Revenus des diplômés postsecondaires : combien la cohorte de 2010 gagne-t-elle?
Les revenus à jour de la cohorte de diplômés postsecondaires de 2010
Decembre 2021
Table des matières
Introduction
En janvier 2020, le Conseil de l’information sur le marché du travail (CIMT) et l’Initiative de recherche sur les politiques de l’éducation (IRPE) ont publié un rapport conjoint sur les revenus en début de carrière des diplômés postsecondaires canadiens de 2010 (voir l’encadré 1).
Ce rapport de suivi reprend la méthodologie présentée dans Finnie et al., 2019 et met à jour les données pour inclure des informations sur une année supplémentaire de revenus pour la cohorte de diplômés de 2010. Les données couvrent désormais huit années de revenus post-diplôme, de 2011 à 2018.
Les résultats indiquent que, bien que les revenus des diplômés collégiaux et universitaires continuent d’augmenter chaque année, la croissance la plus importante s’est produite au début, et elle a ralenti au cours des années suivantes. Les données actualisées montrent également que l’écart de revenus entre les femmes et les hommes se creuse au fil du temps, tandis que l’écart entre les étudiants étrangers et canadiens se réduit.
Nous avons également mis à jour notre tableau de bord des revenus des diplômés postsecondaires en y ajoutant deux nouvelles cohortes de diplômés (2015 et 2016) et trois années supplémentaires de revenus après l’obtention du diplôme (2016, 2017 et 2018).
Ce rapport se concentre sur la cohorte de diplômés de 2010, qui offre la plus longue période d’observation des revenus après la fin des études.
Pour en savoir plus sur notre approche analytique, veuillez consulter la section 3.0 de notre rapport précédent.
Dans notre précédent rapport conjoint avec l’Initiative de recherche sur les politiques de l’éducation et dans d’autres productions connexes, nous avons exploité la Plateforme longitudinale entre l’éducation et le marché du travail, qui nous a permis d’étudier tous les diplômés collégiaux et universitaires des établissements d’enseignement postsecondaire publics canadiens de 2010 à 2014 en utilisant les données anonymisées du Système d’information sur les étudiants postsecondaires.
Le rapport conjoint portait sur les diplômés de 2010 dont les revenus d’emploi annuels étaient dérivés des fichiers des familles T1 associés. À l’époque, les données fiscales étaient disponibles pour cinq années consécutives, jusqu’en 2015. L’analyse a été présentée par sanction d’études, puis par domaine d’études au sein de chaque sanction, ainsi que par genre et par statut d’étudiant étranger ou canadien.
Comme toute source de données, la plateforme a ses limites. Elle ne contient pas d’informations sur les professions exercées, les caractéristiques précises des emplois, les heures et les semaines de travail, ni de comparaisons avec des groupes de personnes n’ayant pas suivi de formation ou d’études postsecondaires. Elle ne contient pas non plus suffisamment d’informations pour calculer le retour sur investissement de la scolarité.
La croissance des revenus au cours des cinq premières années suivant l’obtention du diplôme est élevée, mais ralentit au fil du temps
Notre rapport précédent indiquait que, bien que les revenus varient selon la sanction d’études, les revenus moyens des diplômés postsecondaires de 2010 sont passés de 42 800 $ à 59 100 $ au cours des cinq premières années suivant l’obtention du diplôme (2011 à 2015), soit une augmentation de 8,4 % par année (38 % au total). Au cours de la même période, les Canadiens du même groupe d’âge (22 à 28 ans en 2010), avec et sans études postsecondaires, ont connu une croissance des revenus moyens de 5,6 % par année (24 % au total).
Au cours des trois années suivantes (2016 à 2018), les revenus des diplômés postsecondaires de 2010 ont continué de croître, mais à un rythme plus lent (voir la figure en annexe), pour atteindre 66 200 $ en 2018. Dans l’ensemble, entre 2011 et 2018, les revenus de ces diplômés ont augmenté en moyenne de 6,4 % par an, soit une augmentation de près de 55 % en huit ans.
Comme le montre la figure 1, entre un et huit ans après l’obtention du diplôme, les titulaires de grade professionnel sont ceux qui ont vu leurs revenus augmenter le plus, avec une hausse de 65 % au total (de 68 300 $ à 113 000 $), suivis des détenteurs de baccalauréat, avec 64 % (de 40 800 $ à 66 900 $). Les titulaires de doctorat ont connu une augmentation de 60 % (de 59 900 $ à 95 600 $). Les détenteurs de diplôme d’études collégiales ont vu leurs revenus augmenter de 50 % (de 34 400 $ à 51 400 $), tandis que les titulaires de certificat d’études collégiales et de maîtrise ont connu une hausse de 40 % (de 35 600 $ à 49 900 $ et de 64 900 $ à 90 800 $).
Les diplômés qui ont connu la plus forte croissance moyenne de revenus entre la cinquième et la huitième année sont ceux qui ont obtenu un doctorat, avec une augmentation de 16 %. Les titulaires de certificat d’études collégiales ont connu la croissance moyenne la plus faible, soit 6 %.
Figure 1 : Les revenus continuent d’augmenter huit ans après l’obtention du diplôme. Les titulaires de grade professionnel ont connu la croissance la plus importante, tandis que les détenteurs de maîtrise ont connu la croissance la plus faible
L’écart de revenus entre les genres continue de se creuser
Dans un Rapport de perspectives de l’IMT paru en 2020, nous avons constaté que, dans l’ensemble, les femmes diplômées de l’éducation postsecondaire gagnent beaucoup moins que leurs homologues masculins, à commencer par un écart de 12 % l’année suivant l’obtention du diplôme.
Cet écart de revenus augmente de façon régulière jusqu’à 25 % en cinq ans. Les données les plus récentes révèlent que cette tendance se poursuit dans le temps, pour atteindre une différence de revenus moyens de 30 % (24 100 $) en huit ans (figure 2).
Figure 2 : L’écart de revenus entre les femmes et les hommes s’accroît chaque année après l’obtention du diplôme, même en tenant compte des différences dans la proportion de diplômés par sanction et domaine d’études
Remarque : L’écart de rémunération (représenté par la ligne violette) est calculé en divisant les revenus des femmes corrigés en fonction de la représentation masculine par les revenus des hommes. Les revenus des femmes corrigés en fonction de la représentation sont calculés en prenant la moyenne pondérée des revenus des femmes selon les proportions des hommes dans toutes les combinaisons de domaines et de sanctions d’études.
Étant donné le manque d’information sur les caractéristiques de la profession exercée ou de l’emploi, les heures et les semaines de travail et d’autres facteurs, nous ne sommes pas en mesure d’explorer pleinement les déterminants de l’écart de rémunération entre les genres ou entre les diplômés canadiens et étrangers. Pour en savoir plus sur la manière d’interpréter ces disparités, veuillez consulter l’encadré 2 à la page 57 de notre précédent rapport IRPE-CIMT.
Notons qu’une partie de cet écart de revenus découle des sanctions et domaines d’études que les femmes ou les hommes sont plus susceptibles de poursuivre.
Par exemple, les hommes représentent la majorité des titulaires de baccalauréat (82 %) dans les domaines associés à des revenus relativement élevés comme l’architecture, l’ingénierie et les technologies connexes (domaines dont le revenu moyen est de 94 400 $ huit ans après l’obtention du diplôme).
Les femmes, elles, sont plus susceptibles que les hommes d’obtenir un baccalauréat en éducation (75 %), ce qui tend à être associé à des revenus plus faibles (avec des revenus moyens de 52 600 $ huit ans après).
Pour tenir compte de cette réalité, nous avons calculé un scénario de revenus qui suppose que les femmes s’inscrivent dans les mêmes domaines d’études et dans les mêmes proportions que les hommes (voir la ligne violette de la figure 2).
Si l’on tient compte de cette répartition hypothétique selon les sanctions et domaines d’études, l’écart de revenus observé est réduit d’environ 3 000 $ par an. Malgré cela, il reste important et la tendance est inchangée : le fossé entre les hommes et les femmes se creuse chaque année après l’obtention du diplôme, tant dans l’ensemble qu’au sein d’un même domaine d’études.
La figure 3 présente également l’écart de revenus entre les hommes et les femmes pour l’ensemble des six sanctions d’études, tous domaines d’études confondus. Huit ans après l’obtention du diplôme, l’écart de revenus le plus important entre les hommes et les femmes concerne les diplômés de la maîtrise, tandis que l’écart le plus faible concerne les diplômés du doctorat.
Figure 3 : L’écart de revenus le plus important entre les hommes et les femmes concerne les titulaires de maîtrise, tandis que l’écart le plus faible concerne les titulaires de doctorat
Le tableau 1 (ci-dessous) va plus loin en montrant le domaine d’études où les écarts de revenus entre les hommes et les femmes sont les plus importants pour chaque sanction d’études.
Les femmes sont surreprésentées parmi les titulaires de certificats et de diplômes d’études collégiales en éducation et parmi les titulaires de grades professionnels en santé et domaines connexes, mais elles gagnent respectivement 46 %, 40 % et 30 % de moins que les hommes.
Parmi les autres domaines d’études présentant des écarts importants entre les genres pour les titulaires de baccalauréat, citons l’agriculture, la conservation et les ressources naturelles, avec un écart de rémunération de 33 %. Chez les titulaires de maîtrise et de doctorat en affaires, gestion et administration publique, l’écart est de 35 % et 24 %, respectivement.
Tableau 1 : Dans certains domaines d’études où les femmes sont surreprésentées, les diplômées gagnent nettement moins que leurs homologues masculins huit ans après l’obtention de leur diplôme.
Sanction d’études postsecondaires | Domaine d’études | Proportion de femmes | Hommes ($) | Femmes ($) | Différence ($) | Différence (%) |
Certificat d’études collégiales | Éducation | 87 % | 63 400 | 33 900 | –9 500 | –46 % |
Diplôme d’études collégiales | Éducation | 80 % | 64 300 | 38 800 | –25 500 | –40 % |
Maîtrise | Affaires, gestion et administration publique | 49 % | 137 900 | 90 100 | –47 800 | –35 % |
Baccalauréat | Agriculture, conservation et ressources naturelles | 50 % | 74 100 | 49 600 | –24 500 | –33 % |
Grade professionnel | Santé et domaines connexes | 66 % | 129 100 | 91 000 | –38 100 | –30 % |
Doctorat | Affaires, gestion et administration publique | 46 % | 154 300 | 117 800 | –36 500 | –24 % |
Principaux écarts de revenus entre les hommes et les femmes par sanction et domaine d’études huit ans après l’obtention du diplôme.
Remarque : Les écarts de revenus indiqués dans le tableau 1 sont calculés en divisant les revenus des femmes moins les revenus des hommes par les revenus des hommes.
Les diplômés étrangers rattrapent lentement leur retard
Dans un précédent Rapport de perspectives de l’IMT nous avons également examiné les différences de revenus entre les diplômés canadiens et étrangers qui sont restés au Canada après avoir terminé leurs études.
Nous avons constaté que l’écart de revenus diminuait avec le temps, passant de 21 % un an après l’obtention du diplôme à 9 % cinq ans plus tard. Après huit ans, l’écart s’était réduit à 7,2 %, soit une différence de 4 800 $ par année (figure 4).
Figure 4 : L’écart de revenus entre les diplômés étrangers et canadiens diminue chaque année après l’obtention du diplôme
Remarque : Dans la figure 4, les écarts de revenus sont calculés en divisant les revenus des diplômés étrangers moins les revenus des diplômés canadiens par les revenus des diplômés canadiens.
Bien qu’il existe des écarts de revenus importants entre les diplômés étrangers et canadiens, dans l’ensemble, ces écarts sont plus faibles que ceux observés entre les hommes et les femmes.
Huit ans après l’obtention de leur diplôme, les diplômés étrangers titulaires d’un certificat d’études collégiales gagnaient en moyenne plus que leurs homologues canadiens (13 %). L’écart entre tous les autres détenteurs de sanctions d’études varie de 3,8 % pour le doctorat à 16,5 % pour la maîtrise, où les étudiants étrangers gagnent moins que les Canadiens (l’écart pour les titulaires de grades professionnels n’est pas pris en compte en raison du nombre de cas insuffisant pour les étudiants étrangers).
Analysés par domaine d’études, les titulaires étrangers de diplôme d’études collégiales ont connu les écarts de revenus suivants par rapport à leurs homologues canadiens huit ans après l’obtention de leur diplôme :
- Les titulaires de diplôme d’études collégiales en architecture, ingénierie et technologies connexes ont connu un écart de revenu de 14 %.
- Les titulaires de baccalauréat en affaires, gestion et administration publique ont connu un écart de 25 %.
- Les titulaires de maîtrise en affaires, gestion et administration publique ont connu un écart de 34 %.
- Les titulaires de doctorat en sciences physiques, sciences de la vie et technologies ont connu un écart de 18 %.
Les données par domaine d’études sont manquantes pour les certificats d’études collégiales et les grades professionnels en raison de la taille de l’échantillon.
La voie à suivre
Nous continuerons de mettre à jour nos deux tableaux de bord connexes, l’un pour les diplômés postsecondaires et l’autre pour les titulaires d’un certificat de métier, afin que ces données soient accessibles à un large éventail de parties intéressées – étudiants, parents, décideurs – et au grand public canadien.
Notre objectif est d’offrir des informations actuelles et pertinentes pour aider les Canadiens à prendre des décisions en matière d’éducation et de formation. Dans le cadre de notre projet conjoint avec le Centre des Compétences futures, nous transférerons ces données dans notre dépôt de données ouvert situé sur le nuage informatique.
Les données de la PLEMT fournissent des indications précieuses sur les revenus annuels moyens des diplômés et des titulaires de certificat. Elles permettent aux chercheurs et à d’autres personnes de suivre l’évolution des revenus après l’obtention d’un diplôme selon plusieurs dimensions (par exemple, selon le genre, le domaine d’études ou encore le métier). Toutefois, comme nous l’avons mentionné précédemment, les données présentent actuellement des lacunes – notamment en ce qui concerne les heures travaillées et les professions exercées – qui limitent notre capacité à expliquer pleinement les différences dans les modèles et les trajectoires de revenus. Certaines de ces lacunes seront comblées par des recherches futures, avec l’ajout régulier de nouveaux ensembles de données et de liens.
Remerciements
Ce Rapport de perspectives de l’IMT a été préparé par Zoe Rosenbaum et Behnoush Amery.
Nous tenons à remercier l’IRPE d’avoir dirigé la production du premier rapport, en 2019, et d’avoir fourni le code Stata pour le présent rapport. Nous saluons la rétroaction et les commentaires constructifs de Tracey Leesti et de Sylvie Gauthier (Statistique Canada).
Pour de plus amples informations sur ce rapport, veuillez communiquer avec Behnoush Amery, économiste principale, à behnoush.amery@lmic-cimt.ca, ou Tony Bonen, directeur de la recherche, des données et de l’analytique, à tony.bonen@lmic-cimt.ca.