Combler les lacunes de connaissances sur l’avenir du travail: une perspective Canadienne
L’avenir du travail est l’un des sujets chauds de l’heure, au Canada comme ailleurs dans le monde. Tout de suite après m’être jointe au CIMT en juin, j’ai commencé à travailler sur cette question aussi importante que fascinante. Comme Tony le mentionnait dans sa récente publication, notre équipe, au CIMT, a commencé à passer en revue la documentation sur l’avenir du travail et a créé une bibliographie annotée des rapports consultés.
Notre deuxième numéro de Perspectives de l’IMT L’avenir du travail au Canada : combler les lacunes résume les principaux constats et lacunes importantes de la recherche sur l’avenir du travail, particulièrement au Canada. La recherche examinée se concentre sur les implications relatives à trois tendances de fond, en raison de la présence accrue de ces sujets dans la documentation : le progrès technologique, les changements démographiques et les changements climatiques. Nous avons constaté les lacunes suivantes :
- Presque aucune étude ne tient compte des interactions entre les tendances de fond.
- Malgré les incertitudes répandues, peu d’études envisagent de multiples avenues ou scénarios.
- Les résultats sont beaucoup trop agrégés pour être utiles aux décideurs politiques, et il reste beaucoup de travail à faire pour améliorer notre compréhension de l’avenir du travail à l’échelle locale.
Résumons donc nos constats quant aux conséquences des trois tendances de fond sur le marché du travail.
La technologie agira-t-elle en remplacement ou en complément du travail? Entraînera-t-elle du chômage de masse ou demandera-t-elle aux travailleurs d’améliorer leurs compétences?
La question du rôle de remplacement ou de complément de la technologie par rapport au capital humain est sur toutes les lèvres depuis des années. Deux écoles de pensée ont tenté de répondre à cette controverse. La première affirme qu’une vaste proportion des emplois seront automatisés et que cela créera un chômage de masse. La deuxième, elle, postule que la plupart des emplois seront « restructurés », et que seulement certaines tâches seront automatisées et une petite portion des emplois seront entièrement comblés par des machines.
Toutefois, peu importe l’école de pensée, la plupart des experts suggèrent qu’il y aura un virage vers les compétences techniques et le savoir-être dans les exigences des employeurs. Au Canada particulièrement, les études démontrent qu’environ 40 % de la main-d’œuvre est très susceptible d’être affectée par l’automatisation dans les prochaines décennies et que ces travailleurs devront acquérir de nouvelles compétences pour s’adapter aux changements dans les exigences des postes (Lamb, 2016).
Augmenter l’offre de main-d’œuvre au Canada en réponse au vieillissement de la population
Outre la technologie, les changements démographiques, particulièrement alors que la génération des baby-boomers commence à partir à la retraite, sont un problème crucial quant à l’avenir du travail. Le vieillissement de la population influencera les budgets gouvernementaux et le filet social. De plus, plusieurs craignent que la diminution de la main-d’œuvre nuise à la croissance économique et entraîne des pénuries de main-d’œuvre et de compétences. En effet, les projections de la demande de main-d’œuvre montrent un total de plus de quatre millions de postes à pourvoir découlant des changements démographiques (McDaniel et coll., 2015). Les études indiquent que l’offre de travail croissante constitue ici le défi principal. Parmi les solutions politiques recommandées, on trouve l’augmentation de l’immigration et la promotion de la participation au marché du travail des groupes sous-représentés, comme les Autochtones, les personnes handicapées et d’autres groupes. Cela met en évidence les préoccupations au sujet de pénuries de compétences, un problème que nous aborderons dans le prochain numéro de Perspectives de l’IMT.
Les changements climatiques et le défi de bâtir une économie plus durable
Par rapport aux changements climatiques, le défi politique principal est d’assurer une transition en douceur vers une économie plus durable. À mesure que le Canada élimine progressivement les industries polluantes et fait croître les secteurs écologiques, le marché du travail, employeurs comme employés, s’en trouvera perturbé. Les études canadiennes soulignent que, malgré le fait que verdir l’économie offre la promesse de la création d’emplois, il est nécessaire de trouver des politiques bien équilibrées qui soutiendront efficacement la transition vers une économie à faibles émissions. On doit faire preuve de prudence, étape par étape.
Vers l’avenir
Le CIMT cherchera à développer un cadre d’analyse afin que les décideurs politiques puissent prendre des décisions éclairées pour aider les Canadiens à se préparer à l’avenir du travail. Notre deuxième numéro de Perspectives de l’IMT présente de plus amples renseignements sur les sujets et constats abordés ici. Nous y insistons sur le fait que l’une des lacunes les plus importantes mises en lumière par notre évaluation est le manque d’analyse des implications de l’interaction des tendances de fond actuelles. Par exemple, comment le déclin de la main-d’œuvre issu du vieillissement de la population se mesure-t-il aux pertes d’emplois prévues en raison de la technologie? Ou encore, comment atténuer la perte de capital humain et de main-d’œuvre entraînée par la sortie du marché du travail des personnes plus âgées?
Consultez, télécharger et partager avec votre réseau Perspectives de l’IMT no 2 – L’avenir du travail au Canada : combler les lacunes. Continuez aussi de nous faire part de toute étude importante qui devrait être ajoutée à notre bibliographie annotée sur l’avenir du travail.
Behnoush Amery est économiste principal au CIMT. Ses travaux portent sur l’information sur le marché du travail notamment l’étude de l’avenir du travail, la relation entre l’éducation et les résultats sur le marché du travail, ainsi sur l’estimation des données granulaires sur le travail.