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Collage style illustration shows two people working remotely.

Le grand débat sur le travail à distance : augmente-t-il ou diminue-t-il la productivité? Ça dépend.

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Le débat entourant le travail à distance – duquel est ressorti quelques acronymes sympathiques comme WFH (de l’anglais « work from home ») et RAB (« retour au bureau ») – est toujours d’actualité et bien vivant. 

Avec un nombre croissant de mandats de retour au bureau et une productivité du travail en baisse au Canada, il est plus pertinent que jamais de se demander si le travail à distance favorise ou diminue la productivité. 

Les avis sont partagés et les recherches, parfois contradictoires. Or la réponse est simple : ça dépend. 

Le travail à domicile : une tendance à la baisse

En novembre 2023, un quart des travailleurs canadiens travaillaient à domicile au moins à temps partiel. S’il s’agit d’une hausse considérable par rapport à l’ère prépandémie, les tendances récentes indiquent une diminution constante. Les secteurs tels que l’administration publique, les finances, les assurances, l’immobilier et les services professionnels, scientifiques et techniques sont ceux qui ont connu les baisses les plus marquées du travail à distance. 

Les offres d’emploi à distance ont également diminué régulièrement depuis 2022. En revanche, le nombre d’offres d’emploi annonçant des environnements de travail flexibles est resté stable, notamment en raison de l’augmentation du nombre d’offres d’emploi proposant des formules de travail hybrides. 

Le débat actuel

Nous avons relevé certains des avantages et des défis du travail à distance dans une étude antérieure. 

Les adeptes du télétravail mettent de l’avant ses nombreux avantages, comme les économies de temps et d’argent, l’amélioration de l’équilibre vie professionnelle et vie privée, la plus grande flexibilité et la réduction du stress. En éliminant les contraintes géographiques et en élargissant les options pour les employeurs comme pour les travailleurs, le télétravail est aussi vu comme le catalyseur d’un marché du travail plus dynamique. 

Ses critiques affirment quant à eux que le travail à distance est susceptible de compromettre les liens entre collègues, d’avoir des répercussions sur la culture de l’entreprise et de limiter les possibilités d’apprentissage et de formation. Le principal point de désaccord porte sur la productivité. 

L’énigme de la productivité

La productivité du travail au Canada a baissé pendant six trimestres consécutifs, tombant sous les niveaux prépandémiques de 2023. La question se pose : ces baisses peuvent-elles être attribuées au travail à distance? 

La productivité du travail est définie par Statistique Canada comme une mesure du produit intérieur brut (PIB) réel par heure travaillée. Le PIB mesure la production totale résultant de la production de biens et de services dans un pays, une région ou un secteur. Plus simplement, la productivité du travail mesure la production par unité dintrant – les biens et services produits par heure travaillée.

En creusant davantage, nous constatons que la relation entre le travail à distance et la productivité du travail varie considérablement dun secteur à lautre, avec des gains et des baisses autant dans les secteurs à forte intensité de travail à distance que dans les secteurs à faible intensité. Les données américaines montrent également que le travail à distance et le travail hybride nont que peu dimpact sur la productivité (en anglais seulement). 

Qu’en est-il alors?

Pour comprendre les répercussions du travail à distance sur la productivité, il est nécessaire de réduire le périmètre de l’étude et d’examiner la relation par secteur, organisation, emploi et tâche.  

Si la plupart des études ont démontré que le travail à distance améliore les rendements et la productivité (en anglais seulement), elles n’ont pas pour autant mis fin au débat. 

L’impact du travail à distance sur la productivité dépend de la nature du travail, de l’expérience des travailleurs et des caractéristiques de l’organisation et du secteur. Il est possible d’évaluer cette relation en considérant les emplois comme des ensembles de tâches. Par exemple, le travail autonome se prête parfaitement à un environnement à distance, tandis que le travail collaboratif est par nature plus complexe à réaliser hors bureau. Autrement dit, certaines tâches s’accomplissent plus efficaces dans un environnement à distance, d’autres en souffrent. La plupart des emplois impliquent inévitablement des compromis. 

Réorienter la conversation

La relation entre le travail à distance et la productivité ne peut être généralisée. Au contraire, une perspective tout en nuance est nécessaire pour bien appréhender la question.  

Dans un monde du travail en constante évolution, il est essentiel de reconnaître les multiples facettes des effets du travail à distance. Est-il bon pour les travailleurs? Est-il bon pour les entreprises? Eh bien, ça dépend. Certains emplois sont intrinsèquement propices au travail à distance, d’autres ne le sont pas. Et cette distinction a une véritable incidence sur la productivité du travail.

Headshot of Michael Willcox, LMIC Economist.

Michael Willcox

Économiste

Michael Willcox contribue à l'analyse et au développement de l'information sur le marché du travail au Canada. Il apporte son expérience de l'analyse des politiques et de l'évaluation des programmes, acquise dans le cadre de ses fonctions antérieures dans le secteur public.

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