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L'image de collage montre un commerçant qui affiche un avis de recrutement sur une porte, à côté d'un robinet qui laisse couler des gouttes d'eau.

Combler les besoins en matière de main d’œuvre du marché du travail : approches visant à pourvoir les postes vacants au Canada

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Dans un précédent billet de blogue, nous avions évoqué le resserrement du marché du travail au Canada et les défis que cela pose aux décideurs politiques et à l’économie.

Nous avions souligné la dynamique démographique qui contribue au resserrement du marché du travail, notamment le vieillissement de la population active et le faible taux de fécondité. Nous avions également noté certaines solutions du côté de l’offre, comme l’augmentation de la taille de la population et l’amélioration des possibilités d’éducation et de formation. 

Dans cet article de suivi, nous mettons l’accent sur la croissance de la taille de la population et du taux d’emploi nécessaire pour pourvoir les postes vacants au Canada.

Selon Statistique Canada, on comptait 815 300 postes vacants au Canada en mars 2023.  

Pour pourvoir ces postes, en supposant un taux d’emploi constant, notre population en âge de travailler (15 à 64 ans) devrait augmenter de 4,6 %. Pour pourvoir ces emplois avec la population en âge de travailler actuelle, le taux d’emploi devrait augmenter de 3,3 points de pourcentage (de 75 % à 78,3 %).

Les nouveaux immigrants

Les nouveaux immigrants sont souvent considérés comme susceptibles de contribuer à combler les besoins en matière de main d’œuvre du marché du travail canadien. Le Canada attire des immigrants instruits et hautement qualifiés. En 2023, le Canada prévoit d’accueillir 500 000 immigrants.

Cependant, en supposant un taux d’emploi constant, la population immigrante de 25 à 54 ans devrait augmenter de 22,4 % (de 4,4 millions à 5,4 millions de personnes) pour pourvoir tous les postes vacants.

Cela signifie qu'il faudrait plus que doubler l’objectif actuel en matière d’immigration pour pourvoir tous les postes vacants au Canada. (Une autre solution consisterait à augmenter de 18,6 points de pourcentage le taux d’emploi des immigrants pour atteindre 101,6 %, en maintenant la population constante, ce qui est évidemment irréaliste.)

Admettre davantage d’immigrants n’est pas une solution simple. De nombreux immigrants formés ont du mal à trouver du travail dans leur domaine, et les enfants représentent une proportion importante de la population immigrante. Des solutions qui aident les nouveaux arrivants à intégrer le marché du travail, comme une meilleure reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger, des programmes ciblés pour les immigrants et des cours de langue, peuvent être utiles. Toutefois, il existe des obstacles systémiques importants à l’accroissement de la population immigrante du Canada, comme la disponibilité de logements abordables et de services publics adéquats. En outre, un plus grand nombre de nouveaux arrivants pourrait exacerber la demande de biens et de services déjà rares. Par conséquent, le Canada ne devrait pas uniquement compter sur l’immigration pour combler les postes vacants constatés sur le marché du travail. 

Les jeunes et les travailleurs d’âge mûr

Les besoins en main d’œuvre du marché du travail canadien pourraient également être comblés en augmentant les taux d’emploi de deux groupes déjà présents sur le marché du travail canadien ou qui se tiennent à l'écart : les jeunes (15 à 24 ans) et les travailleurs d’âge mûr (55 à 64 ans).

En effet, les taux d’emploi de ces deux groupes sont relativement faibles par rapport à la population générale. En janvier 2023, le taux d’emploi des jeunes était de 55,6 %, tandis que le taux d’emploi des travailleurs d’âge mûr était de 63,7 %. En maintenant la population à un niveau constant, le taux d’emploi des jeunes devrait augmenter de 18 points de pourcentage (pour atteindre 73,6 %) afin de pourvoir tous les postes vacants. Cependant, une telle augmentation pourrait entraîner une baisse des taux de fréquentation scolaire, ce qui pourrait nuire aux résultats à long terme sur le marché du travail.

Quant aux travailleurs d’âge mûr, leur taux d’emploi devrait augmenter de 15,9 points de pourcentage (à 79,6 %) pour combler les postes vacants. Bien qu’il ne soit pas toujours possible ou souhaitable qu’un travailleur reste sur le marché du travail plus longtemps que prévu, cela peut présenter des avantages. D’un point de vue macroéconomique, l’emploi continu des travailleurs âgés soutient l’assiette fiscale et augmente les cotisations aux régimes de retraite du gouvernement. D’un point de vue individuel, travailler plus longtemps peut augmenter le revenu de retraite. Des modalités de travail souples, ainsi que le travail à distance ou à temps partiel, pourraient encourager les travailleurs d’âge mûr à travailler plus longtemps.  

Les femmes

Les femmes représentent un autre groupe qui pourrait contribuer à pourvoir les postes vacants sur le marché du travail. 

Bien que le taux d’emploi des femmes ait toujours été inférieur à celui des hommes, des améliorations significatives ont été enregistrées au cours des dernières décennies. En janvier 2023, les taux d’emploi des femmes et des hommes en âge de travailler étaient respectivement de 82,1 % et de 87,1 %. Pour pourvoir tous les postes vacants, le taux d’emploi des femmes en âge de travailler devrait atteindre 92,8 % (une augmentation de 10,7 points de pourcentage). Une telle augmentation est peu probable, mais il pourrait être utile d’améliorer les subventions pour la garde des enfants et de réduire la discrimination à l’égard des femmes sur le lieu de travail. Faciliter la conciliation de la vie de parent et de la vie professionnelle pourrait également entraîner une augmentation des taux de fécondité et de la croissance démographique, ce qui pourrait réduire à plus long terme les lacunes constatées sur le marché du travail.

De plus, les femmes sont sous-représentées dans certains secteurs, notamment les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques. Les programmes d’éducation et de formation des employeurs qui abordent les obstacles systémiques, comme les préjugés et le harcèlement, pourraient encourager davantage de femmes à poursuivre une carrière dans ces domaines. 

Les groupes sous-représentés

Les groupes sous-représentés, comme les personnes en situation de handicap ou les minorités visibles, pourraient également contribuer à combler les postes vacants sur le marché du travail. Cependant, certains membres de ces groupes se heurtent à des obstacles à l’emploi importants, comme la discrimination, un accès limité à l’éducation et à la formation, et un manque de soutien social. L'augmentation de leur taux d'emploi pourrait passer par la mise en œuvre de pratiques de recrutement plus inclusives, la réduction de la discrimination sur le lieu de travail et la diversification des pratiques d'emploi ou de travail.

La voie à suivre

En conclusion, combler les postes vacants sur le marché du travail tendu du Canada nécessitera un effort concerté de la part tous les niveaux de gouvernement et de tous les employeurs. Il n’existe pas de solution unique. Des politiques et des programmes ciblés visant à accroître l’immigration, à réduire les clivages en matière d’emploi entre les âges et les genres, et à accroître les taux d’emploi des groupes sous-représentés peuvent tous jouer un rôle pour pourvoir les postes vacants et stimuler l’économie canadienne. 

Headshot of Anne-Lore Fraikin, LMIC Research Lead.

Anne-Lore Fraikin

Responsable de la recherche

Dr. Fraikin contribue à l'analyse et au développement de l'information sur le marché du travail au Canada. Elle apporte son expertise en analyse des politiques publiques, en microéconomie et en microéconométrie ainsi qu'en économie du marché du travail, de la population et publique.

Headshot of Michael Willcox, LMIC Economist.

Michael Willcox

Économiste

Michael Willcox contribue à l'analyse et au développement de l'information sur le marché du travail au Canada. Il apporte son expérience de l'analyse des politiques et de l'évaluation des programmes, acquise dans le cadre de ses fonctions antérieures dans le secteur public.

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