Les effets de la COVID-19 sur les pertes d’emploi selon la scolarité, le sexe et l’âge
Les pertes d’emploi massives dues à la pandémie de COVID-19 ont eu des conséquences disproportionnées sur les travailleurs ayant un niveau de scolarité plus faible. Comme ces travailleurs ont tendance à gagner moins en moyenne, les économistes s’inquiètent de l’augmentation des inégalités dans le monde. Pour voir comment les travailleurs canadiens sont touchés, nous examinons les récentes répercussions sur l’emploi selon le niveau de scolarité, le sexe et l’âge.
Les travailleurs à la faible scolarité connaissent les baisses les plus importantes
En utilisant les données de l’Enquête sur la population active (EPA) parues aujourd’hui, nous examinons d’abord comment les parts de l’emploi (le rapport entre l’emploi et la population âgée de 15 ans et plus) ont changé, selon le niveau de scolarité, de février à mai 2020. Comme le montre la figure 1, la baisse des parts de l’emploi est la plus forte chez les travailleurs n’ayant pas dépassé l’enseignement secondaire (perte de 15 points de pourcentage, de 83 % à 68 %) et la plus faible chez les titulaires d’un baccalauréat ou d’un diplôme supérieur (perte de 7 points de pourcentage, de 94 % à 87 %). Étant donné que l’évolution des parts de l’emploi est généralement lente, ces fortes baisses en seulement trois mois sont très inhabituelles et remarquables.
Figure 1 : Variations dans les parts de l’emploi par niveau de scolarité (février à mai 2020)
Les femmes ayant un faible niveau de scolarité sont plus touchées
À presque tous les niveaux de scolarité, les femmes ont connu plus de pertes d’emploi que les hommes, et plus encore aux niveaux de scolarité inférieurs (voir la figure 2). Pour les travailleurs ayant un diplôme d’études secondaires ou moins, les parts de l’emploi des hommes ont diminué de 12 points de pourcentage en trois mois (de 83 % à 71 %). En revanche, chez les femmes, les parts de l’emploi ont reculé de 19 points de pourcentage (de 83 % à 64 %). De même, alors que les parts de l’emploi des hommes titulaires de certificat ou de diplôme d’études postsecondaires ont enregistré une baisse de 8 points de pourcentage, celles des femmes ont chuté de 13 points. Seule exception, les parts de l’emploi a relativement chuté pour les hommes et les femmes titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat ou d'un diplôme supérieur (environ 7 points de pourcentage chacun).
Figure 2 : Variations dans les parts de l’emploi par niveau de scolarité et par sexe (février à mai 2020)
L’emploi des jeunes connaît la plus forte baisse
Comme le montre la figure 3, les baisses des parts de l’emploi diffèrent également selon l’âge. À tous les niveaux de scolarité, au cours des trois mois, les jeunes travailleurs (15 à 24 ans) ont connu une plus grande baisse de la part de l’emploi que les travailleurs plus âgés. Les jeunes femmes ont connu la plus forte baisse, soit 25 points (non présenté).
En outre, les travailleurs moins instruits des deux autres groupes d’âge (25 à 54 ans et 55 à 64 ans) ont subi relativement plus de pertes d’emploi que leurs homologues ayant fait des études supérieures. Ces données suggèrent que pour les jeunes, la scolarité n’est pas aussi protectrice contre les pertes d’emploi qu’elle ne l’est pour les travailleurs plus âgés.
Figure 3 : Variations dans les parts de l’emploi par niveau de scolarité et par âge (février à mai 2020)
Les données de l’EPA d’aujourd’hui confirment que les travailleurs peu scolarisés ont subi des baisses d’emploi relatives plus importantes, et que les femmes et les jeunes ont tendance à moins bien s’en sortir. De plus, si l’enseignement supérieur est généralement associé à une meilleure protection contre les ralentissements économiques, cela n’a pas été le cas pour les jeunes canadiens. En effet, quel que soit leur niveau de scolarité, ils ont connu une forte baisse de l’emploi.
Grâce à des études sur les pandémies précédentes, nous savons que la mise en œuvre de mesures visant à protéger les travailleurs des conséquences à long terme des pertes d’emploi est importante pour prévenir l’augmentation des inégalités. Le CIMT continuera d’aider les Canadiens à répondre aux besoins des populations vulnérables dans le monde du travail actuel et post-COVID en améliorant l’accès à de l’information sur le marché du travail fiable et à jour.
Behnoush Amery est économiste principal au CIMT. Ses travaux portent sur l’information sur le marché du travail notamment l’étude de l’avenir du travail, la relation entre l’éducation et les résultats sur le marché du travail, ainsi sur l’estimation des données granulaires sur le travail.
En tant qu'économiste principal au CIMT, Anthony Mantione étudie et analyse des questions relatives aux besoins en compétences du marché du travail canadien. Pour ce faire, notamment, il cerne et mesure les pénuries de main-d’œuvre et les déficits de compétences, explore les nouvelles technologies de classification des compétences et consulte les intervenants.