Les travailleurs autonomes canadiens optent de plus en plus pour le travail en solo pendant la pandémie de COVID-19
Au cours de l'année 2020, les travailleurs autonomes en solo - ceux qui travaillent de façon indépendante pour leur propre compte et n’ayant pas d’employés - représentaient 73 % de tous les travailleurs autonomes canadiens.
Les travailleurs autonomes, comme beaucoup d’autres groupes de travailleurs, ont subi les répercussions négatives de la pandémie au cours des dix-huit derniers mois, mais le taux du travail autonome est demeuré remarquablement stable ces deux dernières décennies, représentant entre 15 et 16 % de l’emploi total (voir la figure 1).
Néanmoins, la composition du groupe des travailleurs autonomes (c.-à-d. ceux ayant des employés et ceux qui n’en ont pas) a beaucoup changé. Le travail autonome en solo, les personnes qui travaillent de façon indépendante pour leur propre compte et n’ayant pas d’employés, est devenu le type le plus courant de travail autonome : en 2000, les travailleurs autonomes solos représentaient 65 % des travailleurs autonomes canadiens et ce pourcentage a augmenté pour atteindre 71 % en 2019.
Depuis le début de la pandémie, le pourcentage de travailleurs autonomes solos a augmenté de deux points pour former 73 % des Canadiens qui travaillent à leur propre compte.
Figure 1 : Le travail autonome indépendant augmente alors que le taux global de travail autonome reste stable
Part du travail autonome total et du travail autonome indépendant au Canada, données annuelles, 2000-2020
Le tableau 1 montre les quatre secteurs où le travail autonome en solo a connu la croissance la plus rapide. Malgré des différences entre les secteurs, la part globale du travail autonome est demeurée stable dans chacun d’eux.
Le secteur de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière et de l’extraction de pétrole et de gaz a connu la croissance la plus forte du travail autonome en solo
La croissance rapide du travail autonome en solo s’est manifestée principalement dans le secteur de l’extraction minière, de l’exploitation en carrière et de l’extraction de pétrole et de gaz. Le travail autonome total dans le secteur est passé de 52 % en 2000 à 80 % en 2020.
La part croissante du travail autonome en solo dans ce secteur peut s’expliquer en partie par la demande accrue de travailleurs du secteur des ressources naturelles ainsi que pour des installeurs, réparateurs, mécaniciens d’entretien et manutentionnaires qui travaillent comme entrepreneurs indépendants.
Le secteur de la finance et des assurances a connu une croissance rapide du travail autonome en solo
Le secteur de la finance et des assurances a aussi connu une croissance rapide du travail autonome en solo, sa part qui représentait 64 % en 2000 est passée à 79 % en 2020.
Ce secteur regroupe de nombreuses petites entreprises, comme des agents d’assurances indépendants, des courtiers en hypothèques et des consultants en gestion des affaires.
En plus de ces secteurs, l’industrie de l’information et l’industrie culturelle ainsi que le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale ont vu leur part du travail autonome en solo augmenter rapidement au cours des 20 dernières années.
Tableau 1 : Les quatre secteurs affichant la croissance la plus rapide du travail autonome en solo de 2000 à 2020
Secteur (codes à deux chiffres du SCIAN) |
Part du travail autonome en solo dans le travail autonome total par secteur | Part du travail autonome dans l’emploi total par secteur |
||
---|---|---|---|---|
2000 | 2020 | 2000 | 2020 | |
Extraction minière, exploitation en carrière et extraction de pétrole et de gaz | 52 % | 80 % | 6 % | 5 % |
Finance et assurances | 64 % | 79 % | 9 % | 10 % |
Industrie de l’information et industrie culturelle | 73 % | 87 % | 7 % | 7 % |
Soins de santé et assistance sociale | 65 % | 76 % | 13 % | 13 % |
Calculs de l’IMT : Statistique Canada, EPA (ADTR).
Qu’est-ce qui explique le virage vers le travail autonome en solo?
La plus récente hausse de la part globale du travail autonome en solo découle en partie du fait que les travailleurs autonomes ont réduit leurs effectifs pendant la pandémie.
Toutefois, cela n’explique pas la tendance à la hausse observée depuis 2000.
En ce qui concerne la tendance à long terme, des études soutiennent que les gens choisissent de devenir travailleurs autonomes solos pour se protéger des chocs qui frappent le marché de l’emploi. Il se peut aussi que les personnes qui ont démarré comme travailleurs autonomes solos aient eu de plus en plus de difficulté à faire croître leur entreprise et à embaucher des employés.
Dans d’autres cas, le travail autonome en solo semble situé à mi-chemin entre un emploi traditionnel et le travail autonome avec des employés.
Les prochaines étapes de la compréhension des changements liés aux nouvelles formes d’emploi chez les Canadiens
La composition du groupe des travailleurs autonomes canadiens a beaucoup changé, à mesure que la part du travail autonome en solo a augmenté rapidement dans plusieurs secteurs.
L’évolution générale du taux du travail autonome en solo s’explique par un certain nombre de facteurs, notamment l’augmentation du travail à la demande. Il n’existe pas de définition universellement reconnue du travail à la demande, mais une analyse qui sera publiée sous peu permettra à CIMT d’examiner différentes définitions du travail à la demande, dont la plupart incluent d’une certaine façon les travailleurs autonomes solos.
Peu importe comment on les qualifie, il est évident que les travailleurs autonomes au Canada travaillent de plus en plus seuls plutôt que d’embaucher des employés.
Behnoush Amery est économiste principal au CIMT. Ses travaux portent sur l’information sur le marché du travail notamment l’étude de l’avenir du travail, la relation entre l’éducation et les résultats sur le marché du travail, ainsi sur l’estimation des données granulaires sur le travail.
Ramanvir Grewal est économiste junior au Conseil de l'information sur le marché du travail.