Avenir du travail
Une ressource sélectionnée de recherches récentes sur les tendances qui façonnent le marché du travail au Canada.
Cet article, publié dans le Cambridge Journal of Economics, explore les principaux défis et enjeux actuels liés à l’avenir du travail et du temps de travail.
Les auteurs soutiennent que l’idée d’une semaine de travail normale, équitablement rémunérée, est non seulement menacée, mais déjà hors de portée pour une grande partie des travailleurs et travailleuses. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation :
- La fragmentation des processus de travail et la gestion algorithmique (l’utilisation d’outils et de technologies pour gérer les forces de travail à distance), particulièrement présentes dans les emplois atypiques
- La transition vers une économie en fonctionnement permanent
- L’expansion du travail sur les plateformes numériques
L’article retrace l’histoire du travail et explique que les heures de travail ont émergé avec l’essor du capitalisme, puis que le mouvement ouvrier a contribué à leur réduction progressive. C’est ainsi qu’a émergé la relation d’emploi normale, en particulier la semaine de travail normale, et que le nombre d’heures de travail a diminué.
Les auteurs affirment que, ces dernières années, la réduction de la semaine de travail à cinq jours a stagné, et ils attribuent ce phénomène à plusieurs facteurs, dont :
- La faiblesse du pouvoir de négociation des travailleurs et travailleuses
- L’impact du consumérisme
- L’attrait du travail au-delà de la simple génération de revenus
Ils soulignent également que les changements dans les normes du temps de travail découlent de plusieurs éléments : l’expansion de l’économie des services, des changements politiques et l’essor du travail à la demande.
Ces évolutions ont fragilisé les protections des travailleurs et travailleuses, tout en rendant le temps de travail plus flexible. Selon les pays, de nouveaux modèles ont émergé. Les auteurs notent que l’économie de plateformes a accéléré ces transformations, contribuant à l’érosion progressive du modèle fordiste traditionnel, caractérisé par des horaires de travail fixes.
Selon les auteurs, il est nécessaire de développer des approches novatrices pour réguler le temps de travail afin de protéger la santé et le bien-être des employés. Ils ajoutent qu’un nombre croissant de voix plaide pour l’instauration d’une semaine de travail de quatre jours, une mesure qui pourrait améliorer la santé, favoriser l’égalité des genres et permettre aux travailleurs et travailleuses de profiter des avancées technologiques.
Les auteurs concluent que l’introduction d’une semaine de travail de quatre jours pourrait marquer un tournant, en éloignant la société des arrangements individualisés et flexibles au profit d’une semaine de travail plus courte et standardisée, bénéfique pour tous.