La reprise de l’emploi est plus lente pour les bas salariés
En août 2020l'emploi a augmenté de 246 000 postes supplémentaires (+1,4 %), permettant ainsi à ce secteur d’atteindre presque 97 % de son niveau de février. Comme l'indique la publication des données par Statistiques Canada, les bas salariés ont perdu initialement un plus grand nombre d’emplois et sont maintenant confrontés à une reprise plus faible. Cela s'explique en grande partie par le fait que les travailleurs à faible revenu sont concentrés dans les secteurs les plus affectés par la pandémie de COVID-19. Malgré tout, la reprise de l’emploi chez les bas salariés est également en retard dans certains de ces secteurs, dont les quatre suivants : Hébergement et restauration, services d'enseignement, minier, pétrole et gaz et commerce de détail.
En août, l’emploi a repris 95 % dans les professions les moins rémunérées par rapport au niveau de février. Par contre, en ce qui concerne les 75 % des professions les mieux rémunérées, l’emploi se situe maintenant à 98 %.1 L’image 1 nous montre l’ampleur de cet impact. L’emploi chez les travailleurs les moins rémunérées a chuté de 26 % entre février et avril — une perte de 1,8 million d’emplois, soit environ 60 % de toutes les pertes d’emploi.2 L’emploi chez les travailleurs à revenu moyen et élevé a diminué également, mais il représentait à peine deux cinquièmes des pertes d’emplois même si ce groupe représentait près des deux tiers des emplois avant la pandémie. Depuis février, l’emploi a connu une reprise rapide chez les professions les moins rémunérées, mais 338 000 moins de personnes occupent ces professions comparativement à 290 000 de moins dans toutes les autres professions mieux rémunérées
L’image 2 nous montre le taux d’emploi dans les industries où l’emploi demeure à 90 % ou moins de son niveau de février, ainsi que le commerce de détail où l’emploi se situe à 96 % de son niveau d’avant la pandémie. Ce n’est que dans le secteur des transports et de l'entreposage que la reprise est plus forte pour les bas salariés (96 %) que pour les hauts salariés (88 %). Ce secteur comprend l’aviation et le transport ferroviaire, qui ont encore de la difficulté. La reprise pour les travailleurs dans les secteurs des mines, du pétrole et du gaz reste environ tout aussi modérée pour les deux groupes, soit à 89 % pour les bas salariés et 90 % pour les professions dont le salaire est plus élevé.
Dans les trois autres secteurs durement affectés, la reprise de l’emploi, cependant, est en retard pour les professions les moins rémunérées. Dans les secteurs de l'hébergement et de la restauration et des services d’enseignement, les niveaux d’emploi restent nettement plus faibles pour les professions les moins rémunérées (85 % et 73 % respectivement) que pour les autres (90 % et 77 % respectivement). Le secteur du commerce de détail affiche une croissance nette des emplois pour les professions à revenus moyen et élevé, alors qu’il se situe maintenant à 105 % du niveau de février, tandis que la reprise pour les bas salariés accuse un retard de plus de 10 points de pourcentage, puisque l’emploi se situe à peine à 93 % du niveau d’avant la crise.
Les prochaines étapes
Alors que l'économie poursuit sur sa relance et que les Canadiens retournent au travail, nos discussions devraient tenir compte des complexités du marché du travail. Nous savons que les secteurs sociaux et grand public ont été les plus durement affectés par la pandémie. Dans plusieurs secteurs clés, cependant, notre analyse démontre que l’impact et la reprise ont été pires pour les professions les moins rémunérées. Au CIMT, nous continuerons de suivre la reprise à plusieurs niveaux afin de mieux comprendre les secteurs ayant le plus besoin d’aide.
1 Suite à notre analyse précédente des pertes d’emploi par catégorie de gains, nous avons classé les 500 groupes de la Classification nationale des professions (CNP) en fonction de leurs gains hebdomadaires moyens du plus élevé au plus faible en 2019. Nous avons ensuite considéré le quart inférieur (jusqu’au 25e centile) comme étant le groupe à faible revenu. Cette façon de faire offre un contraste par rapport à l'approche utilisée par Statistiques Canada pour déterminer les bas salariés. Partant des gains déclarés par les répondants, Statistiques Canada répartit les individus entre deux groupes : au-dessus ou en dessous de 16,03 $ l'heure – deux tiers du salaire médian en 2019 (une mesure commune d’un salaire de misère). Même si notre approche traite tous les travailleurs d’une profession sur un pied d’égalité, elle est avantageuse, puisqu’elle permet de contrôler l’impact direct des changements de prix et de salaires.
2 Les données n’ont pas été ajustées en fonction des saisons.
En tant qu’économiste du CIMT, Brittany Feor contribue à l’accessibilité et à l’analyse de l’information sur le marché du travail, et offre une expertise en matière de recherche quantitative.
brittany.feor@lmic-cimt.ca