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Le SIPeC au cœur de la mise en correspondance des compétences et des professions

Rapport de perspectives de l'IMT nº 43

Juin 2021

c4
statcan
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Table des matières

Principaux constats

  • Emploi et Développement social Canada, avec le soutien de Statistique Canada et du Conseil de l’information sur le marché du travail, met actuellement au point une base de données qui associe les compétences aux professions, un peu comme O*NET aux États-Unis, la taxonomie des compétences au Royaume-Uni et l’ESCO en Europe.
  • La conception de ce système s’appuie sur les pratiques exemplaires tirées des différentes approches évaluées dans les précédents Rapports de perspectives de l’IMT (p. ex. : recours à des experts des professions, moissonnage du web) et sur les leçons tirées de divers exemples d’ailleurs dans le monde.
  • En considérant les besoins et les exigences d’un système canadien, plusieurs caractéristiques des exemples étrangers ressortent. D’abord, on constate que l’utilisation de plusieurs sources de données (p. ex. : les données O*NET, les données extraites du web et la validation par des experts), grâce à l’analyse de leur complémentarité, améliorerait la diffusion rapide des profils professionnels. Cela permettrait de maintenir la qualité de l’information fournie par le système et d’accroître sa pertinence dans le contexte canadien. Ensuite, une série de fonctions de marquage et de filtrage aiderait les Canadiens à explorer de vastes ensembles de données et améliorerait l’expérience des utilisateurs.
  • Système d'information sur les professions et les compétences (SIPeC) fournira un cadre de référence pour les professions et les compétences dans le contexte canadien. La réalisation du SIPeC comportera deux phases. La première phase consistera à établir et à valider des profils pour près de 900 professions. La deuxième phase, elle, portera sur la diffusion de l’information au moyen d’une interface utilisateur bilingue et interrogeable.

Introduction

Le Conseil de l’information sur le marché du travail (CIMT) a travaillé conjointement avec Emploi et Développement social Canada (EDSC) et Statistique Canada (StatCan) pour décrire les emplois en fonction des compétences requises et d’autres caractéristiques. Tout d’abord, nous avons publié un court document de réflexion décrivant l’approche prévue pour la mise en correspondance de la nouvelle Taxonomie des compétences et des capacités d’EDSC avec le système de la Classification nationale des professions (CNP). Ensuite, nous avons examiné certaines caractéristiques et exigences clés d’un système canadien. Nous nous sommes entre autres penchés sur le système américain O*NET, en nous concentrant sur les domaines de compétences et sur l’évaluation manuelle des compétences par les analystes des professions. Nous avons également procédé à une évaluation des technologies modernes permettant de générer ou de mettre à jour les profils professionnels, notamment la collecte à grande échelle de données provenant d’offres d’emploi en ligne.

Dans le cadre de la conception de son propre système d’information sur les professions, le Canada a l’occasion unique d’étudier des modèles d’ailleurs dans le monde pour s’en inspirer. Dans le présent Rapport de perspectives de l’IMT, cinq de ces modèles sont examinés : O*NET (États-Unis), la taxonomie des compétences du Royaume-Uni, l’ESCO (Europe), la JEDI (Australie) et le Skills Framework (Singapour) afin de mettre en évidence leurs méthodes de collecte de données et de caractérisation des compétences requises pour les emplois dans le monde réel.

Applications dans d’autres systèmes dans le monde

Dans les travaux précédents, on a noté trois approches pour cerner les besoins en compétences : 1) les enquêtes, 2) les évaluations manuelles par des analystes qualifiés, et 3) les techniques partiellement ou totalement automatisées qui reposent sur l’intelligence artificielle. En pratique, une ou plusieurs de ces techniques sont utilisées par cinq des systèmes de données sur les professions les plus connus dans le monde (voir l’encadré 1).

Encadré 1 : Cinq systèmes étrangers d’information sur les professions et les compétences
Occupational Information Network (O*NET)

La base de données américaine O*NET est un dépôt de données public en libre accès, largement utilisé, qui fournit des informations sur les travailleurs et les professions, telles que les compétences requises, les activités professionnelles et les tâches, pour 923 professions. Les données sont organisées selon un système de classification à six niveaux appelé le modèle de contenu O*NET. Les utilisateurs peuvent consulter les données en ligne à partir des profils professionnels interrogeables ou télécharger les données complètes dans cinq formats de fichier.

Classification européenne des aptitudes/compétences, certifications et professions (ESCO)

est un système de classification de l’information sur les professions dans les États membres de l’UE. Il comprend 13 485 descripteurs de compétences, d’aptitudes, de tâches et de connaissances requises, avec des définitions pour chacun d’eux. L’ESCO a pour objectif d’améliorer la communication entre les secteurs de l’éducation et de la formation sur le marché du travail de l’UE, ainsi que de faciliter l’échange de données entre les employeurs, les prestataires de services éducatifs et les chercheurs d’emploi, indépendamment de la langue ou du pays.

Taxonomie des compétences du Royaume-Uni

Cette collaboration entre Nesta et le Centre d’excellence pour les statistiques économiques (ESCoE) permet de regrouper plusieurs professions dans un même profil afin de créer des grappes de compétences. Il existe 143 grappes, chacune contenant de l’information sur les compétences générales requises pour travailler dans l’une de ces professions ainsi que la demande pour chaque grappe. La taxonomie des compétences du Royaume-Uni est un outil en libre accès destiné aux chercheurs; cependant, elle n’est pas encore utilisée par le gouvernement pour concevoir ou proposer un cadre de référence en matière de compétences.

Jobs and Education Data Infrastructure (JEDI)

Conçue pour la Commission nationale des compétences (NSC) d'Australie, la JEDI est un moteur de données. Grâce à l’apprentissage automatique et à d’autres techniques, elle rassemble de multiples sources de données traditionnelles et en temps réel sur l’offre et la demande de compétences, et peut aider à mettre en évidence les compétences transférables que les travailleurs possèdent pour d’autres emplois. Dans le cadre du projet JEDI, la NSC a mis au point une classification des compétences australiennes fondée sur des données. Il existe actuellement environ 600 profils de compétences pour les professions du marché du travail australien, classées selon la taxonomie de la Classification standard des professions australiennes et néo-zélandaises (ANZSCO). Ces informations sont accessibles aux utilisateurs via le site web australien Job Outlook.

Skills Framework de Singapour

Dans le cadre de l’initiative SkillsFuture de Singapour, le cadre des compétences Skills Framework a été conçu pour améliorer l’information et donc la prise de décisions en matière de scolarité et de formation, de développement de carrière et d’amélioration des compétences. Le cadre lui-même a été pensé par des groupes d’employeurs, des associations sectorielles, des établissements d’enseignement, des syndicats et le gouvernement. Il comprend de l’information sur plusieurs secteurs, professions, postes, compétences et formations. Le cadre des compétences est lié aux feuilles de route de transformation sectorielles (ITMs) du gouvernement, conçues pour les secteurs clés afin de répondre aux besoins et d’améliorer les relations entre les travailleurs, les employeurs et le gouvernement. Elles permettent donc au cadre de compétences de tenir compte de ces secteurs importants, notamment des informations sur les entreprises recueillies à partir de modèles d’enquête sur les fonctions et les exigences des emplois.

Établir des profils professionnels à partir de données d’enquête

Les enquêtes sur les compétences auprès des employeurs du Royaume-Uni, mises en œuvre par le gouvernement sur une base périodique, sont utilisées pour développer la taxonomie des compétences du Royaume-Uni. Ces enquêtes permettent de cerner les difficultés rencontrées par les employeurs dans un climat économique donné et peuvent aider à connaître les besoins en compétences, les processus de recrutement et les pratiques de formation. Elles constituent donc des sources d’information précieuses pour évaluer la demande de main-d’œuvre. En 2017, une évaluation des enquêtes sur les compétences auprès des employeurs du Royaume-Uni a révélé qu’elles étaient utiles pour mettre en évidence les déficits, les lacunes et les inadéquations de compétences à un niveau granulaire; toutefois, les coûts liés à la mise en œuvre des enquêtes constituaient un inconvénient notable.

Comme l’explique le Rapport de perspectives de l’IMT no 31, O*NET utilise également des enquêtes dans le cadre de son processus de production de données. Pour ce faire, des questionnaires sont envoyés aux employeurs et aux titulaires de postes pour mesurer et évaluer les tendances de la demande de compétences afin de compléter l’ensemble de données. Cela favorise l’enrichissement des informations sur les tâches, le domaine de connaissances, les activités professionnelles et le contexte de travail d’une profession, utilisées par les analystes des professions dans le processus de classement des compétences. Ces informations permettent également de faire ressortir les professions pour lesquelles la demande est forte afin que les spécialistes des professions puissent mettre à jour ces profils.

Accéder aux compétences grâce aux analystes de l’emploi

O*NET utilise un ensemble prédéterminé de 35 descripteurs de compétences, définis par l’équipe de conception du prototype O*NET au milieu des années 1990. Ces descripteurs sont ensuite regroupés en sept sous-catégories mutuellement exclusives. Les analystes des professions associent les compétences aux professions selon un système d’évaluation de l’importance et du niveau des compétences et des capacités. Les cotes sont déterminées en examinant les informations sur la profession tirées du système O*NET, à partir d'enquêtes menées auprès des titulaires de la profession en question. Cela reflète également le fait que le développement d’O*NET repose principalement sur des enquêtes.

Les informations fournies par l’ESCO sont collectées à partir d’une série de sources telles que les systèmes de classification nationaux, les rapports, les documents de recherche et les offres d’emploi. Des experts sont ensuite engagés pour examiner les professions, secteur par secteur, et analyser les connaissances, les aptitudes et les compétences qui leur correspondent. Un des principaux obstacles pour l’ESCO est qu’il y a peu de normalisation dans le développement des grappes de compétences. Un système de hiérarchie facilite la consultation de la grande quantité d’informations incluses.

Moissonnage du web

Contrairement à l’ESCO et à O*NET, la taxonomie des compétences du Royaume-Uni ne fait pas appel à des analystes pour valider les profils professionnels, pour des raisons de coût et de rapidité des mises à jour. Au lieu de cela, le système s’appuie sur l’intelligence artificielle pour récupérer les données des offres d’emploi afin de recueillir des informations sur les compétences, bien que tous les emplois ne soient pas publiés en ligne. Le Rapport de perspectives de l’IMT no 32 souligne également que les données des offres d’emploi en ligne peuvent être biaisées en faveur de certaines industries, régions, tailles d’entreprises et exigences en matière de scolarité. On ne sait pas non plus comment la taxonomie des compétences du Royaume-Uni enregistre et catégorise le vocabulaire inconnu et les nouvelles aptitudes et compétences. Il peut s’agir là d’une lacune des modèles d’intelligence artificielle fondés sur des formules. La taxonomie des compétences du Royaume-Uni montre toutefois que l’un des principaux avantages de l’exploitation des offres d’emploi réside dans le fait que les compétences sont décrites dans le langage des employeurs et non dans celui des universitaires et des décideurs.

De son côté, la JEDI a recours à des offres d’emploi australiennes récupérées sur le web et achetées auprès d’une société de courtage de données pour compléter les données O*NET américaines transposées et s’assurer que le contexte professionnel australien est reflété. Les données des offres d’emploi permettent notamment de faire en sorte que les aptitudes, les sanctions d’études et les exigences en matière de scolarité pour les professions correspondent à la réalité australienne. De plus, les données des offres d’emploi extraites en temps quasi réel offrent aux travailleurs la possibilité de mettre à jour leurs compétences et leurs informations professionnelles au fur et à mesure que les professions évoluent.

O*NET met constamment à jour les professions à forte demande. Pour ce faire, il s’appuie sur un ensemble de sources, notamment des données d’enquête auprès des titulaires de postes, ainsi que des experts en professions et des recherches sur le web. Les offres d’emploi sont analysées et utilisées pour déterminer quelles professions connaissent une forte demande, et doivent être mises à jour en premier. On obtient ainsi une indication automatisée de l’évolution de la demande de main-d’œuvre qui, bien que biaisée par les affichages en ligne, peut être utilisée en conjonction avec les informations recueillies manuellement et pour les valider.

Connaître sa base d’utilisateurs

Les utilisateurs comprennent aussi bien de la main-d’œuvre en quête de transitions professionnelles que des étudiants souhaitant entrer sur le marché du travail, des conseillers en emploi, des spécialistes de la formation professionnelle, des chercheurs et des décideurs politiques. Tous ces utilisateurs ont des préférences et des besoins différents et requièrent différents types d’informations. Par exemple, la taxonomie des compétences du Royaume-Uni fournit des informations sur le salaire moyen d’une grappe de compétences, ce qui est particulièrement important pour la prise de décision en matière de carrière.

Le site australien Job Outlook s’adresse aux personnes qui cherchent à se réorienter professionnellement. Chaque outil du site est conçu pour aider cette base d’utilisateurs, depuis les questionnaires destinés à donner des idées de carrières jusqu’à l'outil de correspondance des compétences qui aide les travailleurs à trouver des carrières qui répondent à leurs compétences.

Les informations complémentaires de ces ensembles de données peuvent inclure des exigences en matière de connaissances ainsi que des informations analytiques. L’ESCO, par exemple, fournit des renseignements sur les connaissances requises en complément des compétences pour la plupart des professions dans un secteur donné.

Par ailleurs, O*NET identifie les professions qui devraient se développer à l’avenir (à l’aide de la balise « bright outlook »), ainsi que celles associées à l’économie verte (à l’aide de la balise « green jobs »). Cela répond à l’un des principaux objectifs d’un tel système d’information, soit de déceler les futures demandes de compétences potentielles et les déficits de compétences imminents.

Voici le SIPeC

En collaboration avec StatCan et le CIMT, EDSC a mis au point un système canadien conçu pour regrouper sous un même toit l’information sur les compétences et les professions ainsi que d’autres sources pertinentes d’IMT. Ce système sera connu sous le nom de Système d'information sur les professions et les compétences (SIPeC). Compte tenu des besoins canadiens, le SIPeC s’inspire principaux des éléments suivants des systèmes internationaux susmentionnés :


L’utilisation de multiples sources de données (p. ex. : données O*NET, données extraites du web, validation par des experts), grâce à l’analyse de leur complémentarité, améliorerait la diffusion rapide des profils professionnels tout en maintenant la qualité de l’information dans le système. Cela augmenterait également sa pertinence dans le contexte canadien.


Une série de fonctions de marquage et de filtrage aiderait les utilisateurs à explorer de vastes ensembles de données et améliorerait leur expérience.


Le fait de relier éventuellement les informations sur les compétences et les professions à d’autres sources d’information sur le marché du travail (par exemple, les salaires, les perspectives, les considérations sectorielles et régionales) renforcerait la valeur du système pour sa base d’utilisateurs diversifiée.

Le SIPeC contribuera à répondre aux besoins des Canadiens en présentant de l’information sur le marché du travail et les professions qui pourra aider différents utilisateurs à prendre des décisions judicieuses en matière de choix de carrière et de planification des études. Il permettra également d’obtenir des conseils plus éclairés sur l’entrée ou la réintégration sur le marché du travail, le passage à de nouvelles professions, la formation adéquate pour combler les lacunes en matière de compétences d’une personne et la possibilité qu’un programme d’études ou de formation précis mène à un emploi rémunéré, entre autres résultats. Les informations contenues dans le SIPeC constitueront également une riche source de données pour l’étude d’un large éventail de questions et d’interventions sur le marché du travail. Par exemple, une fois prêt, le système pourrait servir à l’analyse de la similitude des professions, des tâches professionnelles et de la transférabilité des compétences, ainsi qu’à fournir des tendances plus macroéconomiques sur la demande de compétences.

La voie à suivre

Lancé en mars 2020 en rassemblant les initiatives et les étapes précédemment accomplies, le projet SIPeC devrait être achevé d’ici la fin 2022. Actuellement, le projet est dans la phase de création de la base de données. Les profils de près de 900 professions différentes sont en cours de construction à l’aide d’informations détaillées provenant de sources fiables. Ils seront ensuite validés par des experts afin de garantir leur pertinence dans le contexte canadien actuel. La phase suivante du projet consistera à diffuser les informations au moyen d’une interface utilisateur bilingue et interrogeable.

Remerciements

Le présent Rapport de perspectives de l’IMT a été préparé par du personnel du Conseil de l’information sur le marché du travail, de Statistique canada (Centre de l’information sur le marché du travail) et d’Emploi et Développement social Canada (direction de l’Information sur le marché du travail).

Pour plus d'informations sur ce rapport, veuillez contacter research@lmic-cimt.ca

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350 Sparks Street
Suite 604
Ottawa, Ontario K1R 0A4

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