Entretiens avec des entrepreneurs noirs : qu’est-ce qui motive l’esprit entrepreneurial ?
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Février est le Mois de l’histoire des Noirs : une invitation à reconnaître, à célébrer et à saluer les grandes contributions des travailleurs et travailleuses noirs à l’édification de l’économie, des politiques et du marché du travail du Canada.
À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs 2024, nous vous proposons une série en trois parties dans laquelle nous retraçons l’histoire des entrepreneurs noirs au Canada, examinons ce que les sources officielles peuvent nous apprendre sur l’état de l’entrepreneuriat noir et nous discutons avec des entrepreneurs de la communauté noire au sujet de leurs expériences sur le marché de l’emploi.
Ce projet fait suite à notre série de 2023, dans laquelle nous nous sommes concentrés sur l’histoire des travailleurs noirs au Canada.
Troisième partie : Entretiens avec des entrepreneurs noirs : Qu’est-ce qui motive l’esprit entrepreneurial ?
Diversifiée, la population noire du Canada représente des origines, des ethnies, des expériences et des circonstances multiples. En 2021, la communauté noire représentait 4,3 % de la population et constituait le troisième plus grand groupe racisé du Canada.
En 2023, une étude du CIMT a révélé que les Canadiens noirs étaient surreprésentés dans les emplois précaires, temporaires et faiblement rémunérés, et sous-représentés dans les postes de direction bien rémunérés. Nous avons également constaté que, malgré les améliorations sur le marché du travail, les Canadiens noirs continuaient à connaître d’importantes disparités dans les taux d’emploi entre les groupes d’âge, ce qui révèle des problèmes systémiques sur le marché du travail.
Dans cet article, nous nous penchons sur les réalités du marché du travail pour les Noirs canadiens et nous entretenons avec dix entrepreneurs noirs pour savoir ce qui a influencé leur décision de lancer leur entreprise.
Les Noirs canadiens ont des taux de chômage plus élevé et des revenus plus faibles
La discrimination raciale pourrait être à l’origine de ces inégalités sur le marché du travail
La discrimination est un facteur déterminant dans la persistance des inégalités raciales sur le marché du travail.
Selon l’enquête nationale sur les Noirs canadiens (en anglais seulement), conçue pour étudier les expériences des Noirs dans tout le pays ainsi que les effets du racisme sur d’autres groupes non blancs, et largement considérée comme la première du genre, les Noirs canadiens considèrent les lieux de travail comme des lieux de discrimination raciale et d’iniquité (en anglais seulement). Un pourcentage alarmant de 75 % des Canadiens noirs déclarent non seulement avoir été confronté au racisme sur leur lieu de travail, mais le perçoivent comme un problème généralisé.
Cette perception s’étend au-delà de la communauté noire, puisque 70 % des autres cohortes non blanches considèrent le racisme au travail comme un problème sérieux ou grave, tandis que 56 % des Canadiens blancs estiment qu’il s’agit d’un problème mineur ou qu’il n’y a pas de problème.
En outre, 47 % des Noirs interrogés estiment avoir été victimes d’un mauvais traitement de la part d’un employeur en ce qui concerne l’embauche, le salaire ou la promotion au cours de l’année écoulée (contre 15 % pour l’ensemble de la population canadienne).
Les Noirs et les autres groupes racisés se tournent possiblement vers l’entrepreneuriat pour éviter ces conditions défavorables sur le marché du travail.1
Entretiens avec des entrepreneurs noirs : Les inégalités du marché du travail poussent les entrepreneurs à créer leur entreprise
Une méthode courante pour examiner les motivations entrepreneuriales est la théorie « push-pull » de l’entrepreneuriat (Gódány et coll., 2021), qui est largement acceptée pour expliquer pourquoi une personne se lance dans l’entrepreneuriat (Okeke-Ihejirika et coll., 2023).
Selon la théorie « push », les individus sont poussés à créer leur entreprise en réponse à des situations défavorables sur le marché du travail, tels que la perte d’un emploi ou la difficulté à en trouver un nouveau, ainsi qu’à l’insatisfaction que leur procure leur emploi actuel. En d’autres termes, la théorie suggère que les gens créent leur propre emploi lorsque cela s’avère nécessaire.
Les facteurs incitatifs comprennent « la nécessité de prévenir ou d’atténuer une situation indésirable ou le désir d’améliorer une activité ou une situation actuelle » (Bell et coll., 2023).
Si tous les entrepreneurs avec lesquels nous nous sommes entretenus n’ont pas le sentiment que les conditions défavorables du marché du travail ont motivé leur décision de créer une entreprise, certains ont déclaré que leur perception des situations négatives sur le marché du travail les a incités à se lancer dans l’entrepreneuriat.
Par exemple, Marci, une Canadienne de deuxième génération dont les parents ont immigré de Jamaïque au début des années 1980, a fondé une clinique de bien-être psychothérapeutique culturellement adaptée qui offre des services de conseil, de psychothérapie et de coaching pour les individus, les couples et les familles dans la région du Grand Toronto.
Selon Marci, c’est en partie le racisme anti-Noirs omniprésent dans d’autres établissements qui l’a incitée à ouvrir son cabinet:2
Quand j’ai obtenu mon diplôme et que j’ai voulu intégrer un cabinet existant, principalement pour bénéficier des avantages et de la sécurité d’un cabinet établi, j’ai été confrontée à un barrage de microagressions et de racisme anti-Noirs. Le racisme n’était pas nouveau pour moi, bien sûr, mais il est devenu si omniprésent que ma propre santé mentale a été compromise.
J’étais déterminée à créer un havre de paix, non seulement pour mes patients, mais aussi pour moi-même. J’ai donc décidé d’ouvrir mon propre cabinet. J’ai commencé en tant que propriétaire unique offrant des services de conseil et de psychothérapie, mais j’ai eu de la chance et j’ai pu développer mon activité pour en faire une clinique offrant des services plus complets.
De même, Rodney, qui a créé sa propre entreprise de conception de sites Web à Winnipeg au début de 2022, a raconté :
J’en avais assez de gérer toutes les microagressions, les compliments qui sont en fait des insultes et de sourire à des choses que j’aurais probablement traitées différemment à l’extérieur du bureau. C’était juste trop isolant, vous voyez? La vie est trop courte pour être en colère et mal à l’aise huit heures par jour. J’ai travaillé à une place où tout tournait autour d’un groupe soudé de « bons vieux amis » qui buvaient ensemble et ne faisaient que se promouvoir les uns les autres. C’était comme si… si vous ne faisiez pas partie de leur gang, vous n’aviez aucune chance d’avancer. Les promotions avaient l’air de se donner au bar au lieu d’être basées sur le travail réel. Ça a été ça pour moi. J’ai démissionné et j’ai créé ma propre entreprise de conception de sites web, où la diversité et la créativité sont réellement importantes.
Dwayne, dans la fin trentaine et vivant à Toronto, où il est l’heureux propriétaire de plusieurs studios d’enregistrement et emploie des ingénieurs de son et des directeurs de studio, a expliqué que sa motivation à se lancer dans l’entrepreneuriat provenait du désir de créer un environnement dans lequel il se sentirait vraiment accepté :
Je fais partie de la scène hip-hop et rap de la ville depuis toujours. La musique est ma passion, même si je ne suis pas artiste moi-même. L’ouverture de ces studios m’a semblé naturelle. Mais ce qui m’a vraiment poussé à le faire, c’est le sentiment persistant de ne pas être à ma place dans ces espaces à majorité blanche. J’avais beau essayer de changer de code ou de me conformer, ce n’était jamais assez. Je me suis donc dit : « Pourquoi se fatiguer? » Je voulais créer ma propre ambiance, m’entourer de personnes qui me comprennent vraiment, où je peux être moi, parler comme moi… être, tout simplement.
Les expériences de Marci, Rodney et Dwayne sont cohérentes avec les recherches qui montrent que les groupes raciaux et ethniques marginalisés sont souvent confrontés à des difficultés sur le marché du travail qui sont enracinées dans le racisme et conduisent à la discrimination, à la ségrégation des marchés du travail et à la dévaluation ou à la non-reconnaissance des diplômes étrangers (Okeke-Ihejirika et coll., 2023).
De ce point de vue, les individus peuvent être poussés vers l’entrepreneuriat en partie en raison des obstacles à la mobilité sur le marché du travail.
La thèse de la « mobilité entravée » envisage l’entrepreneuriat essentiellement comme une échappatoire au chômage, aux bas salaires ou aux perspectives incertaines ou limitées du marché du travail, une solution donnant aux « minorités », qui auraient autrement des perspectives d’emploi limitées, la possibilité de s’engager dans des activités économiques locales et de devenir des membres actifs de leur communauté » (Okeke-Ihejirika et coll., 2023, p. 3).3
Comme le rappellent les participants à notre recherche ainsi que les études existantes sur la question, l’entrepreneuriat et le travail indépendant « sont la promesse que la réussite professionnelle des individus dépendra de leurs propres qualités et efforts, et non des préjugés des autres… » (Piperopoulos, 2010, p. 142).
Au-delà de leurs expériences personnelles de racisme et de mobilité professionnelle entravée, de nombreux entrepreneurs à qui nous avons parlé ont reconnu les luttes collectives de leurs concitoyens noirs confrontés à des défis similaires. Ce constat a alimenté leur désir de surmonter leurs difficultés personnelles et de créer des occasions d’élever et de soutenir d’autres membres de la communauté noire aux prises avec des obstacles systémiques.
Par exemple, Kendra, une jeune mère de la Colombie-Britannique, a commencé son parcours entrepreneurial en créant une ligne de poupées et d’accessoires pour bébés noirs.
Inspirée par ses filles, l’entreprise de Kendra était au départ un moyen pour elle de célébrer la beauté noire et de gagner un peu d’argent tout en restant à la maison avec ses jeunes enfants, mais elle s’est rapidement transformée en une occasion de créer un environnement de travail plus inclusif et plus favorable pour tous :
Je ne voyais pas cette activité comme une occupation secondaire, mais comme un moyen de faire quelque chose pour moi, quelque chose qui me permette d’utiliser ma créativité et mon énergie tout en continuant d’être une mère au foyer à temps plein.
Inspirée par la beauté de mes propres filles, la création d’une ligne de poupées et d’accessoires pour bébés noirs est devenue ma matrice. Je voulais qu’elles se voient dans des jouets, des poupées qui leur ressemblent. Les ventes en ligne ont tout de suite été assez bonnes, mais les choses ont vraiment commencé à s’accélérer quand nous nous sommes lancés sur le marché américain.
Je me suis aperçue qu’il ne s’agissait pas seulement de poupées, mais aussi d’une occasion de créer un environnement de travail que j’aurais aimé avoir à l’époque où je travaillais en entreprise.
J’ai l’impression d’avoir été confrontée à ma part de racisme, de silence et d’oubli dans le passé, et j’ai saisi l’occasion de créer un meilleur environnement pour les autres. C’est pourquoi, au moment d’embaucher un graphiste pour notre emballage et notre image de marque et un spécialiste du commerce électronique pour notre présence en ligne, il était très important pour moi d’offrir à d’autres professionnels noirs la possibilité de s’épanouir dans un espace où ils pourraient apporter leur entièreté et leur beauté créative au travail. Il s’agit désormais de créer quelque chose non seulement pour mes filles, mais aussi pour tous ceux et celles qui ont besoin de voir leur valeur et leur potentiel se refléter en eux.
De même, A. J., un immigrant haïtien qui s’est installé à Montréal au milieu des années 1990, a été confronté à un racisme persistant sur son lieu de travail jusqu’à ce qu’il décide de prendre son destin en main en créant une société de transport.
Selon A.J., sa prise de conscience des difficultés rencontrées par les jeunes hommes noirs sur le marché du travail l’a incité à trouver des solutions pour les aider à s’épanouir et à prendre leur destin en main :
J’ai dû faire face à d’énormes difficultés : propriétaires racistes refusant de loger des Haïtiens, chômage, harcèlement policier. Personne ne voulait me donner une chance, me donner un coup de pouce – et ceux qui le faisaient voulaient m’exploiter, en me faisant travailler plus durement que n’importe qui d’autre, en se disant, « le Noir va le faire ».
Créer ma propre entreprise n’était pas seulement pour moi, ma famille, mes fils; c’est une sorte de mission pour offrir des opportunités aux jeunes hommes noirs. Il s’agissait de lancer une bouée à ceux et celles qui luttent pour avoir une chance équitable. Il ne s’agit pas seulement de leur donner un emploi, mais de leur montrer leur valeur dans une société qui tente souvent de la réduire.
Entretiens avec des entrepreneurs noirs : Des occasions d’affaires poussent de nombreux entrepreneurs à créer leur propre entreprise
Comme le montrent d’autres recherches dans ce domaine, notre étude constate que certains entrepreneurs n’ont pas eu l’impression d’avoir été « poussés » vers l’entrepreneuriat. Ils se sont plutôt sentis « attirés » par le désir et la capacité de fournir des biens ou des services ethniques ou culturels.
La théorie de l’attraction (motivations axées sur les occasions), contrairement aux théories de la motivation par pression, suggère que les individus sont attirés par les activités entrepreneuriales en raison d’occasions d’affaires attrayantes et viables dans l’environnement externe (Gódány et coll., 2021).
Dans ce contexte, « […] les entrepreneurs connaissant bien les besoins et traditions propres aux consommateurs d’une communauté sont attirés par l’entrepreneuriat et le travail indépendant. Ils investissent des marchés de niche, saturés, qui nécessitent un faible capital financier ou humain et qui sont largement ignorés par les grandes entreprises de détail en raison de problèmes de sécurité ou du faible pouvoir d’achat des zones “minoritaires” peu attrayantes et pauvres » (Piperopoulos, 2010, p. 143).
Les besoins, goûts et préférences culturels ou ethniques pour des biens et services particuliers génèrent des demandes uniques de la part des consommateurs et des occasions d’affaires que les membres du groupe peuvent satisfaire.
Par exemple, motivée par la conviction que la nécessité est la mère de l’invention, Remona, une femme d’origine guyanaise et coiffeuse de métier, a observé un manque pour répondre aux besoins de la communauté noire : l’absence de produits capillaires adaptés aux piscines. Elle a décidé de combler ce manque en créant un produit et en le commercialisant en ligne. Elle a déclaré :
Pour moi, c’est un peu comme l’achat local : si vous faites vos achats au sein de votre communauté, il y a plus de chances que quelqu’un de la communauté sache ce que vous voulez ou ce dont vous avez besoin. J’ai reconnu un besoin parce que j’en ai moi-même fait l’expérience. C’est vraiment bien de pouvoir offrir à ma communauté quelque chose dont elle a réellement besoin.
De même, Keith, un Canadien de deuxième génération ayant des racines à la Barbade, est fier d’être le propriétaire et l’exploitant d’un club qui propose des leçons de patinage et de hockey et qui s’adresse principalement à la communauté noire.
L’idée lui est venue de sa propre expérience. Keith, après avoir reçu des patins de son oncle pour Noël, a appris tout seul à patiner et à jouer au hockey. Aujourd’hui, il s’efforce de rendre ces activités accessibles.
Conscient que de nombreux parents des communautés immigrées et mal desservies n’ont peut-être pas les connaissances nécessaires pour enseigner ces compétences à leurs enfants, Keith est déterminé à offrir aux gens la possibilité d’apprendre à jouer au hockey et à patiner. Il croit sincèrement que ces activités revêtent une grande importance culturelle au Canada et met tout en œuvre pour les rendre accessibles à tout le monde :
J’ai appris à mon fils à patiner et à jouer au hockey, mais je ne pouvais pas ignorer l’idée largement répandue que ces activités – et beaucoup de sports d’hiver – n’étaient en quelque sorte pas destinées aux personnes de couleur. Ça m’a frappé, vous voyez, quand j’ai réalisé en parlant avec des amis d’enfance qui n’avaient jamais acquis ces compétences, que beaucoup de parents ne pouvaient pas les apprendre à leurs enfants. J’ai donc vu l’occasion de créer un espace où les enfants ne seraient pas les seuls Noirs ou enfants de couleur. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative, parce que, au fond, pourquoi pas ?
De même, Kwasi et Koko, un jeune couple marié originaire du Ghana qui s’est installé dans une petite communauté ghanéenne en pleine expansion en Nouvelle-Écosse, ont entamé leur parcours entrepreneurial motivés par une simple envie : le goût de la maison (surtout le ragoût d’épinards).
Déçus par le manque d’options offrant les saveurs authentiques du Ghana, ils ont décidé de créer un endroit où eux et d’autres membres de la communauté pourraient savourer les plats riches et traditionnels qui leur manquaient. Koko a raconté :
C’est la nostalgie des saveurs familières des plats ghanéens préparés à la maison qui nous a poussés à ouvrir ce restaurant. Nous avons été inspirés par l’idée de créer un espace où notre communauté pourrait se retrouver; nous nous sommes donc lancés dans la restauration. Sachant que ces plats manquaient à d’autres membres de notre communauté, nous avons vu une occasion non seulement de satisfaire leurs envies et leurs appétits, mais aussi de créer une entreprise qui pourrait générer des revenus tout en favorisant un sentiment d’appartenance culturelle pour tout le monde, y compris nos enfants, dans notre foyer d’adoption en Nouvelle-Écosse.
Dans la littérature sur l’entrepreneuriat et l’économie des petites entreprises, l’identité raciale et ethnique des entrepreneurs et des propriétaires de petites entreprises a joué un rôle important dans la compréhension des parcours vers l’entrepreneuriat et le regroupement des entreprises dans des enclaves, des créneaux de marché et des ressources collectives (Orozco, 2022).
Les récits de Remona, Keith, Kwasi et Koko illustrent, conformément à la littérature existante, comment les entrepreneurs peuvent tirer parti de leur connaissance des préférences ethniques et culturelles uniques, ainsi que des goûts et des besoins de leurs communautés. En d’autres termes, « … les propriétaires d’entreprise peuvent pénétrer les marchés protégés lorsqu’ils possèdent une connaissance approfondie des goûts particuliers, fondés sur la culture, des membres de leur communauté en fournissant des services en tant qu’intermédiaires ou courtiers sur les marchés traditionnels » (Orozco, 2022, p. 245).
Vers un marché du travail plus inclusif
Les histoires des entrepreneurs avec lesquels nous nous sommes entretenus illustrent la diversité des motivations et des aspirations du paysage entrepreneurial noir au Canada.4
Si certains entrepreneurs sont motivés par leur expérience personnelle du racisme et des obstacles à la mobilité sur le marché du travail, d’autres sont attirés par la possibilité de combler des manques au sein de leur communauté, en proposant des produits et des services culturellement adaptés. Ces facteurs d’attraction et de pression qui influencent les entrepreneurs noirs témoignent de la résilience, de la créativité et de l’esprit communautaire qui façonnent leurs entreprises.
En évoluant dans le milieu entrepreneurial, ces entrepreneurs ne recherchent pas seulement la réussite personnelle, mais visent également à autonomiser et à élever leurs communautés en créant des espaces où chacun, quelle que soit sa couleur de peau, peut voir sa valeur reflétée et célébrée.
La volonté de répondre aux besoins ignorés et de parvenir à une représentation culturelle et à un rapprochement avec les communautés constitue le fondement des efforts de ces entrepreneurs et contribue à un environnement commercial canadien plus inclusif et plus dynamique.
Notes
1 Il est important de noter que l’on sait très peu de choses sur l’entrepreneuriat chez les Noirs au Canada. Aucune étude portant sur les entrepreneurs noirs à travers le Canada n’a été réalisée à ce jour. Les études existantes portent essentiellement sur d’autres groupes d’immigrants, tels que les personnes d’origine chinoise, juive, coréenne et indienne d’Asie dans les trois principales villes « portes d’entrée » du Canada, à savoir Montréal, Toronto et Vancouver (Okeke-Ihejirika et coll., 2023).
2 Il est important de noter que si la motivation d’un individu influence considérablement son comportement, elle ne doit pas être considérée comme le seul facteur déterminant.
3 Le CIMT préfère le terme « populations mal desservies » car il reconnaît la diversité au sein des différents groupes ethniques ou culturels et évite les connotations négatives potentielles associées au terme « minorités ». Nous nous engageons à promouvoir un langage qui respecte la richesse de la diversité et favorise l’inclusion.
4 Bien que des recherches antérieures aient démontré les effets des influences socioculturelles sur la motivation entrepreneuriale, en particulier à l’intersection du genre et de la race (Smith, 2017), plusieurs entrepreneurs que nous avons interrogés étaient principalement motivés par le désir de rentabilité et la possibilité de travailler pour eux-mêmes. Il est essentiel de reconnaître que les facteurs de pression et d’attraction dont il est question ici ne sont pas les seules motivations des Canadiens noirs à s’aventurer dans l’entrepreneuriat. Tout comme leurs homologues de toutes les origines ethniques du pays, les raisons qui les poussent à créer une entreprise sont diverses et multiformes.
Références
Bell, M., Thach, L., & Fang, F. (2023). Examining motivations and challenges of black wine entrepreneurs using the push–pull theory of entrepreneurship. International Journal of Wine Business Research.
Gódány, Z., Machová, R., Mura, L., & Zsigmond, T. (2021). Entrepreneurship motivation in the 21st century in terms of pull and push factors. TEM Journal, 10(1), 334.
Okeke-Ihejirika, P. E., Nkrumah, A., Amoyaw, J., & Otoo, K. (2023). Black entrepreneurship in Western Canada: The push and pull factors. Journal of Global Entrepreneurship Research, 13(1), 17.
Orozco, M. (2022). The salience of ethnic identity in entrepreneurship: An ethnic strategies of business action framework. Small Business Economics, 59(1), 243-268.
Piperopoulos, P. (2010). Ethnic minority businesses and immigrant entrepreneurship in Greece. Journal of Small Business and Enterprise Development, 17(1), 139-158.
Suzanne Spiteri est sociologue et possède plusieurs années d’expérience dans l’analyse qualitative des données ainsi que dans les méthodes d’analyse mixtes. Elle dirige les projets portant sur le resserrement du marché du travail et la situation professionnelle des groupes sous-représentés.