans 500 offres ou plus.
Les compétences socio-émotionnelles ou comportementales (soft skills) représentent neuf des dix compétences les plus fréquemment demandées. Le service à la clientèle (principalement associé aux métiers de la vente et des services) est la seule compétence professionnelle à figurer parmi les dix plus recherchées.
Le travail d’équipe, la communication et le service à la clientèle figurent parmi les compétences les plus fréquemment demandées, apparaissant respectivement dans 48 %, 39 % et 33 % des offres d’emploi.
Les relations entre les compétences varient selon les professions, ce qui reflète des attentes différentes de la part des employeurs en fonction des métiers.
Certaines compétences permettent de prédire la présence d’autres compétences dans les offres d’emploi. Par exemple, de fortes compétences en rédaction sont corrélées à une demande générale en communication ; être orienté vers les objectifs est souvent lié au travail d’équipe ; et savoir utiliser une caisse enregistreuse est associé aux compétences en service à la clientèle.
Résumé
Comprendre les relations entre les compétences permet de mieux éclairer les besoins du marché du travail et la complexité de la demande en compétences. Ce rapport illustre comment les offres d’emploi en ligne constituent une mine d’informations sur le marché du travail. Ces données sont particulièrement utiles pour analyser les relations entre les compétences et dégager les tendances.
En s’appuyant sur trois méthodologies reproductibles – la mesure de fréquence, l’association basée sur l’information mutuelle normalisée et des prédicteurs fondés sur les relations directionnelles –, ce rapport analyse les liens entre les compétences mentionnées dans les offres d’emploi. Comprendre les liens entre deux compétences permet de saisir les nuances de la demande en compétences et d’examiner l’évolution possible de la demande pour une compétence donnée selon les circonstances.
Pour illustrer notre approche, ce rapport propose trois études de cas axées sur les compétences les plus recherchées :
- Les compétences en travail d’équipe : Ces compétences, largement répandues dans toutes les professions, offrent un point de référence pour observer les relations entre compétences selon différentes approches.
- Les compétences en communication : Ces compétences, dont la demande varie selon les professions, illustrent comment le contexte influence les relations entre les compétences.
- Les compétences en service à la clientèle : Principalement associées aux métiers de la vente et des services, elles offrent une perspective sur la manière dont des compétences spécialisées s’intègrent à leur groupe professionnel principal et s’étendent à d’autres secteurs.
Ces études de cas démontrent comment des méthodologies avancées peuvent fournir des informations exploitables sur les compétences recherchées et leurs interrelations, afin de mieux orienter la planification de la main-d’œuvre, le développement des carrières et l’élaboration des politiques publiques. En rendant accessibles ces méthodes pour analyser les données des offres d’emploi en ligne, le Conseil de l’information sur le marché du travail (CIMT) prépare le terrain pour de nouvelles recherches, qui permettront de répondre aux besoins évolutifs du marché du travail canadien.
Table des matières
Introduction
Comprendre les relations entre les compétences est essentiel pour élaborer des stratégies adaptées à l’évolution de la main-d’œuvre et répondre aux fluctuations de la demande sur le marché du travail. Les offres d’emploi en ligne (OEL) constituent une source dynamique d’informations en temps réel sur le marché du travail, car elles fournissent des données détaillées sur les compétences recherchées par les employeurs. Malgré ce potentiel, les approches traditionnelles d’analyse des OEL négligent souvent les liens subtils entre les compétences.
Pour combler cette lacune, le CIMT a entrepris cette recherche en s’appuyant sur des travaux antérieurs qui ont permis de mettre au point des méthodologies capables de mieux refléter la complexité des relations entre les compétences. En se concentrant les compétences en travail d’équipe, en communication et en service à la clientèle, ce rapport démontre comment les chercheurs et chercheuses peuvent utiliser la mesure de fréquence, l’association (information mutuelle ponctuelle normalisée) et les prédicteurs pour dégager des informations exploitables.
Les offres d’emploi en ligne dans le monde moderne
Un outil essentiel pour un marché du travail efficace
De nos jours, la recherche d’emploi repose de plus en plus sur les OEL, qui offrent un accès à des milliers d’annonces dans divers secteurs. Si les OEL ont amélioré la visibilité des emplois et facilité l’accès aux occasions d’emploi, leur volume considérable rend la recherche difficile. La quantité d’informations peut rapidement submerger les chercheurs et chercheuses d’emploi, surtout lorsque les annonces manquent de précisions sur les compétences et exigences.
En théorie, les OEL permettent aux personnes en recherche d’emploi de trouver des postes correspondant à leurs compétences. Cependant de nombreuses annonces utilisent des termes génériques, notamment pour décrire les compétences et exigences. L’imprécision des annonces rend ardue la recherche de postes adaptés et entraîne une perte de temps et un sentiment de frustration (JDXpert, 2023). Du côté des employeurs, ces ambiguïtés peuvent les priver de candidats qualifiés. Une description trop vague est souvent perçue comme l’aspect le plus décourageant (en anglais seulement) du processus de candidature pour les jeunes adultes. Ce problème complique non seulement la recherche d’emploi pour les jeunes, mais touche également les travailleurs et travailleuses plus âgés (en anglais seulement) ou neurodivergents, qui peuvent renoncer à postuler en raison du langage imprécis souvent employé dans les annonces (Dewar, 2022).
Encadré 1 : Quelle est la différence entre une compétence et une exigence ?
Les termes « compétence » et « exigence » sont distincts, bien qu’ils se recoupent. Les compétences englobent les aptitudes et connaissances nécessaires pour accomplir efficacement une tâche, tandis que les exigences, présentées dans les offres d’emploi, reflètent les besoins exprimés par les employeurs. Ces dernières peuvent faire référence à une compétence ou à ses composantes, comme des caractéristiques ou des savoirs spécifiques. Dans ce rapport, nous employons ces deux termes, car nous avons analysé les données extraites des listes d’exigences figurant dans les offres d’emploi, afin de mieux comprendre les compétences globales recherchées par les employeurs.
Les offres d’emploi devraient présenter un aperçu des responsabilités et préciser les qualifications recherchées par l’organisation. Même si elles ne sont pas explicitement mentionnées, ces informations fournissent un contexte sur les compétences nécessaires pour réussir dans le rôle. Par exemple, une exigence peut consister en une formation ou un diplôme dans un domaine précis, indiquant ainsi le type et le niveau de connaissances requis pour les compétences associées au poste.
Pour en savoir plus, regardez notre vidéo, C’est quoi une compétence ?. Elle propose une définition claire de ces termes dans le contexte du marché du travail actuel.
Les OEL offrent aux employeurs un accès facile à un large bassin de chercheurs et chercheuses d’emploi. En y recourant, ils maximisent leurs chances de recruter les bons profils, mais doivent gérer un grand nombre de candidatures. Ce processus allonge la durée du recrutement, qui a atteint en moyenne 44 jours en 2023 (en anglais seulement).
Le choix de la terminologie dans les offres d’emploi est complexe, car les employeurs doivent à la fois réfléchir à la manière de communiquer efficacement avec les futurs employés et optimiser leurs annonces pour atteindre les candidats potentiels. Le référencement naturel (SEO) (en anglais seulement) encourage l’utilisation de mots-clés ou de termes courants, mais une surutilisation de ces mots-clés peut donner lieu à des descriptions d’emploi vagues, ce qui tend à décourager de nombreux candidats qualifiés (en anglais seulement).
Dans ce rapport, nous exploitons les données des OEL pour démontrer qu’il est possible d’approfondir la compréhension de la demande en compétences grâce à de nouvelles méthodes. Nous incluons des études de cas pour illustrer comment ces méthodes peuvent être appliquées et interprétées. À travers cette démarche, le CIMT vise à soutenir l’écosystème du marché du travail en promouvant des méthodologies innovantes et reproductibles et en offrant des orientations à ceux et celles qui souhaitent approfondir ces problématiques.
Une source inexploitée de données sur la demande de main-d’œuvre
Si les OEL visent principalement à fournir des informations sur les postes vacants et à attirer des candidats, elles constituent également une précieuse source d’information sur le marché du travail (IMT), en reflétant les tendances de la demande à un moment donné. De plus, leur actualité offre aux chercheurs et chercheuses une occasion unique d’observer les tendances du marché du travail en temps réel. Elles donnent accès à des informations détaillées souvent inaccessibles à partir de sources de données traditionnelles. Toutefois, les OEL restent un ensemble de données non structuré, nécessitant une vérification rigoureuse pour garantir que les analyses reflètent fidèlement la réalité du marché du travail.
De nombreux chercheurs et chercheuses ont utilisé les OEL pour développer des taxonomies dynamiques des compétences (Djumalieva & Sleeman, 2018 ; Bennet et coll., 2022), modéliser les transitions professionnelles (Dawson et coll., 2021) et cartographier les déséquilibres de compétences (Organisation de coopération et de développement économiques, 2022). Notre approche s’appuie sur ces travaux en mettant l’accent sur les compétences individuelles et leurs interactions avec d’autres compétences, tout en proposant de nouvelles méthodes reproductibles pouvant servir à approfondir ces relations et leur dynamique dans divers contextes professionnels. Ce rapport met en lumière le potentiel encore inexploité des données des OEL en tant que ressource précieuse pour l’analyse du marché du travail.
Dans les sections suivantes, nous nous penchons sur les données des OEL qui se sont révélées utiles dans nos recherches et nous expliquons comment elles ont été utilisées pour identifier les compétences les plus demandées. À travers trois études de cas, nous mettons également en évidence l’importance du contexte dans l’interprétation de la demande en compétences, en illustrant comment nos méthodes peuvent être appliquées pour faire ressortir des tendances nuancées du marché du travail.
Comment le CIMT exploite les données des offres d’emploi en ligne de Vicinity Jobs
Il existe de nombreux fournisseurs de données sur les offres d’emploi en ligne à l’échelle mondiale et au Canada. Vicinity Jobs (en anglais seulement), un acteur majeur en Amérique du Nord, fournit au CIMT des données hebdomadaires sur les OEL depuis janvier 2018. Grâce à cette collaboration, le CIMT dispose d’un ensemble de données exhaustif et à grande échelle, permettant d’analyser des millions d’offres chaque année.
Entre janvier 2018 et décembre 2023, Vicinity Jobs a répertorié plus de 16 millions d’offres d’emploi et recensé plus de 5 200 compétences distinctes (Tableau 1). Cet ensemble de données constitue la base de l’analyse présentée dans ce rapport sur les tendances et les besoins en compétences sur le marché du travail.
Tableau 1 : Nombre d’OEL et de compétences distinctes, par année
Année | Nombre d'offres d'emploi | Nombre de compétences distinctes |
2018 | 2 635 139 | 4 542 |
2019 | 2 757 830 | 4 309 |
2020 | 2 038 614 | 3 994 |
2021 | 2 808 399 | 4 097 |
2022 | 3 660 890 | 4 576 |
2023 | 3 078 987 | 4 552 |
Total | 16 979 859 | 5 226 |
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Pour chaque offre d’emploi, Vicinity Jobs collecte et diffuse des données détaillées, notamment sur l’occupation, l’emplacement, le secteur d’activité, les salaires, les compétences demandées, ainsi que la formation et les qualifications nécessaires. Pour organiser efficacement les compétences requises, Vicinity Jobs relie les informations extraites des offres d’emploi à sa taxonomie des compétences. Chaque compétence est ensuite classée dans l’un des quatre grands groupes de compétences (Encadré 2).
Encadré 2 : Taxonomie des compétences de Vicinity Jobs
Une taxonomie des compétences établit une hiérarchie permettant de regrouper les compétences en niveaux de classification plus élevés, réduisant ainsi les informations parasites pour les chercheurs et chercheuses. Vicinity Jobs utilise sa propre taxonomie, structurée autour de quatre grands groupes de compétences (Vicinity Jobs, s.d.) :
Groupe de compétences | Définition | Exemples |
Compétences socio-émotionnelles | Compétences et attributs qui permettent aux individus de comprendre et de gérer leurs émotions, d’interagir efficacement avec les autres, de construire et de maintenir des relations, et de prendre des décisions responsables
(Aussi appelées compétences comportementales ou savoir-être) |
Multitâche, planification, travail en équipe, flexibilité, connaissance de langues étrangères |
Compétences professionnelles | Compétences liées à des fonctions spécifiques à un métier ou à un domaine donné | Analyse, réparation de matériel électrique, conception graphique, garde d’enfants, service à la clientèle |
Compétences technologiques | Compétences relatives aux outils, systèmes et plateformes technologiques utilisés pour faciliter divers processus et tâches dans différents domaines | Connaissance des logiciels Microsoft, des outils de contrôle qualité, des logiciels de gestion client ou d’Amazon Machine Learning |
Outils et équipements | Compétences liées aux instruments, machines et dispositifs physiques utilisés pour effectuer des tâches, opérations ou fonctions dans certains secteurs et métiers | Capacité à travailler avec un ordinateur, des équipements de navigation, des chariots élévateurs ou des dispositifs de sécurité |
Limites des données
Les OEL ne sont pas conçues pour servir de sources de données et ne présentent pas la rigueur standardisée propre aux enquêtes. Cependant, Vicinity Jobs atténue cet impact en nettoyant les données avant leur publication. Malgré ces efforts, certaines limites structurelles demeurent inévitables :
Différences entre les OEL et les postes vacants enregistrés1
Les OEL ne reflètent pas l’ensemble des offres d’emploi. Certains postes sont pourvus par des méthodes informelles, comme le réseautage ou le bouche-à-oreille, sans être publiés en ligne. De plus, une seule offre d’emploi en ligne peut correspondre à plusieurs postes à pourvoir, ce qui accentue les écarts. Ces facteurs introduisent une variabilité entre les types d’emploi. Par exemple, les postes dans les secteurs professionnels et des services sont surreprésentés, tandis que ceux des métiers spécialisés et du travail manuel sont sous-représentés, comme l’a souligné une étude du CIMT en 2020.
Exigences omises
Certaines professions incluent des exigences implicites qui ne sont pas toujours mentionnées explicitement dans les offres d’emploi. Par exemple, une annonce pour un poste de chef cuisinier pourrait ne pas inclure « maîtrise des techniques culinaires » comme exigence, cette compétence étant considérée comme allant de soi pour ce métier. De telles omissions peuvent influencer le niveau de cooccurrence de certains termes, ce qui réduit leur poids dans nos résultats.
Limites du nettoyage des données
Une fois les données des OEL extraites, elles sont nettoyées et préparées pour être utilisées par Vicinity Jobs. Une partie de ce processus consiste à associer les OEL aux codes de la Classification nationale des professions (CNP) à l’aide d’un algorithme. Cependant, environ 15 % des offres ne peuvent pas être reliées à un code CNP en raison :
-
- de l’absence d’équivalent clair dans le système CNP;
- de titres ou de descriptions de postes trop générales ou ambiguës qui empêchent une classification précise selon les normes de la CNP.
Recenser les compétences : une approche pour comprendre la demande en fonction de leur fréquence dans les OEL
En 2023, Vicinity Jobs a recensé environ 3,1 millions d’offres d’emploi et identifié 4 552 compétences distinctes. Le niveau de demande pour ces compétences varie considérablement d’une offre à l’autre. De nombreuses compétences sont spécialisées et généralement associées à des professions ou à des fonctions spécifiques. Pour concentrer notre recherche sur les compétences les plus recherchées, nous avons appliqué un seuil minimal, en ne retenant que celles mentionnées dans au moins 500 offres d’emploi. Ce seuil a permis d’exclure les compétences les plus rares, réduisant l’ensemble à 710 compétences, soit environ 16 % du total. Cela montre que la majorité des exigences des offres d’emploi repose sur un sous-ensemble limité de compétences.
Bien que de nombreuses compétences n’apparaissent que dans une petite fraction des offres, certaines reviennent beaucoup plus fréquemment. Les 10 compétences les plus recherchées dans les données de 2023 étaient présentes dans 17 % à 48 % des offres d’emploi (Figure 1). Ces 10 compétences étaient si répandues que 87 % des offres publiées en 2023 en incluaient au moins une. Leur popularité réduit leur spécificité dans les annonces, mais elles demeurent des indicateurs importants du poste et de l’employeur (Hickok, 2021).
Figure 1 : Pourcentage des offres d’emploi mentionnant les 10 compétences les plus recherchées (2023)
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Les compétences socio-émotionnelles représentent neuf des dix compétences les plus souvent recherchées, le service à la clientèle (une compétence professionnelle) étant la seule exception. Les compétences socio-émotionnelles, également appelées compétences comportementales, « désignent des traits de caractère et des compétences interpersonnelles qui caractérisent la capacité d’une personne à interagir efficacement avec les autres » (Kenton, 2023). Contrairement aux compétences techniques, les compétences comportementales sont difficiles à évaluer et souvent difficiles à acquérir par le biais d’une formation formelle.
Offres d’emploi par profession
La demande de main-d’œuvre varie selon les professions. En 2023, le nombre d’offres d’emploi allait de 18 948 dans les secteurs des ressources naturelles et de l’agriculture à 893 469 dans les professions liées aux ventes et aux services.
Explorer la variation de la demande en compétences selon les professions permet de mieux comprendre le rôle de ces compétences sur le marché du travail. La figure 2 illustre la fréquence des demandes pour les 10 compétences les plus recherchées dans les différentes professions en 2023.2
Figure 2 : Demande en compétences par profession
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
D’après ces données, la demande pour les 10 compétences les plus recherchées varie considérablement selon les professions.3 Certaines compétences semblent néanmoins être particulièrement valorisées dans toutes les grandes catégories professionnelles. Le travail d’équipe illustre bien cette tendance, car c’est la seule compétence systématiquement très demandée. Les références aux compétences en communication sont également fréquentes, bien qu’elles ne soient pas universellement requises. Le service à la clientèle, troisième compétence la plus recherchée, est principalement associé aux professions liées à la vente et aux services, qui représentent également le volume le plus élevé d’offres d’emploi.
Deux des 10 compétences les plus fréquentes se distinguent par une demande particulièrement élevée dans une seule catégorie professionnelle : le leadership et le service à la clientèle. Le leadership apparaît dans 55 % des offres pour les postes de membres des corps législatifs et cadres supérieurs (CNP 1), tandis que le service à la clientèle figure dans 52 % des offres d’emploi pour les professions liées aux ventes et aux services (CNP 6).
Ces exemples illustrent à quel point la demande en compétences peut varier selon les professions et indiquent que certaines compétences revêtent une pertinence unique dans des contextes professionnels précis.
Exemples de compétences pour explorer les tendances
Nos résultats jusqu’à présent montrent comment les OEL peuvent servir à analyser les compétences en fonction des professions, tout en offrant la possibilité d’aller au-delà de la simple description de la demande en compétences par profession. La section suivante illustre l’utilisation des OEL pour explorer les relations entre les compétences. Pour ce faire, nous avons mené trois études de cas permettant d’appliquer notre méthodologie. Les compétences sélectionnées sont le travail d’équipe, la communication et le service à la clientèle. Ces choix s’expliquent par le fait qu’elles figurent parmi les trois compétences les plus recherchées et présentent chacune un profil de demande distinct selon les professions. Le Tableau 2 fournit des informations supplémentaires à leur sujet.
Tableau 2 : Paramètres des études de cas
Travail en équipe | Communication | Service à la clientèle | |
Groupe de compétences | Socio-émotionnelles | Socio-émotionnelles | Professionnelles |
Définition | Le travail en équipe désigne la capacité de collaborer avec une équipe pour atteindre un objectif précis et est souvent associé à une culture d’entreprise collaborative. | Les compétences en communication renvoient à la capacité d’exprimer des informations à autrui. | Le service à la clientèle désigne la capacité d’assister ou de conseiller des clients en tant que représentant d’une entreprise. |
% des offres d’emploi en 2023 incluant cette compétence | 48 % | 39 % | 33 % |
Demande selon les professions | Forte demande dans toutes les professions | Forte demande dans certaines professions (CNP 0–4) | Forte demande dans une seule profession (CNP 6 : Ventes et services) |
Exemples d’autres formulations trouvées dans les offres d’emploi |
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Méthodologie pour identifier et mesurer les associations entre compétences
S’appuyant sur les recherches antérieures du CIMT sur les indicateurs du marché du travail à partir des données des OEL, ce rapport propose des méthodes pour appréhender les associations entre les compétences mentionnées dans les offres d’emploi. Dans une étude menée par le CIMT en 2022, trois techniques ont été examinées : le classement par comptage brut, l’avantage comparatif révélé et la pondération TF-IDF (Term Frequency – Inverse Document Frequency) pour quantifier la demande en fonction de la fréquence individuelle des compétences. Bien que ces techniques aient permis de mieux comprendre les compétences isolées, elles ne saisissaient pas pleinement les relations entre elles.
Ce rapport élargit ces travaux en adoptant une nouvelle approche pour quantifier les liens entre compétences grâce à des mesures probabilistes et des techniques basées sur des règles. Cette méthodologie permet de mieux cartographier et comprendre les interrelations entre compétences dans le contexte des professions individuelles.
Pour approfondir cette analyse, nous avons utilisé trois méthodes complémentaires : la mesure de la fréquence, l’information mutuelle ponctuelle et les relations directionnelles, afin d’explorer comment les compétences coexistent et interagissent dans différents contextes professionnels.
Encadré 3 : Fréquence : une approche simple pour mesurer les relations
Notre approche repose sur trois méthodes permettant d’examiner les relations entre les compétences à partir des offres d’emploi. La première méthode, la mesure de la fréquence, identifie la fréquence à laquelle deux compétences apparaissent ensemble, fournissant ainsi des indications sur les schémas de cooccurrence, sans tenir compte de la fréquence indépendante de chaque compétence. Ainsi les compétences fréquemment exigées peuvent être surreprésentées, ce qui limite la précision des informations extraites sur les relations entre les compétences. Nous utilisons la mesure de la fréquence pour obtenir une première vue d’ensemble de la demande en compétences, qui sert de point de référence pour comparer les résultats plus détaillés obtenus avec nos méthodologies proposées.
Mesurer les liens entre compétences grâce à l’information mutuelle ponctuelle
La première technique pour identifier les liens entre compétences est une mesure statistique appelée information mutuelle ponctuelle (IMP). Elle est couramment utilisée en traitement des langues naturelles pour calculer l’association entre deux mots dans un texte.
L’association est une mesure de la relation statistique entre deux variables. Elle permet de repérer des schémas dans les comportements des variables ou, dans notre cas, des compétences (Voxco, 2024).
L’IMP mesure à quel point il est plus (ou moins) probable que deux compétences apparaissent ensemble dans une offre d’emploi, comparativement à ce qui serait attendu par hasard. Pour ce faire, on compare les probabilités de chaque compétence apparaissant indépendamment à la probabilité qu’elles apparaissent ensemble. En se concentrant sur la probabilité conjointe d’apparition des compétences par rapport à leur probabilité indépendante, les chercheurs peuvent identifier des associations significatives que les simples comptages de fréquence ne révèlent pas.
L’IMP est calculée en fonction de la probabilité que deux mots coapparaissent dans un texte, par rapport à leurs probabilités individuelles d’apparition. La formule de calcul de l’IMP est la suivante :
Où :
p(A,B)p(A, B)p(A,B) : probabilité que les compétences A et B soient toutes deux demandées dans une même offre d’emploi.
p(A)p(A)p(A) : probabilité que la compétence A soit demandée dans une offre d’emploi.
p(B)p(B)p(B) : probabilité que la compétence B soit demandée dans une offre d’emploi.
Plus deux compétences apparaissent fréquemment ensemble par rapport à leur occurrence indépendante, plus le lien entre elles est fort et plus la valeur de l’IMP est élevée.
Une valeur élevée et positive de l’IMP entre deux compétences indique une forte association, ce qui signifie que la présence d’une compétence augmente significativement la probabilité que l’autre compétence apparaisse dans la même offre d’emploi. Cela met en évidence une corrélation intrinsèque entre ces compétences dans le contexte des offres d’emploi.
Les valeurs de l’IMP n’ont pas de limite supérieure ou inférieure fixe, ce qui les rend difficiles à comparer et à interpréter. De plus, l’IMP traditionnelle est sensible aux mots peu fréquents : si l’un ou les deux mots apparaissent rarement, la valeur de l’IMP peut être biaisée. Pour résoudre ces problèmes, une version normalisée de l’IMP (NIMP) est utilisée. La NIMP est calculée en divisant la valeur de l’IMP par un facteur de normalisation.4 La NIMP limite les valeurs dans une plage comprise entre –1 (aucune association, signifiant que les compétences ne coapparaissent jamais) et 1 (association complète, signifiant que les deux termes coapparaissent toujours). En normalisant l’IMP, on réduit la sensibilité aux mots peu fréquents et on améliore l’interprétation des résultats.
Compléter l’analyse de l’information mutuelle ponctuelle par l’identification de relations directionnelles entre compétences
Bien que l’IMP permette de mieux comprendre les liens entre compétences en repérant des ensembles de compétences qui apparaissent ensemble plus souvent qu’attendu par hasard, elle ne constitue pas une mesure prédictive. Pour intégrer une dimension prédictive, nous avons étudié les relations directionnelles entre compétences en utilisant la fouille des règles d’association — une technique qui met en évidence des relations ou associations significatives entre variables dans de grands ensembles de données.
Dans le cadre de cette méthodologie, nous avons d’abord repéré des ensembles de compétences fréquemment présents dans les données des OEL. Plusieurs algorithmes existent pour ce type d’analyse. Nous avons utilisé l’algorithme de croissance des motifs fréquents (frequent pattern growth algorithm). Cet algorithme repère des ensembles récurrents de compétences dans les offres d’emploi en regroupant celles qui coapparaissent souvent, ce qui permet d’identifier des combinaisons courantes dans les différentes offres.
À partir de ces ensembles de compétences fréquemment observés, nous avons ensuite extrait des règles d’association pertinentes et identifié des schémas où certaines compétences apparaissent ensemble plus fréquemment qu’attendu par hasard. L’analyse de ces schémas nous a permis de déterminer quelles compétences étaient susceptibles d’être recherchées ensemble dans les offres d’emploi, offrant ainsi des informations précieuses sur les dépendances entre compétences et leurs relations prédictives.
Dans notre analyse, nous avons cherché à comprendre les relations directionnelles entre les compétences à l’aide d’une mesure appelée confiance. La confiance correspond à la probabilité conditionnelle d’observer une compétence (compétence B) dans une offre d’emploi lorsque l’exigence d’une autre compétence (compétence A) est mentionnée.
En termes simples, la confiance nous aide à comprendre à quelle fréquence une compétence est mentionnée dans une offre d’emploi lorsqu’une autre compétence est requise.
La confiance est exprimée comme le ratio entre la cooccurrence des compétences A et B et la fréquence d’apparition de la compétence A :
Où :
Soutien(A) : proportion des offres d’emploi requérant la compétence A
Soutien(A U B) : proportion des offres d’emploi où les compétences A et B coexistent
Cette approche combinée offre une compréhension détaillée et quantitative des relations entre les compétences, tout en fournissant des informations précieuses pour cerner les ensembles de compétences clés et les tendances sur le marché du travail. L’IMPN nous aide à évaluer la force des associations entre les compétences, permettant ainsi d’identifier les compétences connexes à partir des OEL. En utilisant la métrique de confiance pour les relations directionnelles, nous obtenons une perspective sur la manière dont certaines compétences coïncident de manière prévisible dans des contextes professionnels.
Études de cas : démonstration de notre méthodologie pour quantifier les relations entre compétences dans les offres d’emploi en ligne.
Ce rapport se concentre sur les trois compétences les plus fréquemment demandées en 2023 : le travail d’équipe, la communication et le service à la clientèle. Pour chacune de ces compétences, nous avons exploré les liens avec d’autres compétences ainsi que la manière dont ces relations varient selon les contextes et les approches.
Encadré 4 : Comprendre comment quantifier les liens entre compétences
Chaque méthode apporte un éclairage unique sur les interactions entre compétences.
La fréquence indique simplement quelles compétences coapparaissent le plus souvent, en montrant le nombre de fois où deux compétences figurent ensemble dans les offres d’emploi, exprimé en proportion des annonces mentionnant la compétence principale.
Les associations, calculées à l’aide de l’IMPN, fournissent des informations sur la force du lien entre deux compétences. Une valeur élevée d’IMPN pour deux compétences signale qu’elles sont étroitement liées dans les offres d’emploi. Cela peut indiquer que les employeurs recherchent ces compétences conjointement ou, à tout le moins, qu’ils les utilisent pour décrire les besoins liés aux postes.
Les prédicteurs définissent les relations directionnelles entre deux compétences, en indiquant que, si une offre d’emploi requiert une compétence, il est probable qu’elle requière également l’autre. La valeur de confiance mesure la probabilité qu’une annonce mentionnant la compétence A inclue également la compétence B. Toutefois, puisqu’il s’agit d’une relation directionnelle, cela ne signifie pas que la compétence B prédit la compétence A.
Étude de cas #1 : Le travail d'équipe
D’après les données de 2023, le travail d’équipe est une compétence fortement recherchée. Elle apparaît dans 48 % des offres d’emploi et est mentionnée dans tous les secteurs professionnels. Cependant, cette forte demande masque l’importance des liens entre le travail d’équipe et d’autres compétences, surtout lorsque seule la fréquence de cooccurrence est prise en compte.
Liens entre le travail d’équipe et d’autres compétences : fréquence et association
Pour explorer les relations entre le travail d’équipe et d’autres compétences, nous avons d’abord examiné la fréquence à laquelle ces compétences coapparaissent avec le travail d’équipe. Ensuite, nous avons analysé les associations à l’aide de l’IMPN. Pour notre ensemble de données, la Figure 3 présente les compétences qui coapparaissent le plus fréquemment avec le travail d’équipe et celles qui lui sont le plus fortement associées selon l’IMPN.
Figure 3 : Compétences les plus liées au travail d’équipe selon la fréquence et l’association
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Le premier graphique montre que le travail d’équipe coapparaît le plus fréquemment avec d’autres compétences fortement demandées (comme illustré dans la Figure 3). Bien que la fréquence offre une image claire des associations courantes entre compétences – ce qui est précieux pour comprendre les tendances dans les attentes des employeurs et sur le marché du travail global –, elle ne garantit pas que ces associations soient fortes ou significatives. Pour approfondir ces liens, nous avons analysé les associations entre compétences à l’aide de l’IMPN.
Par exemple, le service à la clientèle est souvent lié au travail d’équipe, mais il se classe au 12ᵉ rang selon l’IMPN. Dans nos données, cela indique que, bien que le travail d’équipe et le service à la clientèle apparaissent souvent ensemble, ils sont également associés à de nombreuses autres compétences, ce qui entraîne une relation plus faible selon l’IMPN. Les résultats pour d’autres compétences montrent des variations similaires, bien que moins marquées. Ces écarts montrent l’importance d’utiliser l’IMPN pour appréhender les relations plus entre compétences dans toutes leurs complexités.
L’analyse par l’IMPN offre une perspective plus détaillée de ces liens, car elle évalue la force de la relation entre deux compétences en comparant la probabilité qu’elles apparaissent indépendamment à celle qu’elles apparaissent conjointement. Étant donné que le travail d’équipe est demandé dans presque toutes les offres d’emploi, il a une forte probabilité d’être mentionné seul. Cela explique pourquoi sa valeur maximale d’association selon l’IMPN n’atteint que 0,15.
Prédicteurs pour le travail d’équipe
Les associations de compétences mesurées par l’IMPN fournissent des éclairages précieux sur les liens entre le travail d’équipe et d’autres compétences, mais elles ne permettent pas de saisir pleinement les relations particulières avec d’autres compétences, en raison de l’applicabilité étendue du travail d’équipe. Pour pallier cette limite, nous avons utilisé une mesure prédictive visant à comprendre la relation directionnelle entre le travail d’équipe et d’autres compétences.
Cette approche prédictive nous a permis de déterminer comment la présence d’autres compétences peut indiquer une probabilité accrue que le travail d’équipe soit également mentionné. Elle offre ainsi une lecture plus claire et exploitable des dynamiques de compétences dans les offres d’emploi. Le Tableau 3 présente les 10 meilleurs prédicteurs du travail d’équipe, ainsi que la valeur de confiance associée, qui mesure la probabilité qu’une compétence mentionnée dans une offre d’emploi soit accompagnée de la mention du travail d’équipe.
Tableau 3 : Principales compétences prédictives du travail d’équipe selon les valeurs de confiance
Valeur de confiance | Nombre d'offres d'emploi | |
Orienté vers les objectifs | 71 % | 66 476 |
Capacité à travailler sous pression | 70 % | 212 757 |
Initiative / Autonomie | 66 % | 319 161 |
Rythme rapide | 65 % | 547 673 |
Compétences interpersonnelles | 64 % | 541 346 |
Prise de décisions | 64 % | 468 615 |
Indicateurs clés de performance | 64 % | 48 536 |
Souci du détail | 64 % | 550 062 |
Compétences analytiques | 63 % | 156 238 |
Compétences en rédaction | 63 % | 348 071 |
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Dans notre étude, pour l’ensemble des offres d’emploi, 8 des 10 meilleurs prédicteurs du travail d’équipe sont des compétences socio-émotionnelles, dont la plupart figurent également parmi les compétences les plus associées au travail d’équipe. Les « indicateurs clés de performance » sont le seul prédicteur fort de cette liste à ne pas apparaître parmi les 20 compétences les plus associées au travail d’équipe.
Fait intéressant, bien que les compétences en communication présentent les taux de cooccurrence et d’association les plus élevés avec le travail d’équipe, elles ne constituent pas un prédicteur fort de cette compétence. Ces compétences coapparaissent plus que toute autre paire de compétences, mais restent suffisamment indépendantes pour qu’il existe une relation directionnelle faible entre les compétences en communication et le travail d’équipe.
Analyse des prédicteurs du travail d’équipe selon les professions
Bien que le travail d’équipe soit fortement demandé dans l’ensemble des professions, les principaux prédicteurs de cette compétence varient selon le domaine. Nous avons approfondi notre compréhension de ce que signifie le travail d’équipe dans différents contextes en analysant les principaux prédicteurs du travail d’équipe en 2023 pour chaque profession, comme le montre le Tableau 4.
Tableau 4 : Principaux prédicteurs du travail d’équipe par grande catégorie professionnelle (CNP 2021)
Catégorie | Compétence prédictive 1 | Compétence prédictive 2 | Compétence prédictive 3 | |
CNP 0 | Gestion | Logiciel CRM (75 %) | Pensée critique (72 %) | Microsoft Access (72 %) |
CNP 1 | Affaires, finance et administration | Pensée critique (70 %) | Prise de décision (66 %) | Encadrement (66 %) |
CNP 2 | Sciences naturelles et appliquées | Encadrement (74 %) | Travail sous pression (73 %) | Compétences interpersonnelles (73 %) |
CNP 3 | Santé | Travail sous pression (76 %) | Dextérité (74 %) | Rédaction (71 %) |
CNP 4 | Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux | Dextérité (85 %) | Pensée critique (75 %) | Préparation de rapports (72 %) |
CNP 5 | Arts, culture, sports et loisirs | Adobe Creative Cloud (77 %) | Optimisation pour les moteurs de recherche (73 %) | Maya (73 %) |
CNP 6 | Ventes et services | Orienté vers les objectifs (74 %) | Travail sous pression (74 %) | Compétences interpersonnelles (69 %) |
CNP 7 | Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés | Compétences interpersonnelles (72 %) | Coordination œil-main (71 %) | Travail sous pression (70 %) |
CNP 8 | Ressources naturelles, agriculture et production connexe | Compétences interpersonnelles (82 %) | Dextérité (80 %) | Renforcement d’équipe (80 %) |
CNP 9 | Fabrication et services d’utilité publique | Travail sous pression (74 %) | Dextérité (69 %) | Initiative / Autonomie (69 %) |
Note : Les pourcentages indiquent la probabilité que le travail d’équipe soit mentionné dans une offre d’emploi en présence de la compétence prédictive correspondante.
Sources : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Pour notre ensemble de données, il existe peu de constance parmi les principaux prédicteurs du travail d’équipe selon les professions. Les prédicteurs les plus forts varient entre les compétences socio-émotionnelles, les technologies et les compétences professionnelles, en fonction des professions. Par ailleurs, les niveaux de confiance des principaux prédicteurs augmentent généralement lorsqu’on analyse les résultats spécifiques à une profession, par rapport aux résultats globaux. Cette augmentation des niveaux de confiance et la variation des prédicteurs selon les professions mettent en évidence l’importance du contexte pour l’étude des tendances du marché du travail.
Étude de cas #2 : Compétences en communication
Cette deuxième étude de cas se penche sur les compétences en communication, qui apparaissent dans 39 % des offres d’emploi. Alors que le travail d’équipe est fortement demandé dans toutes les grandes catégories professionnelles, les compétences en communication présentent davantage de variations : les données de 2023 montrent une demande plus élevée dans les catégories CNP 0 à 4 que dans les catégories CNP 5 à 9. Cette variation dans la demande nous a permis d’explorer comment la popularité de cette compétence dans certaines professions influence sa relation avec d’autres compétences.
Relations avec les compétences en communication : fréquence et association
L’analyse des compétences qui coapparaissent le plus fréquemment avec les compétences en communication, ainsi que celles ayant les associations les plus fortes selon l’IMPN, permet de mieux comprendre les types de compétences en communication les plus recherchées.
La figure 4 présente les compétences qui coapparaissent le plus fréquemment avec les compétences en communication (graphique du haut) et celles qui présentent les associations les plus fortes selon l’IMPN (graphique du bas).
Figure 4 : Compétences les plus liées aux compétences en communication selon la fréquence et l’association
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Comme prévu, dans cet ensemble de données, les compétences en communication coapparaissent le plus souvent aux côtés d’autres compétences fortement demandées, notamment le travail d’équipe et le service à la clientèle. Pourtant, aucune de ces compétences ne figure parmi les 10 compétences les plus associées aux compétences en communication lorsqu’elles sont mesurées à l’aide de l’IMPN.
Les associations les plus fortes avec les compétences en communication, selon l’IMPN, sont les compétences interpersonnelles et la rédaction. Ensuite, la résolution de problèmes, les compétences analytiques et la gestion du temps présentent également des associations importantes. La rédaction, une forme de communication, n’apparaît que dans 26 % des offres d’emploi mentionnant la communication, se classant au huitième rang dans le graphique du haut de la figure 4. Cependant, sa forte association avec la communication selon l’IMPN – la deuxième plus élevée – indique que les offres demandent explicitement des compétences globales en communication, même lorsqu’elles incluent la rédaction comme compétence requise.
Prédicteurs des compétences en communication
Après avoir déterminé, à l’aide de l’IMPN, les compétences les plus associées aux compétences en communication, l’étape suivante a consisté à identifier les compétences qui constituent les principaux prédicteurs des compétences en communication dans ces offres d’emploi. Pour chaque compétence prédictive, un niveau de confiance (voir Tableau 5) indique la probabilité qu’une offre d’emploi de notre ensemble inclue les compétences en communication lorsque cette compétence prédictive est présente.
Le Tableau 5 présente les 10 compétences qui sont les prédicteurs les plus forts d’une offre d’emploi mentionnant les compétences en communication.
Tableau 5 : Principales compétences prédictives des compétences en communication selon les valeurs de confiance
Valeur de confiance | Nombre d'offres d'emploi | |
Rédaction | 83 % | 348 071 |
Esprit d'analyse | 78 % | 156 238 |
Technique de présentation | 78 % | 58 246 |
Techniques de négociation | 78 % | 43 951 |
Gestion des conflits | 76 % | 34 113 |
Relations interpersonnelles | 75 % | 541 346 |
Recherche | 74 % | 33 765 |
Microsoft Access | 73 % | 24 372 |
Multitâche | 70 % | 214 137 |
Microsoft Outlook | 70 % | 93 044 |
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
La rédaction se distingue comme le principal prédicteur des compétences en communication. Le niveau de confiance de 83 % indique qu’environ huit offres d’emploi sur dix requérant des compétences en rédaction mentionnent également des compétences en communication. Ce lien fort est en adéquation avec l’association élevée mesurée par l’IMPN entre ces deux compétences. La rédaction est intrinsèquement liée à la communication, ce qui met en évidence l’importance des compétences en rédaction. L’association mesurée par l’IMPN et le niveau de confiance concordent pour les principales compétences, montrant que les compétences liées aux compétences en communication tendent à être socio-émotionnelles, à l’exception des technologies spécifiquement liées à la suite Microsoft Office. Ces résultats mettent en lumière l’importance de l’IMPN et du niveau de confiance pour comprendre les relations nuancées entre la communication et d’autres compétences.
Prédiction des compétences en communication selon les professions
Nous avons intégré les professions aux prédicteurs pour mieux comprendre comment la demande de compétences en communication varie dans notre ensemble de données. Le Tableau 6 présente les principaux prédicteurs des compétences en communication par grande catégorie professionnelle.
Tableau 6 : Principaux prédicteurs des compétences en communication par grande catégorie professionnelle (CNP 2021)
Catégorie | Compétence prédictive 1 | Compétence prédictive 2 | Compétence prédictive 3 | |
CNP 0 | Gestion | Rédaction (93 %) | Microsoft Access (86%) | Microsoft Windows (83%) |
CNP 1 | Affaires, finance et administration | Rédaction (86 %) | Techniques de présentation (83 %) | Relations interpersonnelles (80 %) |
CNP 2 | Sciences naturelles et appliquées | Rédaction (85 %) | Techniques de présentation (84 %) | Techniques de négociation (82 %) |
CNP 3 | Santé | Esprit d’analyse (88 %) | Rédaction (87 %) | Compétences informatiques (85 %) |
CNP 4 | Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux | Rédaction (83 %) | Techniques de négociation (81 %) | Multitâche (80 %) |
CNP 5 | Arts, culture, sports et loisirs | Relations interpersonnelles (74 %) | Orienté vers les objectifs (73 %) | Esprit d’analyse (72 %) |
CNP 6 | Ventes et services | Rédaction (82 %) | Esprit d’analyse (77 %) | Techniques de présentation (77 %) |
CNP 7 | Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés | Rédaction (80 %) | Esprit d’analyse (72 %) | Microsoft Outlook (65 %) |
CNP 8 | Ressources naturelles, agriculture et production connexe | Rédaction (85 %) | Esprit d’analyse (81 %) | Production allégée (75 %) |
CNP 9 | Fabrication et services d’utilité publique | Rédaction (77 %) | Microsoft Outlook (68 %) | Esprit d’analyse (68 %) |
Sources : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
D’après nos données, nous avons constaté que la rédaction est le meilleur prédicteur des compétences en communication dans huit professions sur dix, et le deuxième meilleur prédicteur pour les professions liées à la santé. La seule grande catégorie professionnelle où la rédaction ne figure pas parmi les trois principaux prédicteurs des compétences en communication est le CNP 5 (Professions des arts, de la culture, des loisirs et du sport), où les relations interpersonnelles, l’orientation vers les objectifs et l’esprit d’analyse sont les compétences les plus prédictives.
L’esprit d’analyse montre également une forte relation avec les compétences en communication, se classant comme le deuxième meilleur prédicteur global (voir Tableau 5) et figurant parmi les principaux prédicteurs dans six catégories professionnelles sur dix (voir Tableau 6).
La cohérence des associations et les valeurs élevées de confiance à travers les catégories professionnelles mettent en lumière l’adaptabilité et la variabilité de la demande pour les compétences en communication dans différents contextes professionnels.
Étude de cas #3 : Service à la clientèle
Notre dernière étude de cas se concentre sur le service à la clientèle, qui apparaît dans 33 % des offres d’emploi de 2023 que nous avons examinées. Le service à la clientèle est principalement associé aux emplois dans les professions de la vente et des services. Nous avons voulu explorer comment une compétence généralement liée à un domaine particulier s’applique dans d’autres secteurs. Le service à la clientèle est une compétence particulièrement pertinente à examiner dans ce contexte.
La figure 5 présente les compétences qui coapparaissent le plus fréquemment avec le service à la clientèle (graphique du haut) et celles qui y sont le plus fortement associées selon l’IMPN (graphique du bas).
Figure 5 : Compétences les plus liées au service à la clientèle, selon la fréquence et l’association
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Bien que le service à la clientèle coapparaisse fréquemment avec des compétences socio-émotionnelles, les résultats de l’IMPN révèlent un éventail plus large d’associations. Dans cet ensemble de données, le service à la clientèle est en réalité moins associé aux compétences socio-émotionnelles que les compétences examinées dans nos autres études de cas, avec une seule compétence socio-émotionnelle figurant parmi les 10 associations les plus fortes. Cela met en évidence qu’un mélange plus diversifié de compétences est associé au service à la clientèle ; en effet, les quatre groupes de compétences y sont représentés.
Associations par profession pour le service à la clientèle
Le service à la clientèle est une compétence professionnelle : elle est étroitement liée aux professions de la vente et des services, mais se retrouve également dans des offres d’emploi dans d’autres domaines. Cette compétence est particulièrement pertinente pour analyser comment les tendances dans les professions de la vente et des services se comparent à celles des autres professions. Cette dernière étude de cas explore la question en détail grâce à des analyses supplémentaires.
Pour comparer les associations de compétences selon les professions, nous avons d’abord analysé les compétences les plus associées au service à la clientèle dans les professions de la vente et des services (figure 6, graphique du haut), avant d’examiner ses associations dans les autres professions (figure 6, graphique du bas).
Figure 6 : Compétences les plus associées au service à la clientèle, selon les professions
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Source: Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Nos résultats montrent des tendances différentes pour les professions de la vente et des services par rapport à l’ensemble des autres professions. Seules trois compétences – utilisation de terminaux informatiques, gestion de la caisse et capacité à travailler dans un environnement rapide – figurent parmi les 10 associations les plus fortes pour les deux groupes. Dans les professions de la vente et des services, les trois compétences les plus associées au service à la clientèle sont les compétences interpersonnelles, le travail d’équipe et les compétences en communication, qui sont toutes des compétences socio-émotionnelles. Cela souligne l’importance des compétences relationnelles dans les rôles de service à la clientèle au sein de ce groupe professionnel.
En revanche, les compétences associées au service à la clientèle dans les autres professions reflètent des fonctions généralement liées aux professions de la vente et des services. Cela inclut des compétences relatives à la gestion des transactions (comme l’utilisation de caisses enregistreuses, la gestion des espèces et l’utilisation de logiciels et de terminaux de point de vente) et à la gestion d’une boutique (comme la présentation visuelle des produits et l’utilisation de systèmes de gestion des stocks).
Prédicteurs du service à la clientèle
Pour les prédicteurs du service à la clientèle, nous avons étudié trois groupes, en commençant par l’ensemble des offres d’emploi, toutes professions confondues (tableau 7). Nous avons ensuite comparé les tendances dans les professions de la vente et des services avec celles de l’ensemble des autres professions (tableau 8).
Tableau 7 : Principales compétences prédictives du service à la clientèle selon les valeurs de confiance
Valeur de confiance | Nombre d'offres d'emploi | |
Caisses enregistreuses | 75 % | 49 244 |
Vente | 70 % | 105 875 |
Travail sous pression | 49 % | 212 757 |
Environnement rapide | 49 % | 547 673 |
Multitâche | 48 % | 214 137 |
Planification des horaires | 46 % | 85 925 |
Gestion des stocks | 46 % | 225 946 |
Orienté vers les objectifs | 45 % | 66 476 |
Santé et sécurité au travail | 44 % | 208 929 |
Flexibilité | 43 % | 617 348 |
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Dans l’ensemble, pour notre étude, les mentions de caisses enregistreuses ou de compétences en vente sont les principaux prédicteurs de la présence du service à la clientèle dans une offre d’emploi, avec un niveau de confiance égal ou supérieur à 70 %. Ces deux compétences se distinguent, car tous les autres prédicteurs affichent un niveau de confiance inférieur à 50 %. Pour mieux comprendre, un niveau de confiance de 50 % signifie que le service à la clientèle n’apparaît que dans une offre sur deux incluant la compétence prédictive.
Tableau 8 : Principales compétences prédictives du service à la clientèle, par profession
Prédicteurs principaux (vente et services uniquement) | Valeur de confiance | Prédicteurs principaux (ensemble des autres professions) | Valeur de confiance |
Logiciels de point de vente (POS) | 79 % | Multitâche | 41 % |
Systèmes de point de vente (POS) | 77 % | Travail sous pression | 40 % |
Caisses enregistreuses | 73 % | Gestion des stocks | 39 % |
Relations interpersonnelles | 72 % | Administration de bureau | 38 % |
Résolution de problèmes | 71 % | Microsoft Outlook | 37 % |
Santé et sécurité au travail | 70 % | Rythme rapide | 36 % |
Vente | 70 % | Commande de fournitures et d’équipements | 35 % |
Microsoft Outlook | 70 % | Souci du détail | 35 % |
Microsoft Office | 67 % | Manipulation de charges lourdes | 34 % |
Microsoft Suite | 67 % | Planification | 34 % |
Source : Calculs du CIMT basés sur les données de Vicinity Jobs, 2023
Dans cette analyse, le niveau de confiance des prédicteurs varie considérablement entre les professions de la vente et des services et l’ensemble des autres domaines. Dans les rôles liés à la vente et aux services, les niveaux de confiance des principaux prédicteurs se situent entre 67 % et 79 %, ce qui illustre la forte demande pour les compétences en service à la clientèle dans ce domaine. En revanche, dans les autres professions, les niveaux de confiance sont beaucoup plus faibles (par exemple, le niveau de confiance le plus élevé – pour le multitâche – n’atteint que 41 %). Ce faible niveau de confiance indique que, hors des postes liés à la vente et aux services, les compétences en service à la clientèle ne sont peut-être pas aussi étroitement liées à des compétences prédictives ciblées.
Les associations mesurées par l’IMPN et les prédicteurs apportent des perspectives complémentaires sur les relations entre les compétences, mais répondent à des objectifs distincts. L’IMPN permet d’évaluer la solidité des relations entre les compétences, ce qui peut s’avérer utile pour en comprendre les dimensions et identifier des compétences transférables. Les prédicteurs, quant à eux, mettent en lumière des relations directionnelles unilatérales, aidant à identifier les offres d’emploi dans un domaine particulier (vente et services) où des compétences en service à la clientèle seraient probablement recherchées. Chaque approche a des applications uniques, et le choix de l’une ou l’autre dépend de l’objectif. Pour ceux et celles se concentrant sur les exigences professionnelles au sein d’un groupe professionnel particulier, les prédicteurs fournissent des indications sur les offres correspondant aux rôles les plus susceptibles de tirer parti des compétences en service à la clientèle.
Que faut-il en retenir ? Pourquoi est-ce important ?
En utilisant les offres d’emploi en ligne comme source d’information sur le marché du travail, ce rapport a présenté de nouvelles approches pour mesurer et comprendre les relations entre compétences. À travers nos études de cas, nous avons démontré comment ces méthodes peuvent mettre en lumière les liens entre compétences dans les offres d’emploi, permettant ainsi une compréhension approfondie des besoins du marché du travail.
La méthode de comptage de fréquence permet d’identifier les compétences qui coapparaissent le plus souvent. Toutefois, bien que simple, le comptage de fréquence seul peut induire en erreur en raison de la demande inégale pour les compétences. Ce déséquilibre peut donner l’impression que les compétences très demandées sont étroitement liées, même si, en pratique, elles n’entretiennent pas de relation significative.
Pour compenser le déséquilibre dans la demande de compétences, nous avons analysé les associations entre compétences. Cette technique examine comment les compétences sont reliées entre elles en fonction de leur usage conjoint dans le texte des offres d’emploi en ligne. En termes simples, elle repose sur l’idée que les employeurs recherchent fréquemment des candidats maîtrisant des ensembles de compétences connexes. Cela nous a permis d’explorer les relations naturelles entre compétences au sein des offres d’emploi.
Les associations révèlent également les dimensions d’une compétence, en s’appuyant sur les recoupements avec les exigences d’autres compétences. Cela peut être utile pour transposer une compétence d’un contexte à un autre, par exemple lors d’une reconversion professionnelle.
Nous avons également mis en évidence l’importance des prédicteurs de compétences, qui permettent d’identifier où une compétence peut trouver sa place en fonction de la présence d’autres compétences dans une offre d’emploi. Les prédicteurs sont particulièrement utiles pour repérer des offres d’emploi en lien avec une compétence donnée, même si celle-ci n’est pas mentionnée directement. Ces méthodes ont révélé des nuances. Par exemple, nous avons constaté que les compétences étudiées coapparaissent principalement avec des compétences socio-émotionnelles. En raison de leur forte demande, les compétences socio-émotionnelles ont tendance à coapparaître plus fréquemment entre elles et avec d’autres compétences. Fait intéressant, nous avons appris que le travail d’équipe est la compétence qui apparaît le plus souvent avec d’autres compétences socio-émotionnelles et que sa présence prédit effectivement une augmentation du nombre moyen de compétences socio-émotionnelles dans une offre d’emploi.
Les analyses d’associations ont révélé que le travail d’équipe présente de faibles valeurs d’association avec d’autres compétences. Cela pourrait s’expliquer par la forte demande pour cette compétence, ce qui augmenterait la probabilité qu’elle apparaisse de manière indépendante, réduisant ainsi sa valeur d’association potentielle. Ces faibles associations ont limité notre capacité à approfondir la relation entre le travail d’équipe et d’autres compétences ; cette compétence ne semble pas former de paires fortes ou particulières. Cependant, nous avons constaté que la plupart des compétences associées au travail d’équipe restent des compétences socio-émotionnelles.
Cette tendance se confirme lorsqu’on examine les prédicteurs du travail d’équipe, où huit des dix meilleurs prédicteurs sont des compétences socio-émotionnelles.
Pour les compétences en communication, nous avons observé de fortes connexions avec la rédaction, quel que soit la méthode de recherche utilisée. Cela indique que les compétences liées à la communication forment un groupe plus homogène que celles observées pour le travail d’équipe ou le service à la clientèle.
Les compétences les plus pertinentes pour la communication – rédaction, esprit d’analyse, relations interpersonnelles et multitâche – apparaissent de manière constante à la fois dans les prédicteurs et les associations. De plus, les prédictions liées à la communication restent relativement cohérentes d’une profession à l’autre. Cela met en évidence un profil de compétences homogène, ce qui facilite une description précise de ce que les employeurs recherchent lorsqu’ils demandent des compétences en communication dans les offres d’emploi.
Le service à la clientèle, sujet de notre troisième étude de cas, coapparaît également fréquemment avec des compétences socio-émotionnelles, mais présente davantage de variations dans ses relations avec les compétences selon nos autres approches. Un aspect unique du service à la clientèle réside dans le fait que la plupart de ses prédicteurs globaux affichent de faibles niveaux de confiance, avec seulement deux compétences prédictives présentant une valeur de confiance supérieure à 50 %.
Étant donné que le service à la clientèle est fortement lié aux professions de la vente et des services, nous avons examiné comment ses résultats en matière d’associations et de prédicteurs différaient dans le contexte spécifique aux professions de la vente et des services, par rapport à l’ensemble des autres professions. Dans les professions de la vente et des services, les compétences les plus associées au service à la clientèle sont toutes des compétences socio-émotionnelles, ce qui souligne l’importance des compétences relationnelles dans ces professions.
Les prédicteurs affichent également des niveaux de confiance plus élevés dans le contexte des professions de la vente et des services, tandis que les analyses menées sur l’ensemble des autres professions montrent des niveaux de confiance plus faibles. Ces taux de confiance plus bas indiquent qu’il existe probablement peu d’uniformité dans la manière dont le service à la clientèle est pris en compte en dehors des professions de la vente et des services.
Analyser ces relations nuancées, y compris la force des associations et les relations directionnelles entre compétences, peut offrir une meilleure lecture des tendances de la demande en compétences sur le marché du travail. Une approche plus granulaire, comme une répartition par profession, pourrait mettre en lumière des informations qui resteraient autrement invisibles dans les résultats globaux.
La voie à suivre
Le CIMT continuera à élaborer des pratiques exemplaires et des lignes directrices pour mieux comprendre la demande en compétences à partir des offres d’emploi en ligne
La méthodologie présentée dans ce rapport pourrait être utilisée pour reproduire cet exercice en explorant d’autres dimensions des offres d’emploi en ligne.
Par exemple, de futures études pourraient approfondir l’analyse en examinant les tendances liées à certaines caractéristiques des offres d’emploi, notamment en analysant l’impact des exigences en matière de formation et d’éducation ou en explorant les différences dans les exigences en compétences selon divers environnements de travail (p. ex., sur site, hybride ou à distance).
Cette méthodologie pourrait également être utilisée pour comparer les tendances entre différents marchés du travail, par exemple entre les régions, ou pour fournir une analyse ciblée sur certains groupes de compétences, telles que celles associées à l’intelligence artificielle (IA). En examinant les relations entre les compétences en lien avec l’IA et d’autres compétences, il serait possible d’identifier les compétences clés fréquemment recherchées conjointement et de mettre en lumière des combinaisons de compétences émergentes qui s’imposent progressivement.
Une autre approche pourrait consister à explorer les professions à un niveau plus granulaire que celui de ce travail initial. Cela pourrait être réalisé en intégrant des classifications professionnelles plus détaillées (par exemple, en utilisant les codes CNP à cinq chiffres) afin d’approfondir notre compréhension de l’évolution des compétences étroitement associées à certaines professions. Cela pourrait, à son tour, permettre une compréhension plus approfondie des parcours professionnels.
La méthodologie présentée dans ce rapport ouvre la voie à de nombreuses possibilités de recherche, notamment une cartographie approfondie des compétences selon les professions, des analyses par regroupements pour identifier les ensembles naturels de compétences ou des études longitudinales pour suivre l’évolution des tendances dans le temps.
Cette recherche a établi les bases d’une approche globale pour comprendre les relations nuancées entre les compétences et leur impact sur les tendances du marché du travail, offrant ainsi des perspectives précieuses qui pourraient autrement être méconnues.
Remerciements
Ce rapport a été rédigé par Laura Adkins-Hackett et Sukriti Trehan pour le CIMT.
Pour plus d’informations concernant ce rapport, veuillez contacter research@lmic-cimt.ca.
Comment citer ce rapport
Adkins-Hackett, L. et Trehan, S. (2025). Explorer les liens entre les compétences : Déchiffrer la demande de compétences sur le marché du travail à partir des offres d’emploi en ligne. Ottawa : Conseil de l’information sur le marché du travail (CIMT).
Notes
1 Les postes vacants enregistrés sont fournis par Statistique Canada dans le cadre de l’Enquête sur les postes vacants et les salaires.
2 Pour les professions, nous utilisons la catégorie professionnelle générale à un chiffre de la Classification nationale des professions, publiée en partenariat entre Emploi et Développement social Canada et Statistique Canada. Vicinity Jobs a associé 83 % des offres d’emploi à leur catégorie professionnelle générale.
3 La fréquence a été déterminée en examinant les offres d’emploi pour chaque profession de manière isolée, afin que la forte variation du nombre d’offres par profession ne compromette pas les résultats.
4 Le facteur de normalisation utilisé pour nos calculs IMPN est appelé auto-information et est calculé à l'aide de la formule suivante - log2 p(A, B)
Références
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