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Journée internationale des femmes : que savons-nous de la situation des femmes sur le marché du travail au Canada?

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En cette Journée internationale des femmes, alors que nous entamons la troisième année de pandémie de COVID-19, nous nous interrogeons : que savons-nous, en mars 2022, des effets des deux dernières années sur l’emploi des femmes au Canada?

Nous savons que les femmes ont été particulièrement touchées par les répercussions de la COVID-19 et que la récession au féminin persiste. Des médias rapportent également que les femmes réorientent de plus en plus leur carrière dans les métiers spécialisés et que la reprise est inégale entre les genres.

Mais que nous disent les données disponibles sur la situation des femmes sur le marché du travail?

Brittany Feor, économiste, et Behnoush Amery, économiste principale au CIMT, les ont analysées pour nous.

Voici ce qu’elles ont appris.

Les emplois à temps plein affichent une forte hausse, tandis que la reprise des emplois à temps partiel stagne

Avant la pandémie, les femmes occupaient plus des deux tiers (64 %) des emplois à temps partiel (moins de 30 heures par semaine), même si elles représentaient 48 % de l’ensemble de la population active. Quand la pandémie a frappé au printemps 2020, les pertes d’emploi relatives ont été beaucoup plus importantes chez les femmes travaillant à temps partiel (-30 %) que pour celles travaillant à temps plein (-12 %).

Depuis avril 2020, la reprise de l’emploi a été forte pour les femmes occupant un emploi à temps plein, tandis que l’emploi à temps partiel n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie.

Les femmes travaillant dans le secteur de l'hébergement et de la restauration ont été les plus durement touchées

En janvier 2020, environ 60 % des femmes de la population active travaillaient dans cinq secteurs :

  • Soins de santé et aide sociale (22,3 %)
  • Commerce de détail (12,8 %)
  • Services d’enseignement (11,3 %)
  • Hébergement et restauration (7,5 %)
  • Services professionnels, scientifiques et techniques (7,5 %)

Comme le montre la figure 1, entre janvier et avril 2020, les pertes d’emploi dans ces cinq secteurs ont été plus marquées parmi les femmes travaillant à temps partiel que celles travaillant à temps plein.

Les pertes d’emploi ont été plus nombreuses chez les femmes travaillant dans le secteur de l’hébergement et de la restauration (-35 %), avec une baisse de 62 % pour les emplois à temps partiel et de 39 % pour les emplois à temps plein.

Le secteur du commerce de détail arrive en deuxième position en ce qui a trait aux pertes d’emploi au printemps 2020 – les femmes ont perdu environ 35 % des emplois à temps partiel et 19 % des emplois à temps plein dans le secteur du commerce de détail.

Les femmes travaillant dans les services d’enseignement ont également connu une baisse significative de l’emploi à temps partiel, soit 30 % contre 6 % pour les travailleuses à temps plein.

Figure 1 : L’emploi des femmes travaillant à plein temps dans les secteurs clés augmente, mais continue de diminuer chez les travailleuses à temps partiel et à plein temps dans l’hébergement et la restauration

Baisse janvier 2020 à avril 2020 (Bleu). Hausse avril 2020 à janvier 2022 (Jaune). LMIC; Statistiques Canada. Données sont non désaisonnalisées.
Figure 1 FR

La reprise du marché du travail jusqu’à janvier 2022 (les dernières données disponibles au moment de la publication de ce billet) montre que l’emploi à temps plein a retrouvé son niveau d’avant la pandémie dans tous les secteurs, à l’exception de l’hébergement et de la restauration.

Le secteur de l’hébergement et de la restauration a été durement touché par la pandémie et les restrictions des activités liées au variant Omicron imposées au début de 2022 au Québec et en Ontario En janvier 2022, l’emploi dans ce secteur a chuté de plus de 180 000 (-26,5 %), la perte nette d’emplois se répartissant entre les emplois à temps plein (-24 %) et à temps partiel (-29 %).

En revanche, le nombre de femmes travaillant à temps plein dans les quatre autres secteurs a augmenté au cours des deux dernières années.

L’emploi des femmes à temps plein a dépassé les niveaux d’avant la pandémie dans les services professionnels, scientifiques et techniques (de 11 %), dans les services d’enseignement (de 7 %), dans les soins de santé et l’aide sociale (de 3 %) et dans le commerce de détail (de moins de 1 %).

Dans deux de ces quatre secteurs, le nombre de femmes occupant un emploi à temps partiel a retrouvé son niveau prépandémie (soins de santé et aide sociale, hausse de 7 % ; commerce de détail, hausse de 3 %).

L’emploi à temps partiel des femmes dans les services professionnels, scientifiques et techniques, ainsi que dans les services d’enseignement reste inférieur au niveau d’avant la pandémie, avec une baisse de 1 % et de 11 % respectivement.

Les donnée ne peuvent expliquer pourquoi la reprise de l'emploi à temps partiel est plus lente

Il est difficile de déterminer la cause expliquant pourquoi la reprise de l’emploi à temps partiel des femmes est plus lente.

L’une des possibilités est que les femmes ont fait la transition vers un emploi plus stable à temps plein, causant une reprise plus lente de l’emploi à temps partiel.

Une autre possibilité est que les femmes qui ne faisaient pas partie de la population active avant la pandémie ont accédé à des postes à temps plein et que les femmes qui travaillaient à temps partiel n’ont pas repris leur emploi.

Plusieurs raisons peuvent expliquer pourquoi certaines femmes ne sont pas retournées sur le marché du travail, mais sans accès aux données, il est impossible d’appréhender la situation globale.

Nous étudions actuellement les tendances de l'emploi des femmes

Depuis le printemps 2020, la reprise de l’emploi à temps plein chez les femmes a été forte, tandis que la reprise de l’emploi à temps partiel stagne ; ces deux phénomènes sont influencés par des facteurs sociodémographiques complexes et intriqués.

Un rapport à paraître ce printemps analysera plus en profondeur la situation des femmes sur le marché du travail dans le contexte de la reprise. Restez à l’affût!

Brittany Feor est économiste au CIMT.

Spécialisée en analyse quantitative et en macroéconomie, Brittany Feor contribue à l’accessibilité et à l’analyse de l’information sur le marché du travail. 

Dr. Behnoush Amery est économiste principale au CIMT.

Elle est spécialisée en analyse quantitative et réalise des projets liés au travail, tels que l’analyse comparative entre les sexes et les résultats des étudiants sur le marché du travail.

Illustration par Dorothy Leung pour CIMT.

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