Les immigrants et l’incidence de la COVID-19 sur l’emploi au Canada
Ces dernières années, au Canada, la croissance de la main-d’œuvre était stimulée par l’immigration internationale et les travailleurs nés au Canada qui restaient plus longtemps sur le marché du travail. D’ici 2031, environ 80 % de la croissance de la main-d’œuvre canadienne dépendra de l’immigration, car des cohortes plus importantes de Canadiens âgés prendront leur retraite et les niveaux de fertilité resteront inférieurs au seuil de remplacement. Bien que l'emploi des immigrants soit essentiel pour soutenir la croissance économique, pendant le confinement lié à la COVID-19, ce groupe a perdu des emplois à un rythme presque deux fois plus élevé que celui de leurs homologues nés au Canada.
Tendances de l’emploi avant la pandémie
Au cours des dix dernières années, le taux d'emploi des immigrants reçus a augmenté à un rythme beaucoup plus rapide que celui des travailleurs nés au Canada. De 2016 au début de 2020, l'emploi des immigrants reçus a augmenté de 18 %, alors que celui des personnes nées au Canada est resté essentiellement stable (voir figure 1). Cet écart peut s’expliquer en grande partie par les politiques d’immigration visant à recruter des talents à l’étranger afin de combler les pénuries de main-d’œuvre et de compétences.
Figure 1 : Niveau d’emploi selon le statut d’immigré, juin 2016 à juin 2020
Le taux de perte d'emploi chez les immigrants dépasse de loin celui des personnes nées au Canada – et a été plus lent à se rétablir
En raison de la fermeture d'entreprises depuis le début de la pandémie, l'emploi a fortement diminué tant parmi les immigrants que les personnes nées au Canada. De février à avril, l'emploi a diminué de 16 % (-700 000) pour les immigrants reçus et de 11 % (-1,25 million) pour les personnes nées au Canada (tous les chiffres ne sont pas désaisonnalisés). Avec la réouverture de l’économie dans les provinces, entre avril et juin, les travailleurs nés au Canada ont rapidement retrouvé des emplois (851 000 emplois, soit +9 %). L'emploi chez les immigrants reçus a également connu une reprise importante, mais à un rythme plus lent, augmentant de 271 900 emplois (+7%) au cours des deux derniers mois de données disponibles. Cumulativement, cela signifie qu'en juin, l'emploi des travailleurs nés au Canada s'est redressé à 96,5 % de son niveau de février, mais qu'il n'a retrouvé que 90,2 % du niveau observé avant le confinement pour les immigrants reçus.
À suivre
Étant donné que la perte d’emploi liée à la pandémie touche des secteurs précis, il faut se rappeler que les pertes d’emploi dépendent largement du type de travail effectué avant le confinement. Pour mieux comprendre la situation des travailleurs immigrés pendant la pandémie, il faut disposer de données plus granulaires.
Le CIMT s’efforce de fournir de l’information plus précise sur les effets de la COVID-19 sur l’emploi. Au cours des semaines et des mois à venir, nous publierons d’autres analyses et de nouvelles données au fur et à mesure qu’elles seront disponibles. Maintenant plus que jamais, nous devons veiller à ce que tous les Canadiens aient accès à de l’information actuelle et à des données granulaires pour éclairer la prise de décision concernant les nouveaux arrivants.
Bolanle Alake-Apata est économiste au CIMT. Son travail se concentre sur la recherche d’information sur le marché du travail à l’intention des nouveaux immigrants et des étudiants.