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Les pertes d’emplois dues à la COVID-19 affectent surtout les plus bas salariés

L’emploi a encore chuté de 1 993 800 (11 %) en avril, portant le nombre total des emplois perdus à plus de trois millions au cours des deux derniers mois. Le taux de chômage officiel s’élève maintenant à 13,0 %, en hausse par rapport à 7,8 % en mars. Les pertes d’emplois, aussi bien en mars qu’en avril, dépassent de loin la plus forte baisse de l’emploi enregistrée dans l’Enquête sur la population active (LFS) — 124 800 en janvier 2009.

Toutefois, les conséquences de ces pertes d’emplois ne se sont pas répercutées d’une manière uniforme. Les données publiées aujourd’hui montrent que les Canadiens et les Canadiennes qui travaillent dans les professions les moins bien rémunérées représentent près de deux tiers (63.8 %) de tous les emplois perdus entre février et avril 2020 (tous les chiffres sont désaisonnalisés). Comme le montre la figure 1, pour ces travailleurs, les emplois sont passés de 7 148 500 à 5 148 000 – une baisse de près de 1,9 million d’emploi, ou 28 %, sur la période de deux mois.

À l’autre bout du spectre, l’emploi chez les plus hauts salariés n’a diminué que de 2,4 %, passant de 4 139 000 à 4 040 500. Pour les salariés à revenu moyen, la baisse de l’emploi est deux fois moins prononcée que pour les revenus les plus faibles, mais elle atteint tout de même un niveau sans précédent sur le plan historique avec une baisse cumulative sur deux mois de 970 600 (12%).

Figure 1 : Variation mensuelle de l’emploi selon le quartile de salaires professionnels

Note : Les groupes de revenus sont créés en se basant sur les quartiles de professions organisés en fonction de leurs gains horaires moyens de 2016 jusqu’en 2019. Les deux quartiles du centre sont combinés aux fins de la figure 1.

 

Les pertes d’emplois ont touché de nombreux secteurs

Comme on pouvait s’y attendre, les pertes d’emplois chez les travailleurs à faible revenu se trouvent principalement dans les secteurs les plus touchés par les fermetures d’entreprises décrétées pour limiter la propagation de la COVID-19. Le tableau 1 énumère les huit secteurs affichant la plus forte baisse de l’emploi pour ces travailleurs. C’est le secteur des restaurants à service complet qui a été le plus durement touché; il représente 23 % des emplois perdus chez les plus bas salariés. De nombreux restaurants ont poursuivi leurs activités en préparant des mets à emporter, mais ce ne sont pas seulement les serveurs qui ont subi des pertes d’emploi. Les magasins de vêtements, les hébergements des voyageur, les concessionnaires d'automobiles et les services de divertissement et de loisirs ont enregistré des pertes d’emplois faiblement rémunérés de plus de 50 % dans chaque secteur entre février et avril.

Tableau 1 : Plus fortes baisses de l’emploi chez les plus bas salariés par secteur, février à avril 2020

Secteur Code SCIAN No. d'emploi (avril) Changement Taux de changement
Restaurants à service complet et établissements de restauration à service restreint 7225 390 938 -440 750 -53%
Autres services de divertissement et de loisirs 7139 98 610 -109 750 -60%
Magasins de vêtements 4481 42 150 -91 750 -71%
Services de garderie 6244 139 000 -77 250 -36%
Hébergement des voyageurs 7211 64 598 -64 750 -56%
Services de soins personnels 8121 110 500 -56 250 -34%
Concessionnaires d'automobiles 4411 47 250 -53 750 -53%
Autres magasins de détail divers 4539 44 750 -36 250 -45%
Note: Enquête sur la population active. Données désaisonnalisées. Calculs du CIMT.

 

Prochaine étape

La perte d’emplois au cours des deux derniers mois, d’une ampleur inégalée, a affecté profondément les travailleurs occupant les emplois les moins bien rémunérés. Bien que ce soit surtout des emplois dans les secteurs qui, selon les prévisions, subiraient les répercussions de la pandémie (p. ex. les restaurants, les magasins de vêtements et les services de loisirs), une grande incertitude subsiste sur le sort de ces travailleurs et l’emploi qu’ils pourraient retrouver.

À mesure que les gouvernements provinciaux et territoriaux mettent en œuvre des plans afin de relancer leurs économies, il importe de surveiller comment la reprise se dessinera. Étant donné la nature des pertes d’emplois enregistrées à ce jour, il faudra accorder une attention particulière à la surveillance du marché de l’emploi des travailleurs à faible revenu.

Une fois que nous aurons traversé cette crise, le marché de l’emploi sera réorganisé de plusieurs façons, dont certaines nuiront considérablement aux travailleurs, alors que d’autres pourraient entraîner une amélioration à long terme des conditions de travail. Le CIMT continuera à œuvrer pour faciliter l’accès des Canadiens et des Canadiennes à une information fiable sur le marché du travail pour les aider à se retrouver dans le monde du travail de l’après-pandémie.

Les données de ce blogue peuvent être téléchargées ici.

Tony

Tony Bonen est le Directeur de la recherche, des données et de l’analytique du CIMT. Il dirige l’équipe d’économistes du CIMT, dont les sujets d’étude relèvent de tous les domaines, depuis les divers besoins d’information sur le marché du travail jusqu’aux possibles répercussions de l’évolution du monde du travail au Canada.

tony.bonen@lmic-cimt.ca

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