Table des matières
Aperçu, bien-fondé et objectif
- Les compétences exigées aujourd’hui pour réussir dans le monde du travail évoluent rapidement. Les travailleurs sont soumis à des pressions pour constamment améliorer leurs compétences, et les employeurs ont de plus en plus de difficulté à trouver le personnel ayant les bonnes compétences pour atteindre leurs objectifs.
- L’élaboration d’une table de concordance pancanadienne qui relie les compétences aux professions est un jalon important qui nous aidera à mieux comprendre la nature changeante des emplois.
- Un plan en cinq étapes est proposé pour évaluer, établir et maintenir une table de concordance entre la Taxonomie des compétences et capacités qu’a récemment élaborée Emploi et Développement social Canada (EDSC) et le système de la Classification nationale des professions (CNP).
- Les diverses méthodes pour produire cette table de concordance feront l’objet d’une évaluation basée sur des critères prédéterminés, comme les exigences en matière de collecte de données, la rigueur statistique de ces exigences, l’utilité pour l’aide à la prise de décisions éclairées, ainsi que le coût d’adoption et de maintien de ces différentes méthodes.
- Pour s’assurer que la Taxonomie et sa table de concordance avec la CNP continuent d’évoluer de manière à combler les besoins des parties concernées, les observations et les commentaires des partenaires seront sollicités pendant tout le processus.
- Pour garantir la crédibilité, la rigueur et l’intégrité de la table de concordance finale, Statistique Canada et Emploi et Développement social Canada assureront la gestion et l’encadrement de l’infrastructure statistique exigée pour tenir et mettre à jour la table de concordance.
Introduction
Les pénuries de main-d’œuvre actuelles et futures sur le marché du travail au Canada sont une source de préoccupation pour les décideurs depuis quelques années. Il est primordial de mieux comprendre les compétences sous-jacentes et les besoins de formation des employeurs et des travailleurs, ainsi que d’aider les établissements d’éducation et de formation à mieux préparer et aider les travailleurs à s’y retrouver dans un monde du travail en constante évolution. Les spécialistes du marché du travail réclament depuis longtemps plus de clarté dans la définition et la mesure des compétences et de leurs liens avec le marché du travail.
Toutefois, le Canada manque de sources de données crédibles et accessibles offrant de l’information fiable sur les compétences associées aux emplois, et doit renforcer et renouveler les efforts déjà entrepris à cet égard. Pour améliorer la situation, des mesures relativement simples peuvent être prises pour tirer profit de l’infrastructure existante, notamment la Classification nationale des professions (CNP) et de récentes initiatives visant à élaborer un cadre de travail plus riche quant aux compétences et capacités. Emploi et Développement social Canada (EDSC), Statistique Canada et le Conseil de l’information sur le marché du travail (CIMT) se sont associés pour combler cette importante lacune de l’information sur le marché du travail. Ensemble et avec leurs partenaires, les trois organisations établiront un cadre canadien partagé et accessible qui liera la Taxonomie des compétences et capacités d’EDSC (voir l’annexe A) à la CNP, d’une manière qui tiendra compte de l’évolution des compétences requises pour le travail.
Un lien statistique fiable (ou une table de concordance) entre la Taxonomie d’EDSC et la CNP permettrait de mieux refléter la composition et la répartition des compétences par emplois (p. ex. les professions et secteurs d’activité) et par caractéristiques de la main-d’œuvre (p. ex. son niveau d’éducation).
Encadré 1 — Mesure des compétences – Inconvénients et considérations
Tout projet destiné à documenter les compétences associées à la CNP devra tenir compte de la mesure des compétences et des inconvénients de chaque méthode (voir le tableau 1; Perspectives de l’IMT no 14). Cette recommandation vaut à la fois pour l’offre et la demande de compétences. Ainsi, les tests psychométriques et l’évaluation des compétences fondée sur les aptitudes peuvent produire une information très granulaire sur le plan individuel (l’offre de compétences), mais il s’agit de tests onéreux et qui peuvent produire des résultats ambigus quant à ce qui effectivement mesuré. De même, l’approche selon laquelle des analystes évaluent directement les tâches de travailleurs pour 500 professions peut permettre d’obtenir des résultats exacts en ce qui concerne les compétences exigées, mais l’exercice prendrait beaucoup de temps et les résultats risqueraient de devenir caducs avant leur validation et publication. D’autres méthodes plus systémiques ou fondées sur les métadonnées pour mesurer la demande de compétences peuvent être efficaces et économiques, mais manquent de spécificité. Ces considérations relatives à la mesure seront prises en compte, au même titre que d’autres critères (abordés ci-dessous), au moment d’évaluer les diverses méthodes pour arrimer les compétences à la CNP.
Contexte
Pour concevoir des programmes d’éducation, de formation et de soutien à l’emploi, divers paliers de gouvernement et des organisations du secteur privé ont élaboré une série de normes et de cadres de référence afin de caractériser les travailleurs et les caractéristiques des emplois, comme les compétences, les domaines de connaissances, les tâches, etc. Ces classifications sont généralement propres à la politique ou au programme évalué, ou encore sont la propriété intellectuelle de l’entreprise.
Étant donné l’importance croissante des compétences, nous avons besoin de meilleures données et perspectives pour éclairer les décisions que nous prenons. La CNP est le cadre qui nous sert à décrire le monde du travail au Canada et elle forme la base à partir de laquelle nous devrions concevoir et structurer de nouvelles informations sur le marché du travail. Plus particulièrement, nous devons tabler sur le système statistique établi des professions pour structurer et organiser l’information sur les compétences. Un tel système devrait également prendre en compte les modalités de mesures directes ou indirectes des compétences (voir l’encadré 1).
Pour tirer parti de la structure de la CNP et l’arrimer à la Taxonomie des compétences et capacités d’EDSC, on doit établir une concordance entre les professions de la CNP et des compétences précises. Cette table de concordance relierait chaque catégorie professionnelle à un ensemble de compétences. Cette table de concordance permettrait d’approfondir le cadre actuel de la CNP sans en altérer la structure.
Une telle table de concordance rigoureuse et durable constituera un premier jalon pour aider les particuliers, les employeurs, les établissements d’enseignement et de formation, les décideurs, les chercheurs, les professionnels en développement de carrière et d’autres personnes à mieux comprendre les compétences exigées aujourd’hui et à l’avenir.
Une taxonomie des compétences et capacités canadienne
Dans le but d’arrimer les compétences aux professions, EDSC a défini neuf compétences essentielles « pour vivre, apprendre et travailler », en plus d’avoir élaboré 372 profils des compétences essentielles rattachés à 361 professions pour guider les fournisseurs de formation sur les compétences exigées et mieux baliser le financement destiné à l’acquisition de compétences (voir l’annexe B). Ces compétences et leurs profils sont actuellement en révisions afin de déterminer de quelle façon ils peuvent être modernisés pour mieux refléter le marché du travail en constante mutation. L’organisme a également développé le Guide sur les carrières, un document d’orientation basé sur la CNP et offrant des informations supplémentaires sur les compétences associées aux carrières (930 profils professionnels).
Pour enrichir et compléter ces efforts, EDSC a commencé en 2017 à travailler sur une Taxonomie des compétences et capacités (voir l’annexe A) qui uniformise la terminologie en usage pour un certain nombre de domaines et de concepts. Au-delà des compétences, la Taxonomie offre un cadre global pour caractériser les travailleurs et les emplois dans six autres catégories mutuellement exclusives. L’exclusivité des catégories est importante pour éviter la redondance des termes et des définitions (voir la figure 1). Dans le volet de la Taxonomie qui traite des compétences, il y a 47 compétences distinctes (désignées comme descripteurs), toutes accompagnées de définitions et réparties en cinq groupes : fondamentales, analytiques, techniques, gestion des ressources et interpersonnelles.
L’élaboration de la Taxonomie a été développée à partir d’une variété de ressources internes, de la recherche quantitative et qualitative et des consultations auprès des intervenants. Un des premiers objectifs a été d’uniformiser la façon de présenter l’information sur les professions et les compétences, tout en tenant compte des outils existants d’EDSC, comme les profils des compétences essentielles, le Guide sur les carrières d’EDSC, ainsi que la liste des habiletés et connaissances qui accompagne le Guichet-Emploi. En ce qui concerne les catégories de compétences, la Taxonomie tire parti des efforts actuels de définition des compétences. La Taxonomie fait appel au système O*NET, un outil conçu par le US Bureau of Labor Statistics (BLS)1. Elle puise également dans des sources d’information pancanadiennes comme les Normes professionnelles du sceau rouge et les normes professionnelles nationales. Après l’étude approfondie de ces outils et d’autres cadres internationaux, des descripteurs ont été définis, compilés et organisés pour former cette Taxonomie des compétences et capacités. Ces catégories et sous-catégories bien définies aideront à améliorer l’intuitivité de la Taxonomie et la compréhension de chaque compétence.
Figure 1 — Cadre taxonomique des compétences et capacités d’EDSC
Remarque : « Habileté », « capacité » et « compétence » sont souvent utilisés indifféremment dans la langue courante. Dans les publications spécialisées, toutefois, des nuances s’imposent pour différencier ces termes. Une compétence fait intervenir l’utilisation d’aptitudes, de capacités et d’attributs pour exécuter une tâche ou répondre à des demandes. Voir aussi l’annexe A pour les définitions de ces différents termes.
Arrimage de la Taxonomie des compétences et capacités à la CNP
La mesure et la définition des compétences dans le contexte du monde du travail sont des opérations d’une grande complexité, tant du point de vue de l’offre que de celui de la demande. Un des moyens à envisager pour aider à améliorer l’information et les perspectives sur le marché du travail consiste à relier la Taxonomie des compétences et capacités d’EDSC et la CNP. Une telle table de concordance permettrait essentiellement de documenter les compétences associées à chaque profession. L’objet du présent document de réflexion est de préciser la forme et la manière de procéder.
À cette fin, EDSC, Statistique Canada et le CIMT, de pair avec leurs homologues provinciaux et territoriaux, collaborent à la mise en place d’une démarche progressive d’élaboration et d’évaluation de cette table de concordance. Une approche graduelle garantira que l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi sont statistiquement solides, méthodiques, axés sur l’utilisateur et durables en pratique. Voici les cinq étapes du projet de table de concordance :
- Consultation et amélioration continues de la Taxonomie des compétences et capacités
- Identification et évaluation de méthodes d’arrimage
- Réalisation de divers essais pilotes
- Évaluation et validation des essais pilotes à l’aide de critères prédéfinis
- Diffusion, administration et mise en œuvre
Même si la quatrième étape concerne spécifiquement l’évaluation et la validation, chaque étape sera entreprise dans une optique critique. Pendant tout le processus et à chaque étape du projet, nous solliciterons la participation des intervenants par des consultations directes et des demandes de rétroaction. Les détails entourant les cinq étapes sont abordés ci-dessous.
Étape 1 : Consultation et amélioration continues de la Taxonomie des compétences et capacités
La Taxonomie des compétences et capacités présentée dans ce document n’en est qu’à la première mouture pour commentaires et rétroaction. La Taxonomie continuera d’évoluer à mesure qu’EDSC poursuit ses efforts de consultation auprès des gouvernements provinciaux et territoriaux, des organisations sectorielles nationales, des associations de travailleurs, des établissements d’enseignement et de formation, des professionnels en développement de carrière, du secteur privé et d’autres organismes fédéraux et spécialistes externes (voir l’encadré 2 pour en savoir plus sur les efforts relatifs aux compétences numériques). Il s’agit là d’un processus important, non seulement pour recevoir une rétroaction directe sur la Taxonomie, mais également pour permettre la collecte de descripteurs plus exacts et pertinents.
Étape 2 — Définition et évaluation de méthodes d’arrimage
Au cours de la deuxième étape, nous rechercherons, définirons et évaluerons diverses méthodes pour relier les compétences à toutes les professions d’une manière cohérente. Ces efforts porteront dans un premier temps sur la nature possible de la relation entre les compétences et les professions et les méthodes appropriées de collecte de données. Il existe un certain nombre d’approches prévalentes, entre autres : i) la consultation de spécialistes des professions; ii) la recherche directe de renseignements auprès des travailleurs et des employeurs; iii) la collecte indirecte de renseignements par les données provenant d’offres d’emplois et de de curriculums vitae affichés en ligne; et iv) des approches hybrides. Les méthodes actuelles vont du recours à des analystes des professions, comme pour le système O*NET, aux méthodes quantitatives que privilégient les organisations privées. Par exemple, LinkedIn utilise les textes des annonces d’emplois pour circonscrire les compétences recherchées, tandis que Nesta, une fondation d’innovation basée au Royaume-Uni, a dressé une liste de compétences recherchées et les a rattachées à des professions à l’aide d’algorithme d’apprentissage machine. Ces méthodes de collecte de données sur les compétences et d’arrimage aux professions, ainsi que d’autres, seront étudiées au cours de cette étape du projet.
Il sera important à cette étape de définir les critères d’évaluation qui permettront de cerner les avantages et les inconvénients, de même que les défis que présentent les diverses approches. Le tableau 1 ci-dessous contient un résumé des sept critères généraux qui nous aideront à évaluer les approches. Par exemple, le recours aux analystes de professions pour apparier les compétences à la CNP a de fortes chances d’être statistiquement valable et granulaire, mais de telles approches sont coûteuses à maintenir et moins adaptées au monde du travail en constante évolution. À l’inverse, l’utilisation de données web est économique, très souple, et offre des perspectives (quasi) en temps réel; toutefois, la fiabilité statistique de la seule utilisation de données en ligne est discutable. Une solution hybride qui tire profit des meilleures qualités de diverses méthodes est aussi envisageable. Il pourrait s’agir par exemple d’une table de concordance entre les compétences de base et la CNP basée sur l’analyse d’experts, qui serait régulièrement et rigoureusement ajustée selon la réalité, à partir d’indicateurs qui pourraient être tirés de données en ligne.
Il faut également tenir compte de ce qui définit le lien entre les compétences et les professions, p. ex., l’importance d’une compétence pour un emploi, ou la complexité de l’utilisation de cette compétence dans l’emploi. Par exemple, dans le système O*NET, les compétences sont cartographiées selon les professions au moyen d’une cote d’importance sur une échelle de 1 à 5, où 1 représente « pas important » et 5, « extrêmement important ». D’autre part, la Classification européenne des aptitudes/compétences, certifications et professions établit une correspondance entre les compétences et les professions au moyen de classifications binaires – une compétence est soit « essentielle » soit « non essentielle » pour l’emploi. L’évaluation des approches de la mise en correspondance des compétences avec la CNP nécessitera également une réflexion approfondie de la façon dont la relation est mise en correspondance.
Encadré 2 — Compétences numériques
Innovation, Sciences et Développement économique Canada (ISDE) a créé un groupe de travail interministériel sur les compétences et les talents, qui réunit des représentants de l’ensemble du gouvernement, pour discuter d’une variété de politiques en matière de compétences. Un sous-groupe de travail a été mis sur pied pour étudier et faire progresser les concepts liés aux compétences numériques et aider à appuyer les politiques, les programmes et les objectifs statistiques connexes dans l’ensemble du gouvernement.
Dans sa forme actuelle, la Taxonomie des compétences et capacités définit les compétences numériques ainsi : « La compréhension et l’utilisation de systèmes, d’outils et d’applications numériques, et le traitement de l’information numérique ». Cette définition se trouve actuellement dans la catégorie des compétences et la sous-catégorie des compétences fondamentales.
Des discussions sont actuellement en cours au sein du sous-groupe de travail interministériel sur les façons de tirer parti du cadre des compétences numériques, en relation avec la Taxonomie d’EDSC. Plus précisément, pour l’année 2019, l’objectif est de se concentrer sur l’étude des compétences numériques, en se fondant sur des normes, des pratiques et des concepts reconnus à l’échelle nationale et internationale, et de dégager un consensus sur une définition qui répond aux besoins des membres.
Tableau 1 — Principaux critères d’évaluation d’un projet de table de concordance
Critère | Description |
---|---|
Flexible | Géré et réalisé de manière à pouvoir être modifié, élargi ou adapté pour répondre à l’évolution des conditions du marché du travail et refléter les nouvelles compétences. |
Durable et économique |
Ressources suffisantes pour maintenir et mettre à jour la table de concordance. |
Représentatif | Reflète les diverses façons dont les employeurs, les travailleurs et les établissements de formation formulent leurs exigences en matière de compétences. |
Granulaire | Intègre une plus grande précision des compétences et des données propres aux professions. |
Réactif | Permet aux décideurs, aux conseillers en orientation et en emploi, aux rédacteurs de programmes et à d’autres personnes de prendre des décisions plus éclairées sur la formation professionnelle et les études. |
Mesurable | Permet de mesurer les compétences de manière raisonnable. |
Statistiquement pertinent |
De bonnes méthodes empiriques garantissent que les estimations du niveau de compétences et de leur répartition reflètent la réalité des marchés du travail au Canada. |
Étape 3 — Réalisation de divers essais pilotes
Après l’évaluation de ces diverses approches et la marche à suivre recommandée, nous sélectionnerons une série de professions qui feront l’objet d’un essai pilote. Le nombre de professions de la CNP utilisées dépendra de la méthodologie retenue à la deuxième étape. Des méthodes plus qualitatives et à plus forte intensité de main-d’œuvre demanderaient l’utilisation d’un petit sous-ensemble de professions de la CNP, tandis que des méthodes fortement automatisées permettraient l’inclusion d’un grand nombre de professions.
Étape 4 — Évaluation et validation des essais pilotes à l’aide de critères prédéfinis
Après les essais pilotes nous recueillerons de l’information et des données supplémentaires à partir de sources certifiées pour régler les problèmes susceptibles de survenir au cours de la mise en œuvre. Il sera important d’effectuer un contrôle de la qualité pour garantir la conformité à une série de critères de validation prédéterminés. À cette étape et pendant tout le cycle de vie du projet, nous évaluerons si la table de concordance satisfait aux principaux critères établis dans le tableau 1 ci-dessus.
Étape 5 Diffusion, administration et mise en œuvre
La dernière étape du projet sera la publication et la promotion de la Taxonomie des compétences et capacités et de la table de concordance avec la CNP. À ce stade, les enjeux clés seront la crédibilité, l’accessibilité et la capacité à évoluer. D’abord, quant à la crédibilité, Statistique Canada et Emploi et Développement social Canada assureront la gestion et l’encadrement de la table de concordance et de la Taxonomie. Ensuite, comme pour la CNP, la Taxonomie des compétences et capacités et sa table de concordance avec la CNP seront du domaine public et il sera possible de les consulter en ligne dans un format lisible par machine, avec des descriptions claires et complètes de la méthodologie et des métadonnées. Troisièmement, la Taxonomie et sa table de concordance avec la CNP doivent être flexibles et aptes à réagir aux besoins des intervenants et à l’émergence de nouvelles technologies. Évidemment, les changements apportés à la Taxonomie nécessiteront des révisions de sa table de concordance. Cependant, on ne doit pas supposer que la méthode retenue pour la table de concordance demeurerait la meilleure option qui soit. L’infrastructure mise en place pour maintenir à jour la Taxonomie et la table de concordance par de nouvelles analyses, de nouveaux essais pilotes et ultimement, la mise en œuvre de techniques plus efficaces et rigoureuses.
Enfin, on ne doit pas sous-estimer l’ampleur de la tâche. C’est pourquoi il sera crucial d’établir un plan opérationnel limpide, avec les coûts et responsabilités connexes, qui garantira la viabilité du projet à long terme. Les profils de compétences des travailleurs et des employeurs canadiens demeureront un élément clé de l’information sur le marché du travail et ce, pendant de longues années encore. Nous sommes résolus à faire en sorte que les Canadiens aient accès à l’information recherchée et souhaitée sur les compétences.
La suite des choses
Les emplois évoluent rapidement, à mesure que les milieux de travail innovent et adoptent de nouvelles technologies. Les compétences requises pour ces emplois se transforment au même rythme. Dans le but de nous aider à comprendre les compétences associées aux emplois, ce document de réflexion met de l’avant une approche graduelle d’évaluation et de mise en œuvre d’une table de concordance pancanadienne pour arrimer les compétences aux professions. Il s’agit là d’un premier jalon important pour mieux comprendre collectivement les liens entre les compétences et les emplois.
Toutefois, un tel outil n’est pas une solution miracle. Et à vrai dire, cette table de concordance se veut complémentaire à d’autres initiatives dont l’objectif est de garantir, dans un monde du travail en constante évolution, que les Canadiens disposent des bonnes compétences pour réussir et que les employeurs aient accès aux talents qu’ils recherchent pour faire prospérer leurs entreprises.
Nous voulons faire en sorte que la Taxonomie des compétences et capacités et son arrimage à la CNP soient ouverts, transparents et accessibles à tous (au même titre que ce processus). Cette observation est particulièrement importante étant donné les définitions des compétences variables, souvent contradictoires ou inexactes, et les multiples tables de concordance présentement disponibles mais payantes. À cet égard, l’une des principales raisons d’être du projet est de s’aligner sur une taxonomie largement reconnue, ou à tout le moins d’assurer une certaine convergence générale en matière de compétences et de professions.
Pour conclure, nous ferons preuve de responsabilité et de transparence en consultant nos partenaires et les intervenants, en diffusant l’état d’avancement du projet pendant tout son cycle de vie et en fournissant de l’information actuelle, exacte et pertinente au grand public. En effet, la réussite de ce projet repose essentiellement sur la mobilisation de tous les acteurs à travers un processus de consultation ouvert et inclusif.
Remerciements
Ce document de réflexion a été préparé conjointement par le personnel du Conseil de l’information sur le marché du travail, de Statistique Canada (Division de la statistique sur le travail), et d’Emploi et Développement social Canada (Direction de l’information sur le marché du travail).
Vos commentaires sont les bienvenus. Pour nous faire part de vos observations et de votre point de vue sur la meilleure façon d’aller de l’avant avec cet exercice, veuillez communiquer avec nous par courriel à info@lmic-cimt.ca.
Pour plus d'informations sur ce rapport, veuillez contacter research@lmic-cimt.ca.
Annexe A. Taxonomie des compétences et capacités d’ESDC
En complément à d’autres programmes d’emploi fédéraux, provinciaux et territoriaux axés sur l’identification et l’utilisation des compétences, Emploi et Développement social Canada a élaboré une Taxonomie des compétences et capacités afin de faciliter un dialogue pancanadien sur les compétences.
La Taxonomie sert à rationaliser la terminologie pour un certain nombre de domaines et de concepts de capacités (compétences, habiletés et attributs personnels, connaissances, intérêts), de contextes professionnels, d’activités de travail et d’outils et d’information technologique, tout en visant à améliorer la comparabilité de leur incidence et de leur application dans les professions et secteurs. La Taxonomie complète également le développement d’une gamme de produits d’IMT, comme les profils de compétences pour les professions, qui détailleront les compétences exigées pour accéder à des professions données, ainsi que d’autres indicateurs d’utilisation des compétences (p. ex. : l’importance d’une compétence pour une profession en particulier ou la fréquence de son utilisation).
La Taxonomie a été élaborée à partir de produits internes (p. ex. : le Guide sur les carrières, la liste des habiletés et connaissances et les Profils de compétences essentielles), du système américain O*NET, ainsi que d’une variété de cadres de travail nationaux et internationaux axés sur les compétences.
EDSC continue de consulter des intervenants internes et externes, y compris les provinces et les territoires, afin de valider et d’améliorer le contenu de la Taxonomie des compétences et capacités.
Note sur la nuance entre « compétences » et « capacités » :
Dans le domaine des compétences, en anglais, il y a présentement débat sur l’utilisation des termes « skills » et « competencies »1 . D’après les documents publiés sur le sujet, il y a une nuance à faire entre les deux, notamment que les « competencies » (les capacités) présument l’utilisation des « skills » (des compétences), ainsi que les habilités et les attributs pour réaliser une tâche ou répondre à une demande. Conformément à la documentation existante, EDSC propose les définitions suivantes pour la Taxonomie des compétences et capacités :
Capacités : L’utilisation combinée des habiletés et attributs personnels, des compétences et des connaissances pour accomplir efficacement un travail, un rôle, une fonction, une tâche ou un devoir.
Source : Adaptation de la définition de « competencies » de la International Society for Performance Improvement et de l’Organisation de coopération et de développement économiques.
Compétences : Capacités acquises que doit avoir une personne pour bien accomplir un travail, un rôle, une fonction, une tâche ou un devoir.
Source : Adaptation de la définition de « skills » d’O*Net.
Habiletés et attributs personnels : Aptitudes, inhérentes et développées, facilitant l’acquisition de connaissances et de compétences requises pour effectuer le travail attendu.
Source : Adaptation de la définition de « abilities » et « work styles » d’O*Net.
Note sur les compétences numériques
L’un des défis de la Taxonomie est l’intégration du concept de compétences numériques. Ce faisant, EDSC mène un certain nombre d’activités afin de perfectionner sa Taxonomie, par exemple en assumant le rôle de secrétariat du Sous-groupe de travail sur la classification des compétences et des capacités du groupe de travail sur les compétences et les talents d’ISDE-EDSC-Statistique Canada. Le sous-groupe de travail étudie actuellement les termes, les définitions et le placement des compétences numériques dans la Taxonomie (voir l’encadré 2).
Sources
Détails de la Taxonomie des compétences et capacités
Emploi et Développement social Canada (EDSC) a travaillé en étroite collaboration avec des intervenants internes et externes, dont les provinces et les territoires, pour établir la première version de la Taxonomie des compétences et capacités (disponible ici). Le Conseil de l’information sur le marché du travail continuera de collaborer avec EDSC et Statistique Canada pour s’assurer de l’harmonisation des travaux en cours en ce qui concerne le recensement des compétences énumérées ici avec la Classification nationale des professions (CNP) décrite dans la présente note conceptuelle.
Annexe B. Le Cadre des Compétences essentielles
Toutes les composantes des Compétences essentielles énumérées ci-dessous sont saisies dans la Taxonomie des compétences et capacités d’EDSC.
Note : Le Bureau de l’alphabétisation et des compétences essentielles (BACE), EDSC, entreprend la tâche de renouveler le Cadre des compétences essentielles en 2019-2020, en accordant une attention particulière aux « compétences générales » (p. ex., communication orale, travail d’équipe). Les discussions avec les principaux intervenants déboucheront sur des recommandations pour le renouvellement du cadre des CE.
Compétences essentielles |
Compétences essentielles à la base de l’apprentissage de toute autre compétence. Elles permettent aux gens de mieux se préparer à obtenir et à conserver un emploi ainsi qu’à s’adapter au marché du travail et à réussir sur le plan professionnel. |
Descripteurs | Définitions |
Formation continue (cf. parmi les quatre dimensions de la compétence ‘Apprentissage’ dans la Taxonomie) |
L’apprentissage continu renvoie aux compétences requises pour développer et améliorer continuellement ses compétences et connaissances afin de pouvoir effectuer son travail efficacement et de s’adapter aux changements. |
Technologie numérique | La technologie numérique désigne les compétences requises pour comprendre et utiliser des systèmes, outils et applications numériques et traiter l’information numérique. |
Utilisation de documents | L’utilisation de documents renvoie aux compétences requises pour trouver, saisir et utiliser des lettres, des chiffres, des symboles et des images sur support papier et électronique. |
Calcul (les composantes de ce descripteur sont des descripteurs distincts dans la Taxonomie) |
Le calcul se rapporte aux compétences nécessaires pour comprendre et mettre en pratique les concepts et les renseignements mathématiques. |
Communication verbale (cf. communication verbale : prise de la parole, compréhension orale et écoute active dans la Taxonomie |
La communication verbale désigne les compétences requises pour échanger des idées et de l’information avec d’autres personnes en parlant, en écoutant ou en utilisant des indices non verbaux, comme le langage corporel. |
Lecture | La lecture désigne les compétences requises pour comprendre et mettre en pratique l’information contenue dans des phrases ou des paragraphes. |
Capacité de raisonnement : pensée critique (cf. Pensée critique dans la Taxonomie) |
La pensée critique désigne les compétences requises pour déterminer, en utilisant la logique et le raisonnement, les points forts et les points faibles des solutions de rechange, des conclusions ou des approches à l’égard des problèmes. |
Capacité de raisonnement : prise de décisions (cf. Prise de décisions dans la Taxonomie) |
La prise de décisions désigne les compétences requises pour faire un choix parmi d’autres. |
Capacité de raisonnement : recherche de renseignements (cf. Recherche de renseignements dans la Taxonomie) |
La recherche de renseignements désigne les compétences requises pour rechercher des renseignements, ce qui implique la consultation de toute une gamme de sources (textes, personnes ou bases de données informatisées ou systèmes d’information). |
Capacité de raisonnement : planification et organisation de tâches (cf. Planification et organisation de tâches dans la Taxonomie) |
La planification et organisation de tâches fait référence à la mesure dans laquelle l’employé planifie et organise ses tâches. Il ne s’agit pas de participation à des activités de planification pour son entreprise. |
Capacité de raisonnement : résolution de problèmes (cf. Résolution de problèmes dans la Taxonomie) |
La résolution de problèmes désigne les compétences requises pour identifier des problèmes et examiner l’information connexe permettant d’élaborer et d’évaluer des options et de mettre en œuvre les solutions. |
Capacité de raisonnement : utilisation particulière de la mémoire (cf. Utilisation particulière de la mémoire dans la Taxonomie) |
La capacité des travailleurs du groupe professionnel de pouvoir utiliser leur mémoire de façon particulière ou inhabituelle. Cela ne comprend pas l’utilisation normale de la mémoire nécessaire dans le cadre de chaque profession. |
Travail d’équipe | Il s’agit de pouvoir interagir avec d’autres personnes (une ou plusieurs). |
Rédaction | La rédaction désigne les compétences requises pour pouvoir composer un texte manuscrit ou dactylographié afin de communiquer de l’information et des idées. |