Avenir du travail
Une ressource sélectionnée de recherches récentes sur les tendances qui façonnent le marché du travail au Canada.
Le plus récent rapport du Burning Glass Institute, No Country for Young Grads (en anglais), met en lumière une réalité préoccupante : un baccalauréat ne garantit plus l’accès à un emploi professionnel comme c’était le cas auparavant.
Aux États-Unis, les jeunes diplômé·es font face à une montée du chômage et du sous-emploi, même si le marché du travail dans son ensemble demeure relativement stable. Un an après l’obtention de leur diplôme, plus de la moitié des personnes finissantes de la promotion 2023 occupaient un emploi ne nécessitant pas de diplôme. Plus encore, en rupture avec les tendances habituelles, les mises à pied ont davantage touché les personnes diplômées que celles ayant moins de scolarité.
Le rapport met en évidence quatre forces structurelles qui redessinent les perspectives de début de carrière :
- L’intelligence artificielle prend en charge les tâches d’entrée qui servaient autrefois de tremplin aux nouvelles générations de diplômé·es.
- Les modèles de dotation réduite adoptés pendant la pandémie se sont maintenus, les employeurs hésitant de plus en plus à recruter de la main-d’œuvre en début de carrière.
- L’IA ne se contente pas de remplacer des emplois : elle accroît la productivité du personnel expérimenté, réduisant ainsi la nécessité d’un apprentissage en milieu de travail.
- Enfin, la hausse continue du nombre de diplômé·es universitaires a saturé le marché, accentuant la concurrence pour un bassin d’emplois pertinents de plus en plus restreint.
Ces dynamiques transforment le parcours traditionnel qui menait des études universitaires à un premier emploi, puis à une progression professionnelle. Beaucoup de jeunes se retrouvent désormais confinés dans des postes qui ne nécessitent pas leurs compétences et qui offrent peu de perspectives d’avancement. Le rapport met en garde : sans intégration plus significative des talents en début de carrière, ce blocage pourrait devenir une réalité durable du marché du travail contemporain.
Le Canada n’échappe pas à ces pressions. Les premiers signes indiquent que les jeunes diplômé·es rencontrent des difficultés similaires à celles observées aux États-Unis pour s’intégrer au marché du travail. Comme chez son voisin, le passage de l’université à l’emploi se fragilise, soulevant des inquiétudes quant aux perspectives à long terme de la relève hautement scolarisée du pays.