Trois noms qui en disent long
Difficile de lire son fil d’actualité ou de parcourir les médias sociaux sans tomber sur la question des pénuries de main-d’œuvre ou des déficits de compétences au Canada. Une petite recherche sur le web et les résultats s’affichent, disons, variés : Pénuries graves sur le marché du travail canadien en 2018, Pénurie de main-d’œuvre: un problème tenace et Le Canada aux prises avec une «crise des compétences», ou encore Pénurie de main d’œuvre…vraiment?? et Pénurie de main d’œuvre ou salaire offert trop bas?
Avec tous ces rapports contradictoires des leaders et experts, comment peut-on espérer comprendre ce qui se passe réellement? Certains affirment que les pénuries de main-d’œuvre portent atteinte aux entreprises de partout au Canada. D’autres soutiennent que c’est un manque de compétences des travailleurs qui nuit à l’économie du pays. Mais là encore, d’autres parlent d’une inadéquation des compétences comme étant la vraie cause des problèmes, plutôt que d’un déficit de compétences. Et comme si ce n’était pas suffisant, la question des pénuries, des déficits et des inadéquations touche l’immigration, l’éducation, la productivité, la compétitivité et le bien-être, ce qui signifie que le débat peut devenir plutôt politique assez rapidement.
À quoi tout cela rime-t-il?
C’est la mission du CIMT que d’offrir aux Canadiens de l’information à jour et fiable sur le marché du travail. Nous croyons que toutes les discussions sur le marché du travail devraient être basées sur des idées objectives, claires et accessibles à tous. Avec cet objectif en tête, nous avons entrepris de comprendre ce qui explique ces contradictions dans la documentation sur les pénuries, déficits et inadéquations. Bien vite, il nous est apparu évident qu’il y avait peu de consensus chez les experts quant à la définition et à la mesure de ces phénomènes. Ce que l’on désigne par les termes pénurie de main-d’œuvre, déficit de compétences et inadéquation des compétences n’est pas toujours clair d’une source à l’autre. De plus, ce qu’un auteur appelle une inadéquation des compétences peut être nommé déficit de compétences par un autre.
Après une revue approfondie de la documentation universitaire et de l’industrie, il est devenu évident qu’il manquait un cadre de référence pour comprendre, analyser et évaluer ces questions. Un tel cadre réduirait non seulement la confusion en définissant clairement ces termes, mais aiderait aussi à lier chacun de ces trois sujets à des solutions politiques appropriées (par exemple, encourager la participation au marché du travail ou améliorer les compétences de la main-d’œuvre existante). Après des mois de recherche et de discussions entre collègues, nous proposons donc de définir les pénuries de main-d’œuvre, les déficits de compétences et l’inadéquation des compétences comme suit :
- Les pénuries de main-d’œuvre désignent le manque de candidats pour un emploi donné, dans un marché du travail particulier.
- Les déficits de compétences désignent le manque de candidats ayant les compétences requises par des employeurs particuliers.
- L’inadéquation des compétences désigne des situations où les compétences actuelles d’un employé ne sont pas bien adaptées à son poste actuel.
Pour approfondir la question
Davantage d’information sur ces définitions et leur logique est offerte dans le numéro 3 de Perspectives de l’IMT : « Des noms qui en disent long : pénuries de main-d’œuvre, déficits de compétences et inadéquation des compétences ».
À l’avenir, le CIMT s’activera à concevoir des outils qui aideront à y voir plus clair ainsi qu’à surveiller et à prévoir les pénuries de main-d’œuvre, les déficits de compétences et les inadéquations de compétences.
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En tant qu’économiste du CIMT, Anthony Mantione contribue à l’avancement du mandat du CIMT par l’application de techniques informatiques à l’analyse des données.